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sure que l’eau y diminue, non de l’eau du réservoir I, qui est derriere elles, mais d’une autre dont nous parlerons tout à l’heure. Quand on s’apperçoit que la matiere contenue dans les chaudieres G, G, est cuite, ce que l’on reconnoît à sa transparence & à son écume blanche, on la renvoye, soit par un canal, soit autrement, des chaudieres G, G, dans huit cuves M, M, M, M, &c. où elle reste pendant trois jours : au bout de trois jours on prend avec des écopes l’eau qui lui surnage dans les cuves M, M, M, M, &c. on la jette sur les canaux r, r, r, r, qui la conduisent dans les cuves p, p, où il ne reste plus qu’un sédiment qu’on prend avec des seaux, & qu’on remet dans les deux chaudieres du milieu ou d’affinage n, n. A mesure que la matiere diminue dans les chaudieres n, n, on les remplit avec d’autre eau claire. Quand la matiere tirée des chaudieres M, M, M, en une espece de pâte, & portée dans les chaudieres d’affinage n, n, est entierement fondue ou dissoute, on la décharge par un petit canal dans les tonneaux o, o, o, o, où elle crystallise. Les chaudieres G, G, ont cinq piés de largeur, deux & demi de hauteur du côté du bouchon ; de l’autre côté deux piés, & neuf piés de longueur. Les tonneaux, o, o, o, ont trois piés de diametre sur six de hauteur. On laisse la matiere dans les tonneaux pendant neuf jours en automne, & pendant douze jours en hyver, sans y toucher, crainte de tout gâter. Le tonneau tient 2500. Quant aux chaudieres G, G, qu’on appelle chaudieres à éclaircir, on les remplit à mesure que l’eau y diminue avec de l’eau mere : on entend par eau mere, celle qui s’éleve à la surface des cuves, M, M, M, &c. pendant que l’eau y séjourne ; on prend cette eau dans les cuves p, p, avec des seaux, & on la renvoye, selon le besoin, des cuves p, p, dans les chaudieres à éclaircir G, G. C’est ce que font les deux fig. 1. 2. dont l’une prend dans la cuve p, & l’autre jette sur les canaux de renvoi q, q, qui se rendent aux deux chaudieres à éclaircir G, G, qu’on entretient toûjours avec moitié de l’eau des cuves p, p, & moitié de l’eau du réservoir I. Les fours sont de la longueur de la chaudiere ; leur hauteur est coupée en deux par un grillage dont les barres ont trois pouces d’équarrissage, & cinq piés de longueur ; il y en a cinq en longueur, & trois en travers. Ce grillage ne s’étend qu’à la moitié de la capacité du four ; c’est sur lui qu’on met la houille ; il faut toutes les 24 heures deux tombereaux de houille pour les quatre fourneaux. Ces tombereaux ont six piés de long, sur trois de large & trois de haut.

Il est bon d’observer que les chaudieres étant de plomb, il faut qu’elles soient garanties de l’action du feu par quelque rempart ; ce rempart, c’est une grande plaque de fonte d’un pouce d’épaisseur H, H, H, qui couvre le dessus des fourneaux. Voyez la Planche 3. de Minéralogie. On voit, Planche de la couperose, une coupe du fourneau ; A, porte du fourneau ; B, B, porte du cendrier ; C, C, la grille ; D, D, D, D, coupe de la chaudiere ; H, H, la cheminée ; I, K, L, hotte & tuyau de la cheminée.

On fait aussi de l’alun en France, proche les montagnes des Pyrénées.

