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fois. Ce poisson se tient caché dans le sable, & se nourrit de petits poissons qu’il attire avec ses barbillons ; sa chair est dure & d’assez mauvais goût. Rondelet. Voyez Poisson. (I)

On emploie ses œufs desséchés pour arrêter le dévoiement ; on prépare avec sa peau un savon ou smegma pour le psora & la gale ; les cendres servent contre l’alopécie & les achores. (N)

Ange, subst. m. on appelle boulets à l’ange, dans l’Artillerie, des boulets enchaînés. Ce sont deux boulets, ou plûtôt deux demi-boulets attachés ensemble par une chaîne ; leur usage est d’abattre les vergues & les mâts, & de couper les manœuvres, ou les autres cordages d’un vaisseau. (Q)

* Ange, (Saint) (Géog. mod.) ville d’Italie au royaume de Naples, dans la Capitanate. Long 33-38. lat. 41-43.

Il y a en Italie deux autres villes du même nom ; l’une dans la principauté ultérieure, au royaume de Naples, l’autre dans les terres du Pape & le duché d’Urbin.

Il y a encore deux châteaux appellés Château-Saint-Ange ; l’un à Rome qui n’est pas fort, l’autre à Malte qui passe pour imprenable.

* ANGEDIVE, (Géog. mod.) petite ville des Indes dans le royaume de Decan.

* ANGEIOGRAPHIE, s. f. (Comm.) d’ἀγγεῖον, vase, & de γράφω, j’écris. C’est la description des poids, des mesures, des vaisseaux, & des instrumens propres à l’Agriculture.

ANGEIOLOGIE, subst. f. (Anat.) ἀγγιολογία d’ἀγγεῖον, vaisseau. C’est la partie de l’Anatomie qui donne la description des arteres & des veines. Voyez Artere & Veine. (L)

ANGEL, s. m. (Hist. nat.) oiseau dont le bec & les piés sont noirs, & dont les plumes sont d’une couleur brune, noirâtre, & d’un jaune roussâtre ; il ressemble au reste beaucoup à la perdrix, & il est de la même grosseur ; sa chair est fibreuse & fort dure. On ne peut pas le préparer ni le manger, sans en ôter la peau. Les oiseaux de cette espece vont en troupe ; on leur a donné le nom d’angel angelus à Montpellier. Rondelet rapporte cet oiseau à l’ænas des Anciens ; & Aldrovande prétend que c’est l’alchata ou le filacotona des Arabes. Ald. Ornit. Lib. XV. cap. viij. Voyez Oiseau. (I)

* ANGELES, (la Puebla de los) (Géog. mod.) ville de l’Amérique septentrionale dans le Mexique. Long. 277. lat. 19-30.

ANGELIQUE, adj. chose qui appartient ou participe à la nature des anges ; ainsi l’on dit d’un homme édifiant, que dans un corps mortel il mene une vie angélique. Saint Thomas d’Aquin est surnommé par excellence le Docteur angélique. Les Catholiques Romains appellent l’Ave Maria la Salutation angélique, ou simplement le pardon ou l’Angelus. Voyez Ave. (G)

Angelique (Habit) ; c’est ainsi qu’on appelle l’habit de certains Moines Grecs de l’Ordre de Saint Basile. On distingue deux sortes de ces Moines : ceux qui font profession d’une vie plus parfaite, sont appellés Moines du grand & angélique habit ; les autres qu’on nomme du petit habit, sont d’un rang inférieur, & ne menent pas une vie si parfaite. Léon Allat. de Consens. eccl. orient. & occid. Lib. III. cap. viij. (G)

Angelique, (Vetement ou Habit) angelica vestis ; chez les anciens Anglois c’étoit un habit de Moine que les laïcs mettoient un peu avant leur mort, afin de participer aux prieres des Moines.

On appelloit cet habit angélique, parce qu’on regardoit les Moines comme des anges, dont les prieres aidoient au salut de l’ame. De-là vient que dans leurs anciens livres, Monachus ad succurrendum, si-

gnifie celui qui s’étoit revêtu de l’habit angélique à

l’heure de la mort.

Cette coûtume subsiste encore en Espagne & en Italie, où les personnes de qualité sur-tout ont soin, aux approches de la mort, de se faire revêtir de l’habit de quelque Ordre religieux, comme de S. Dominique ou de Saint François, avec lequel on les expose en public & on les enterre. (G)

Angelique, s. f. angelica, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs en rose, disposées en forme de parasol. Les feuilles de la fleur sont posées sur un calice qui devient dans la suite un fruit composé de deux semences oblongues, un peu plus grosses que celles du persil, convexes & cannelées d’un côté, & plates de l’autre. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont aîlées & divisées en des parties assez larges. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Angelique, (Medecine.) des quatre especes d’angélique énoncées par Dale, celle de Boheme est la meilleure. C’est l’angelica officin. angelica sativa, C. B. imperatoria sativa, Tourn. Inst. 317. La racine de cette plante est grosse, noirâtre en-dehors, blanche en-dedans ; toute la plante a une odeur aromatique tirant sur le musc : on la cultive aussi dans ce pays-ci. Son nom lui vient des grandes vertus qu’on lui a remarquées : on la choisit grosse, brune, entiere, non vermolue, d’une odeur suave tirant sur l’amer ; son analyse donne une huile exaltée, & beaucoup de sel volatil.

Elle est cordiale, stomacale, céphalique, apéritive, sudorifique, vulnéraire : elle résiste au venin ; on l’emploie pour la peste, pour les fievres malignes, pour la morsure d’un chien enragé, pour le scorbut. C’est un grand diaphorétique ; on l’emploie dans les maladies de la matrice, aussi bien que dans les affections hystériques : elle est diurétique, & bonne pour exciter les lochies.

La racine, la tige, les feuilles, & la graine de la plante, sont d’usage : mais la racine l’emporte en vertus sur les autres parties.

On fait de l’angélique nombre de préparations & de compositions. La Pharmacopée de Paris emploie l’angélique de Boheme de différentes façons ; elle fait une eau distillée des feuilles & des fleurs ; elle en retire aussi des semences & de la racine desséchée : elle fait une conserve & un extrait de sa racine ; elle fait entrer sa racine dans les eaux composées thériacale, anti-épileptique, prophilactique, de mélisse composée, générale, impériale, dans les deux especes d’orviétan dont elle donne la composition dans le baume oppdeltoch, dans celui du Commandeur. Elle emploie la racine, les feuilles, & les semences dans l’emplâtre diabotanum, dans l’esprit carminatif de Sylvius ; les feuilles seules ont place dans l’eau de lait alexitaire ; & l’extrait est un des ingrédiens de la thériaque céleste.

L’eau distillée d’angélique est un diaphorétique estimé dans la goutte ; & l’esprit tiré de la racine au moyen de l’esprit-de-vin est chargé des parties huileuses de cette racine ; & pris à la dose d’une demi-once, il est bon contre les catarrhes. L’extrait de cette racine fait avec l’esprit-de-vin tartarisé, se mêle dans les pilules béchiques & dans les eaux spiritueuses ; on en peut donner depuis un scrupule jusqu’à une demi-dragme : il agit comme aromatique, &c.

Le baume d’angélique de Sennert est ainsi prescrit dans la Pharmacopée d’Ausbourg : Prenez d’extrait d’angélique une once, de manne en larme deux gros ; mettez-les sur un petit feu, y ajoûtant une dragme & demie d’huile d’angélique. Ce baume a les vertus cordiales & alexipharmaques qu’on attribue à l’angélique.

Les peuples de l’Islande & de la Laponie se nour-