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qui sont strictement malignes ; ce symptôme en impose communément aux praticiens timides pour une inflammation du bas-ventre, & les empêche, ce qui dans bien des occasions n’est pas un mal, de donner des purgatifs un peu efficaces. Il est facile de distinguer le météorisme qu’on pourroit appeller inflammatoire, d’avec celui qui ne dépend vraissemblablement que d’un boursouflement des boyaux, occasionné par des vents ou par des matieres vaporeuses, qui est propre aux fievres malignes. Dans le météorisme inflammatoire le pouls est dur, serré, convulsif ; les douleurs rapportées au bas-ventre sont extrèmement aiguës ; elles augmentent par la pression qu’on fait avec la main en palpant la ventre. Il y a assez ordinairement hocquet, constipation, &c. on peut encore tirer d’autres éclaircissemens des causes qui ont précédé ; l’autre espece de météorisme est pour l’ordinaire sans douleur, ou n’est accompagné que d’une douleur légere, & qu’on ne rend sensible qu’en pressant ; le pouls n’a point de caractere particulier différent de celui qui est propre à l’état & au tems de la maladie. Dans celui-ci on peut sans crainte donner les remedes qu’exige la maladie : les purgatifs loin de l’augmenter, le dissipent très-souvent ; les fomentations émollientes que la routine vulgaire a spécialement consacrées dans ce cas sont absolument inutiles, & ne font que fatiguer & inquiéter à pure perte le malade : les huiles dont on les gorge dans la même vue sont au moins très-inefficaces ; ces remedes sont moins déplacés dans le météorisme inflammatoire : les purgatifs sorts, & sur-tout l’émétique, seroient extremement nuisibles, & même mortels ; du-reste, les reme des vraiment cutatifs ne different pas de ceux qui conviennent dans l’inflammation du bas-ventre. Voyez Inflammation & Bas-ventre, maladie du (m).

MÉTÉORIQUE, regne (Chimie & Mat. médic.) Voyez sous le mot Regne.

MÉTÉOROLOGIE, s. f. (Physiq.) est la science des météores, qui explique leur origine, leur formation, leurs differentes especes, leurs apparences, &c. Voyez Météore.

METÉOROLOGIQUE, adj. (Physiq) se dit de tout ce qui a rapport aux météores, & en général aux différentes altérations & changemens qui arrivent dans l’air & dans le tems.

Observations méteorologiques d’une année sont les observations de la quantité de pluie & de neige qui est tombée pendant cette année-là dans quelque endroit, des variations du barometre, du thermometre, &c. On trouve dans chaque volume des mémoires de l’académie des Sciences de Paris les observations météorologiques pour l’année à laquelle ce volume appartient. (O)

Météorologiques, (instrumens) sont des instrumens construits pour montrer l’état ou la disposition de l’atmosphere, par rapport à la chaleur ou au froid, au poids, à l’humidité, &c. comme aussi pour mesurer les changemens qui lui arrivent à ces égards, & pour servir par conséquent à prédire les altérations du tems, comme pluie, vent, neige, &c. Sous cette classe d’instrumens sont compris les barometres, les thermometres, les hygrometres, manometres, anémometres, qui sont divisés chacun en différentes especes. Voyez les articles Barometre, Thermometre, Hygrometre, &c. (O)

MÉTÉOROMANCIE, s. f. (Divin.) divination par les météores ; & comme les météores ignés sont ceux qui jettent le plus de crainte parmi les hommes, la météoromancie désigne proprement la divination par le tonnerre & les éclairs. Cette espece de divination passa des Toscans aux Romains, sons rien perdre de ce qu’elle avoit de frivole. Seneque nous apprend que deux auteurs graves, & qui avoient exercé des

magistratures, écrivoient à Rome sur cette matiere. Il semble même que l’un d’eux l’épuisa entierement, car il donnoit une liste exacte des différentes especes de tonnerres. Il circonstancioit & leurs noms & les prognostics qui s’en pouvoient tirer ; le tout avec un air de confiance plus surprenant encore que les choses qu’il rapportoit. On eût dit, tant cette matiere météorologique lui étoit familiere, qu’il comptoit les tableaux de sa galerie, ou qu’il faisoit la description des fleurs de son jardin. La plus ancienne maladie, la plus invétérée, la plus incurable du genre humain, c’est l’envie de connoître ce qui doit arriver. Ni le voile obscur qui nous cache notre destinée, ni l’expérience journaliere, ni une infinité de tentatives malheureuses, n’ont pû guerir les hommes. Hé ! se dépréviennent-ils jamais d’une erreur agréablement reçue ? Nous sommes sur ce point aussi crédules que nos ancêtres ; nous prêtons comme eux l’oreille à toutes les impostures flatteuses. Pour avoir trompé cent fois, elles n’ont point perdu le droit funeste de tromper encore. (D. J.)

MÉTÉOROSCOPE, s. m. (Physiq.) nom que les anciens Mathématiciens ont donné aux instrumens dont ils se servoient pour observer & marquer les distances, les grandeurs, & la situation des corps célestes, dont ils regardoient plusieurs comme des météores.

On peut donner avec plus de justesse le nom de météoroscopes aux instrumens destinés à faire les observations météorologiques. Voyez Météorologique. (O)

METHER, s. m. (Hist. mod.) c’est ainsi que l’on nomme en Perse un des grands-officiers de la cour du roi, dont la fonction l’oblige à être toujours auprès de sa personne, pour lui présenter des mouchoirs lorsqu’il en a besoin ; ce sublime emploi est rempli par un eunuque, qui a communément le plus grand crédit.

METHODE, s. f. (Logique.) la méthode est l’ordre qu’on suit pour trouver la vérité, ou pour l’enseigner. La méthode de trouver la vérité s’appelle analyse ; celle de l’enseigner, synthese. Il faut consulter ces deux articles.

La méthode est essentielle à toutes les sciences, mais sur-tout à la Philosophie. Elle demande 1°. que les termes soient exactement définis, car c’est du sens des termes que dépend celui des propositions, & c’est de celui des propositions que dépend la démonstration. Il est évident qu’on ne sauroit démontrer une these avant que son sens ait été déterminé. Le but de la Philosophie est la certitude : or il est impossible d’y arriver tant qu’on raisonne sur des termes vagues. 2°. Que tous les principes soient suffisamment prouvés : toute science repose sur certains principes. La Philosophie est une science, donc elle a des principes. C’est de la certitude & de l’évidence de ces principes que dépend la réalité de la Philosophie. Y introduire des principes douteux, les faire entrer dans le fil des démonstrations, c’est renoncer à la certitude. Toutes les conséquences ressemblent nécessairement au principe dont elles découlent. De l’incertain ne peut naître que l’incertain, & l’erreur est toujours mere féconde d’autres erreurs. Rien donc de plus essentiel à la saine méthode que la démonstration des principes. 3°. Que toutes les propositions découlent, par voie de conséquence légitime, de principes démontrés : il ne sauroit entrer dans la démonstration aucune proposition, qui, si elle n’est pas dans le cas des axiomes, ne doive être démontrée par les propositions précédentes, & en être un résultat nécessaire. C’est la logique qui enseigne à s’assurer de la validité des conséquences. 4°. Que les termes qui suivent s’expliquent par les précédens : il y a deux cas possibles ; ou bien l’on