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On ne laisse pas d’appeller aussi improprement apanage, le domaine même de l’héritier présomptif de la couronne ; tel qu’est en France le Dauphiné ; en Angleterre la principauté de Galles ; en Espagne celle des Asturies ; en Portugal celle du Bresil, &c.

On appelle aussi apanage, en quelques coûtumes, la portion qui est donnée à un des enfans pour lui tenir lieu de tout ce qu’il pourroit prétendre à la succession.

Paul Emile a remarqué que les apanages sont une invention que les rois ont rapportée des voyages d’outre mer. (G-H)

APANAGISTE, s. m. terme de Droit, est celui qui possede des fiefs ou autres domaines en apanage. V. Apanage. (H)

* APANTA, ou APANTE, (Géog. mod.) province de la terre ferme de l’Amérique méridionale, entre le lac de Parimé & la riviere des Amazones, à l’occident de la province de Caropa.

* APARAQUA, (Hist. nat. bot.) espece de bryone qui croît au Bresil. Ray, Hist. plant.

* APARIA, (Géog. mod.) province de l’Amérique méridionale au Pérou, près de la riviere des Amazones, & de l’endroit où elle reçoit le Curavaie, au nord des Pacamores.

À PART, (Litterat.) ou comme on dit à parte, terme Latin qui a la même signification que seorsim, & qui est affecté à la Poësie dramatique.

Un à parte est ce qu’un acteur dit en particulier ou plûtôt ce qu’il se dit à lui-même, pour découvrir aux spectateurs quelque sentiment dont ils ne seroient pas instruits autrement ; mais qui cependant est présumé secret & inconnu pour tous les autres acteurs qui occupent alors la scene. On en trouve des exemples dans les Poëtes tragiques & comiques.

Les critiques rigides condamnent cette action théatrale ; & ce n’est pas sans fondement, puisqu’elle est manifestement contraire aux regles de la vraissemblance, & qu’elle suppose une surdité absolue dans les personnages introduits avec l’acteur qui fait cet à parte, si intelligiblement entendu de tous les spectateurs ; aussi n’en doit-on jamais faire usage que dans une extrème nécessité, & c’est une situation que les bons auteurs ont soin d’éviter. Voyez Probabilité, Tragédie, Comédie, Soliloque. (G)

APATHIE, s. f. composé d’ privatif, & de πάθος, passion, signifie, dans un sens moral, insensibilité ou privation de tout sentiment passionné ou trouble d’esprit. Voyez Passion.

Les Stoïciens affectoient une entiere apathie ; leur sage devoit joüir d’un calme, d’une tranquillité d’esprit que rien ne pût altérer, & n’être accessible à aucun sentiment soit de plaisir ou de peine. V. Stoicien, Plaisir, & Peine.

Dans les premiers siecles de l’Eglise les Chrétiens adoptoient le terme d’apathie, pour exprimer le mépris de tous les intérêts de ce monde, ou cet état de mortification que prescrit l’Evangile ; d’où vient que nous trouvons ce mot fréquemment employé dans les écrivains les plus pieux.

Clément d’Alexandrie, en particulier, le mit fort en vogue, dans la vûe d’attirer au Christianisme les Philosophes qui aspiroient à un degré de vertu si sublime.

Le Quiétisme n’est qu’une apathie masquée des apparences de la dévotion. Voyez Quiétisme. (X)

APATURIES, s. f. (Hist. anc. & Myth.) fête solemnelle célébrée par les Athéniens en l’honneur de Bacchus. Voyez Fête.

Ce mot vient du Grec ἀπάτη, fraude ; & l’on dit que cette fête fut instituée en mémoire d’une frauduleuse victoire que Mélanthus, roi d’Athenes, avoit remportée sur Xanthus, roi de Béotie, dans un combat singulier, dont, ils étoient convenus pour termi-

ner un débat qui régnoit entr’eux, au sujet des frontieres

de leurs pays ; d’où Budée l’appelle festum deceptionis, la fête de la tromperie.

