Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/346

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naître, j’en suis fâché[1]. Adieu, mon ami ; jouissez de la satisfaction d’avoir exécuté le plus bel ouvrage en ce genre qui soit en Europe, et jouissez-en longtemps. Je vous salue, et vous embrasse de tout mon cœur.

N’allez pourtant pas imaginer que je parlerai d’abord de votre ouvrage, en remettant le pied en France. Il se passera plus de quinze jours avant que j’aie épuisé ce que j’ai à dire de la grande souveraine ; et ce n’est pas trop. Quelle femme, mon ami ! Quelle étonnante femme ! Mais vous le savez aussi bien que moi ; nous n’avons rien à nous apprendre là-dessus. Elle a bien raison de se laisser approcher, car plus on la voit de près, plus elle y gagne. Adieu, adieu ; j’attends toujours ce redoutable hiver : il viendra apparemment.

FIN DES LETTRES A FALCONET.



  1. Le pauvre et honnête garçon, avili, sans pain, voulant aller vivre ailleurs qu’à Pétersbourg, venait me dire ses chagrins ; puis, s’abandonnant à la crapule, il était loin de deviner ce qu’il gagnerait à mourir. On lit sur sa pierre sépulcrale qu’il était un grand homme. Il est donc certain qu’en Russie, et dans la peinture, d’un dessinateur, copiste assez exact et peintre sans génie, on sait faire un grand homme après sa mort. L’impératrice avait voulu l’encourager ; mais enfin il eut une belle épitaphe. (Falconet.)