Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/466

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

menter comme du vin, & qui la rend très-propre à enivrer : c’est cette espece de vin qu’on nomme pulque ou pouleré. On peut en distiller une eau de vie très forte. Les Indiens buvoient le pulque avec tant d’excès, que l’usage en fut défendu par les Espagnols en 1692, quoique les droits qu’ils en retiroient montassent jusqu’à cent-dix mille piastres par année ; mais l’inutilité de la défense l’a fait lever en 1697.

METLING, ou MOTTLING, (Géog.) ville forte, & château d’Allemagne dans la Carniole, sur le Kulp. Quelques géographes croient que c’est la Meclaria des anciens. Longit. 33. 35. latit. 45. 58.

METOCHE, s. m. dans l’ancienne Architecture, terme dont s’est servi Vitruve pour marquer l’espace ou intervalle entre deux denticules. Voyez Denticule.

Baldus observe que dans une ancienne copie manuscrite de cet auteur, on trouve le mot métatomme, au lieu de métoche : c’est ce qui donne occasion à Daviler de soupçonner que le texte de Vitruve est corrompu ; ce qui lui fait conclure qu’il ne faut pas dire métoche, mais métatomme, c’est-à-dire, section.

METOCIE, s. m. (Hist. anc.) tribut que les étrangers payoient pour la liberté de demeurer à Athenes. Il étoit de 10 ou 12 drachmes. On l’appelloit aussi énorchion ; mais ce dernier mot est l’habitatio des Latins, désignant plutôt un loyer qu’un tribut. Le metocie entroit dans la caisse publique ; l’énorchion étoit payé à un particulier propriétaire d’une maison.

Mescies, s. f. pl. (Hist. anc.) fêtes célébrées dans Athenes à l’honneur de Thésée, & en mémoire de ce qu’il les avoit fait demeurer dans une ville où il les avoit rassemblés tous, des douze petits lieux où ils étoient auparavant dispersés.

METOICIEN, (Litt. grec.) on appelloit métoïciens, μετοικοι, les étrangers établis à Athenes. Ils payoient un tribut à la république, un impôt nommé μέτοικων ; cet impôt étoit par année de 12 drachmes pour chaque homme, & de 6 drachmes pour chaque femme. Le loi les obligeoit encore de prendre un patron particulier, qui les protegeât, & qui répondît de leur conduite. On nommoit ce patron μετοικοφυλαξ. Le polémarque, l’un des neuf archontes, prononçoit sur les prévarications que les métoïciens pouvoient commettre.

Rien n’est plus sensé que les réflexions de Xénophon sur les moyens qu’on avoit d’accroître les revenus de la république d’Athenes, en faisant des lois favorables aux étrangers qui viendroient s’y établir. Sans parler, dit-il, des avantages communs que toutes les villes retirent du nombre de leurs habitans, ces étrangers, loin d’être à charge au public, & de recevoir des pensions de l’état, nous donneroient lieu d’augmenter nos revenus, par le payement des droits attachés à leur qualité. On les engageroit efficacement à s’établir parmi nous, en leur ôtant toutes ces especes de marques publiques d’infâmie, qui ne servent de rien à un état ; en ne les obligeant point, par exemple, au danger de la guerre, & à porter dans les troupes une armure particuliere ; en un mot, en ne les arrachant point à leur famille & à leur commerce ; ce n’étoit donc pas assez faire en faveur des étrangers, que d’instituer une fête de leur nom, μετοικια, comme fit Thésée pour les accoutumer au joug des Athéniens, il falloit sur-tout profiter des conseils de Xénophon, & leur accorder le terrein vuide qui étoit renfermé dans l’enceinte des murs d’Athènes, pour y bâtir des édifices sacrés & profanes.

Il n’y avoit point dans les commencemens de distinction chez les Athéniens entre les étrangers & les naturels du pays ; tous les étrangers étoient promptement naturalisés, & Thucidide remarque que tous les Platéens le furent en même-tems. Cet usage fut

le fondement de la grandeur des Athéniens ; mais à mesure que leur ville devint plus peuplée, ils devinrent moins prodigues de cette faveur, & ce privilege s’accorda seulement dans la suite à ceux qui l’avoient mérité par quelque service important. (D. J.)

METONOMASIE, s. f. (Littér. mod. c’est-à dire changement de nom. Les savans des derniers siecles se sont portés avec tant d’ardeur à changer leur nom, que ce changement dans des personnes de cette capacité, méritoit qu’on fît un mot nouveau pour l’exprimer. Ce mot même devoit être au-dessus des termes vulgaires ; aussi l’a t-on puisé chez les Grecs, en donnant à ce changement de nom, celui de métonomasie. M. Baillet dit que cette mode se répandit en peu de tems dans toutes les écoles, & qu’elle est devenue un des phénomenes des plus communs de la république des Lettres. Jean-Victor de Rossi abandonna son nom, pour prendre celui de Janus Nicius Erythrœus ; Matthias Francowitz prit celui de Flaccus Illirieus ; Philippe Scharzerd prit celui de Mélancthon ; André Hozen prit celui d’Osiander, &c. enfin, un allemand a fait un gros livre de la liste des métonomasiens, ou des pseudonymes. (D. J.)

MÉTONYMIE, s. f. le mot de métonymie vient de μετὰ, qui dans la composition marque changement, & de ὄνομα, nom ; ce qui signifie transposition ou changement de nom, un nom pour un autre.

En ce sens cette figure comprend tous les autres tropes ; car dans tous les tropes, un mot n’étant pas pris dans le sens qui lui est propre, il réveille une idée qui pourroit être exprimée par un autre mot. Nous remarquerons dans la suite ce qui distingue la métonymie des autres tropes. Voyez Synecdoque.

Les maîtres de l’art restraignent la métonymie aux usages suivans.

I. La cause pour l’effet. Par exemple : vivre de son travail, c’est-à-dire, vivre de ce qu’on gagne en travaillant.

Les Payens regardoient Cérès comme la déesse qui avoit fait sortir le blé de la terre, & qui avoit appris aux hommes la maniere d’en faire du pain : ils croyoient que Bacchus étoit le dieu qui avoit trouvé l’usage du vin ; ainsi ils donnoient au blé le nom de Cérès, & au vin le nom de Bacchus : on en trouve un grand nombre d’exemples dans les poëtes.

Virgile, Æn. I. 219. a dit, un vieux Bacchus, pour du vin vieux :

Implentur veteris Bacchi.

Madame des Houlieres a fait une balade, dont le refrein est,

L’Amour languit sans Bacchus & Cérès :

c’est la traduction de ce passage de Terence, Eun. IV. 6. Sine Cerere & Libero friget Venus : c’est-à-dire, qu’on ne songe guere à faire l’amour, quand on n’a pas de quoi vivre.

Virgile, Æn. I. 181. a dit :

Tum Cererem corruptam undis cerealiaque arma
Expediunt fessi rerum.

Scarron dans sa traduction burlesque, liv. I. se sert d’abord de la même figure ; mais voyant bien que cette façon de parler ne seroit point entendue en notre langue, il en ajoute l’explication :

Lors fut des vaisseaux descendue
Toute la Cérès corrompue ;
En langage un peu plus humain,
C’est ce de quoi l’on fait du pain.

Ovide a dit, Trist. IV. v. 4. qu’une lampe prête à s’éteindre, se rallume quand on y verse Pallas :

Cujus ab alloquiis anima hæc moribunda revixit,
Ut vigil infusâ Pallade flamma solet :