D’autres écrivains lui donnent une différente étymologie : ils disent que les jeunes Athéniens n’étoient point admis dans les tribus, le troisieme jour de l’apaturie, que leurs peres n’eussent juré qu’ils en étoient vraiment les peres ; jusqu’alors tous les enfans étoient réputés en quelque façon sans pere, άπάτορες, circonstance qui donnoit le nom à la fête.

Xenophon, d’ailleurs, nous dit que les parens & les amis s’assembloient à cette occasion, se joignoient aux peres des jeunes gens que l’on devoit recevoir dans les tribus, & que la fête tiroit son nom de cette assemblée ; que dans απατούρια l’α, bien loin d’être privatif est une conjonction, & signifie même chose que ὁμοῦ, ensemble. Cette fête duroit quatre jours : le premier, ceux de chaque tribu se divertissoient ensemble dans la leur, & ce jour s’appelloit δόρπια : le second, qui se nommoit ἀναῤῥυσις, on sacrifioit à Jupiter & à Minerve : le troisieme, κουρεῶσις, ceux des jeunes gens de l’un & de l’autre sexe qui avoient l’âge requis, étoient admis dans les tribus : ils appelloient le quatrieme jour ἔπιϐδα.

Quelques auteurs ont mal-à-propos confondu les apaturies avec les saturnales, puisque les fêtes appellées par les Grecs κρόνια, qui répondent aux saturnales des Romains, arrivoient dans le mois de Décembre, & que les apaturies se célébroient en Novembre. (G)

* APEIBA, arbre du Bresil qu’on décrit ainsi : arbor pomifera Brasiliensis, fructu hispido, pomi magnitudine, seminibus plurimis minimis ; apeiba Brasiliensibus. Marg.

Le fruit n’est d’aucun usage ; le bois sert à faire des bateaux de pêcheurs & des radeaux. Ray, Histor. plant.

APELLITES, s. f. pl. du Latin appellitæ, (Theol.) hérétiques qui parurent dans le second siecle, & qui tirent ce nom d’Apelles leur chef, disciple de Marcion. Ils soûtenoient que Jesus-Christ n’avoit pas eu seulement l’apparence d’un corps, comme disoit Marcion, ni une véritable chair : mais qu’en descendant du Ciel, il s’étoit fait un corps céleste & aërien, & que dans son Ascension ce corps s’étoit résolu en l’air, ensorte que l’esprit seul de J. C. étoit retourné au Ciel. Ils nioient encore la Résurrection & professoient la même doctrine que les Marcionites. Voyez Ascension & Marcionites. (G)

APÉNÉ, (Hist. anc.) char attelé de deux ou de quatre mules, mis en usage dans les jeux olympiques par les Eléens, qui s’en dégoûterent ensuite, soit parce qu’il ne produisoit pas un bel effet, soit parce qu’ils avoient en horreur les mules & les mulets, & qu’ils n’en élevoient point chez eux. Pausanias traite cette invention de moderne, par rapport aux jeux olympiques ; car Sophocle dit que Laïus, dans le voyage où il fut tué, montoit un char traîné par deux mules, ἀπηνην πωλίκη. (G)

* APENNIN, adj. pris subst. (Géog. anc. & mod.) chaîne de montagnes qui partage l’Italie dans toute sa longueur, depuis les Alpes jusqu’à l’extrémité la plus méridionale du royaume de Naples. Toutes les rivieres d’Italie y prennent leur source.

* APENRADE ou APENRODE, (Géog. mod.) petite ville de Danemarck, dans la préfecture de même nom & le duché de Sleswick, au fond d’un golfe de la mer Baltique. Long. 27. 1. lat. 55. 4.

APEPSIE, s. f. formé d’ privatif & de πέπτω, digérer, signifie en Medecine, crudité, indigestion. Voyez Digestion.

L’apepsie peut se définir un défaut d’appétit, qui empêche que l’aliment pris ne fournisse un chyle propre à former le sang & nourrir le corps. Voyez