L’alun est composé d’un acide qui est de la nature de l’acide vitriolique, puisque quand il est joint avec l’alkali du tartre, il donne un tartre vitriolé, comme feroit l’acide tiré du vitriol même. Cet acide, pour former l’alun, est uni à une terre qui est une espece de craie ; cette terre est particuliere, & semble tenir de la nature des matieres animales calcinées. L’alun donne par la décomposition quelque chose d’urineux, qui vient le plus souvent de l’urine dont on se sert pour le clarifier quand on le fabrique. D’ailleurs, l’alun pourroit donner un alkali

volatil urineux, indépendamment de cette urine, parce qu’il contient un peu de bitume, qui combiné avec la terre de l’alun, peut donner un alkali volatil ; ce qu’on doit inférer des expériences que M. Malouin a rapportées à l’Académie en 1746. en donnant l’analyse des eaux minérales de Plombieres. C’est de lui que nous tenons le reste de cet article.

L’alun est un remede qui, étant mis en œuvre avec les précautions & la prudence nécessaires, appaise & guérit toutes les hémorrhagies en général, tant internes qu’externes. On peut donc s’en servir dans l’écoulement du sang, causé par l’ouverture de quelques vaisseaux dans les premieres voies ; dans le saignement de nez ; dans les crachemens & vomissemens de sang ; dans le flux des urines ensanglantées, & des hémorrhoïdes ; dans toutes les pertes de sang qui arrivent aux femmes, en quelque tems qu’elles leur surviennent, pendant leur grossesse, & après l’accouchement.

Enfin l’alun n’est pas moins efficace dans les hémorrhagies qui auroient été causées par un coup de feu, ou par quelque instrument tranchant, par quelque chûte, ou quelque coup de tête violent ; & dans celles même qui seroient la suite de quelques ulceres rongeans & invétérés.

La maniere dont agit l’alun est très-douce : on n’éprouve lorsqu’on en prend, d’autre changement dans le corps, que quelques maux de cœur légers : mais ils durent très-peu, & ne vont jamais jusqu’à faire vomir avec effort.

Quelques-uns prétendent qu’il est dangereux d’arrêter le sang par l’usage des astringens ; préjugé d’autant plus mal fondé à l’égard de l’alun, qu’il est détruit par l’expérience. Ce remede n’entraîne jamais de suite fâcheuse, pourvû néanmoins que les vaisseaux aient été suffisamment desemplis, ou par les pertes, ou par les saignées ; c’est au Medecin à en décider. Le Medecin ne l’employera jamais dans les hémorrhagies critiques, ni dans les fievres violentes : c’est pourquoi il est toûjours nécessaire de consulter le Medecin sur son usage.

Au reste, la maniere d’en user doit être variée, ainsi que le régime, selon les différens tempéramens, & les différentes hémorrhagies.

La dose est depuis trois grains, jusqu’à un demi-gros, incorporé avec un peu de miel rosat. M. Malouin a trouvé que le cinabre joint à l’alun, faisoit réussir mieux ce remede, surtout lorsqu’il s’agit de calmer les nausées, &c. Ce Medecin fait entrer un grain de cinabre naturel dans chaque prise d’alun. Voyez sa Chimie Médicinale. On donne l’alun dans les grandes hémorrhagies pressantes, de deux heures en deux heures, & nuit & jour. Lorsque les hémorrhagies seront moins vives, on le donnera de trois ou de quatre heures en quatre heures, & le jour seulement, si la chose n’est pas pressante.

Lorsque la perte de sang sera arrêtée, ce qui arrive ordinairement après la huitieme ou dixieme prise, on diminuera insensiblement pendant un mois l’usage de l’alun.

Les femmes ont quelquefois des pertes de sang extraordinaires, ou sont sujettes à en évacuer tous les mois en telle abondance, qu’elles s’en trouvent considérablement affoiblies.

Dans la vûe de modérer ces pertes sans les arrêter, on leur fera prendre le matin à jeun un demi-gros d’alun sept ou huit jours de suite avant le tems de l’évacuation ; elles continueront cette pratique pendant cinq ou six mois, sans quoi elles courent risque de devenir sujettes aux pertes blanches, qui peuvent devenir d’autant plus dangereuses, qu’elles sont quelquefois suivies de skirrhes ou d’ulceres.

Deux observations générales doivent être rapportées à toutes les especes de pertes de sang dont nous