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& l’autre ou dispersées, ou réunies, ou libres & agissantes, ou retenues ; c’est selon les corps où elles résident : elles sont aussi sous cet aspect, ou naturelles & originaires, ou adventices ou occasionnelles, ou permanentes & passageres, ou transitoires.

Ces trois principes different entr’eux, & voici leurs différences. La matiere est l’être premier, l’esprit l’être premier vivant, la lumiere l’être premier mobile ; c’est la forme qui survient qui les spécifie.

La forme est une disposition, une caractérisation des trois premiers principes, en conséquence de laquelle la masse est configurée, l’esprit concentré, la lumiere tempérée ; de maniere qu’il y a entr’eux une liaison, une pénétration réciproque & analogue à la fin que Dieu a prescrite à chaque corps.

Pour parvenir à cette fin, Dieu a imprimé aux individus des vestiges de sa sagesse, & des causes agissant extérieurement, les esprits reçoivent les idées, les formes, les simulacres des corps à engendrer, la connoissance de la vie, des procédés & des moyens, & les corps sont produits comme il l’a prévu de toute éternité dans sa volonté & son entendement.

Qu’est-ce que les : élémens, que des portions spécifiées de matiere terrestre, différentiées particulierement par leur densité & leur rareté.

Dieu a voulu que les premiers individus ou restassent dans leur premiere forme, ou qu’ils en engendrassent de semblables à eux, imprimant & propageant leurs idées & leurs autres qualités.

Il ne faut pas compter le feu au nombre des élémens, c’est un effet de la lumiere.

De ces trois principes naissent les principes des Chimistes.

Le mercure naît de la matiere jointe à l’esprit, c’est l’aqueux des corps.

De l’union de l’esprit avec la lumiere naît le sel, ou ce qui fait la consistance des corps.

De l’union de la matiere & du feu ou de la lumiere, naît le soufre.

Grande portion de matiere au premier ; grande portion d’esprit au second ; grande portion de lumiere au troisieme.

Trois choses entrent dans la composition de l’homme, le corps, l’esprit & l’ame.

Le corps vient des élémens.

L’esprit, de l’ame du monde.

L’ame, de Dieu.

Le corps est mortel, l’esprit dissipable, l’ame immortelle.

L’esprit est l’organe & la demeure de l’ame.

Le corps est l’organe & la demeure de l’esprit.

L’ame a été formée de l’ame du monde qui lui préexistoit, & cet esprit intellectuel differe de l’esprit vital en degré de pureté & de perfection.

Voilà le tableau de la Physique mosaïque de Comenius. Nous ne dirons de la Morale, qu’il désignoit aussi par l’épithete de mosaïque, qu’une chose ; c’est qu’il réduisoit tous les devoirs de la vie aux préceptes du Décalogue.

Mosaique, s. f. (Art. méchaniq.) on entend par mosaïque non-seulement l’art de tailler & polir quantité de marbres précieux de différentes couleurs, mais encore celui d’en faire un choix convenable, de les assembler par petites parties de différentes formes & grandeurs sur un fond de stuc, préparé à cet effet, pour en faire des tableaux représentant des portraits, figures, animaux, histoires & paysages, des fleurs, des fruits & toute sorte de desseins imitant la peinture.

On donnoit autrefois différens noms à la mosaïque, à cause de ses variétés ; les uns l’appelloient musaique, du latin musivum, qui signifie en général un ouvrage délicat, ingénieux, & bien travaillé ; &,

selon Scaliger, du grec μοῦσον, parce que ces sortes d’ouvrages étoient fort polis : en effet, μοῦσον, εὔμουσον & μοῦσικον se prennent en ce sens chez les Grecs ; les autres l’appelloient musibum, comme on le voit encore dans quelques manuscrits, & sur-tout dans les inscriptions de Gruter ; d’autres lui ont donné les noms de musaïcum, museacum & mosiacum, de museis, comme le rapporte Jean-Louis Vives, tib. XVI. S. Augustin, de civitate Dei ; d’autres encore le font dériver du grec μησῖον, musico cantu, ou d’un mot hébreu, qui veut dire mélange ; mais Nebricensis & quelques autres croient, & ce qui paroît plus vraissemblable, qu’il dérive du grec μοῦσα, muse, parce que, dit-il, il falloit beaucoup d’art pour ces sortes de peintures, & que la plûpart servoient d’ornement aux muses.

L’usage de faire des ouvrages de mosaïque est, selon quelques auteurs, fort ancien. Plusieurs prétendent que son origine vient des Perses qui, fort curieux de ces sortes d’ouvrages, avoient excité les peuples voisins à en faire d’exactes recherches. Nous voyons même dans l’Ecriture sainte qu’Assuérus leur roi, fit construire de son tems un pavé de marbre si bien travaillé, qu’il imitoit la peinture. D’autres assurent que cet art prit naissance à Constantinople, fondés sur ce que cette ville étoit de leur tems la seule dont presque toutes les églises & les bâtimens particuliers en étoient décorés, & que delà il s’est répandu dans les autres province de l’Europe. En effet, on en transporta des confins de ce royaume chez les peuples voisins d’Assyrie, de-là en Grece, & enfin, selon Pline, du tems de Sylla, on en fit venir dans le Latium pour augmenter les décorations des plus beaux édifices. Ce qu’il y a de vrai, c’est qu’il commença à paroître vers le tems d’Auguste, sous le nom d’une nouvelle invention. C’étoit une façon de peindre des choses de conséquence avec des morceaux de verre qui demandoient une préparation particuliere. Cette préparation consistoit dans la façon de le fondre dans des creusets, dans celle de le couler sur des marbres polis, & dans celle de le tailler par petits morceaux, soit avec des tranchans, soit avec des scies faites exprès, & de les polir pour les assembler ensuite sur un fond de stuc. (On peut voir dans les ouvrages de Nerius un fort beau traité sur cette partie.) A ces morceaux de verre succéderent ceux de marbre, qui exigeoient alors beaucoup moins de difficultés pour la taille ; enfin cet art négligé depuis plusieurs siecles, a été ensuite abandonné, sur-tout depuis que l’on a trouvé la maniere de peindre sur toutes sortes de métaux, qui est beaucoup plus durable, n’étant pas sujette, comme la premiere, à tomber par écailles après un long tems. On lui donnoit autrefois le nom de marqueterie en pierre, que l’on distinguoit de marqueterie en bois, ou ébénisterie ; & sous ce nom l’on comprenoit non seulement l’art de faire des peintures par pierres de rapport, mais encore celui de faire des compartimens de pavé de différens desseins, comme l’on en voit dans plusieurs de nos églises ou maisons royales, ouvrage des marbriers. Ce sont maintenant ces ouvriers qui sont chargés de ces sortes d’ouvrages, comme travaillant en marbre de différente maniere.

La mosaïque se divise en trois parties principales ; la premiere a pour objet la connoissance des différens marbres propres à ses ouvrages ; la deuxieme est la maniere de préparer le mastic qui doit les recevoir, celle de l’appliquer sur les murs, pavés & autres lieux que l’on veut orner de ces sortes de peintures, pour y poser ensuite les différentes petites pieces de marbre ; & la troisieme est l’art de joindre ensemble ces mêmes marbres, & de les polir avec propreté pour en faire des ouvrages qui imitent la peinture.