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chameau, le col d’un cheval, les piés & les cuisses d’un bœuf ; sa couleur rougeâtre, entremélée de taches blanches, l’a fait nommer par d’autres caméléopard.

Κηιπιν, est une espece de singe d’Ethiopie à tête de lion. Près de cet animal, est un paon perché sur un arbre.

Κροκοττας, animal originaire d’Ethiopie, qui, selon plusieurs auteurs, tient beaucoup de la nature du loup & de celle du chien.

Καμελοπαρδαλι. .... nom qui a été défiguré dans le monument ; ce sont des caméléopards, ainsi nommés parce qu’ils ont le col du chameau, & des taches sur la peau comme les léopards. Ces animaux ont la tête du cerf avec des cornes de six doigts, la queue fort petite, & les piés fourchus.

Près de-là, sont deux crabes dans l’eau, un singe sur un rocher, & un animal nommé κφινγια qui a disparu avec son nom.

Ξιοιγ, le nom & l’animal sont également inconnus.

Θωαντες ou φωαντες & non pas ωαντες, comme on le voit dans la gravure de 1721. On croiroit d’abord que ce sont des thos, espece de loups-cerviers qu’on fait venir d’un loup & d’une léoparde ; cependant cette conjecture est contredite par le nom & la figure de ces animaux, qu’on prendroit plutôt pour un lion & une panthere. Près de là, est un serpent géant qui s’est saisi d’un canard qui vient d’être tué par les chasseurs.

Ενυδρις, enhydris, nom commun à la loutre & à une espece de serpent. Ce sont deux tortues d’eau & deux loutres, tenant chacune un poisson à la bouche.

Des outils Les outils propres aux ouvrages de mosaïque sont presque les mêmes que ceux qui appartiennent à la marbrerie. L’emploi du marbre étant le seul objet de ces deux arts, la plûpart de ceux que l’on voit dans la Planche V. sont une augmentation de ceux placés dans ce dernier, & particuliers à la mosaïque.

La figure premiere, Pl. V. est un composé d’environ deux cens cases particulieres assemblées les unes contre les autres, contenant chacune une certaine quantité de petites pieces de marbre d’une même couleur, appuyé sur une table AA, posée sur deux traiteaux d’assemblage BB.

La fig. 2. est un établi AA, à piés d’assemblage BB, sur lequel est posé un étau de bois, composé de jumelle dormante C, jumelle mouvante D, & vis à écroux E, dans lequel sont des petits morceaux de marbre F disposés pour être travaillés ; G est une sebille qui contient de l’émeril qui aide à scier le marbre.

La fig. 3. est une petite sciotte, propre aux ouvrages délicats, composée d’un fer A & de sa monture de bois B.

La fig. 4. est un petit compas droit, propre à lever des distances par ses pointes AA.

La fig. 5. est un petit compas à pointes courbes, appellé compas d’épaisseur, fait pour lever des épaisseurs par ses pointes AA.

La fig. 6. est un archet, composé d’une corde à boyau A, tendue sur un arc de baleine B.

La fig. 7. est un trépan, aciéré en A, & à pointe arrondie en B, ajusté dans la boîte C, servant avec le secours de l’archet, fig. 6. à percer des trous. On peut voir dans l’art de marbrerie cette opération de deux manieres différentes.

La fig. 8. est une lime quarrelette d’Angleterre A, emmanchée en B, faite pour limer & polir le marbre.

La fig. 9. est une pince, faite pour prendre les petites pieces de marbre, & les appliquer plus facile-

ment sur le mastic ; il en est de plus petites ou de plus

grandes selon la grandeur des ouvrages.

La fig. 10. est une pince, faite d’une autre maniere, à charniere A. Article de M. Lucote.

Mosaïque, en Peinture, espece de peinture faite avec de petites pierres coloriées & des aiguilles de verre compassées & rapportées ensemble, de maniere qu’elles imitent dans leur assemblage, le trait & la couleur des objets qu’on a voulu representer.

Pour exécuter cet art, il faut, avant toutes choses, avoir le tableau peint, soit en grand, soit en petit, de l’ouvrage qu’on veut imiter, & avoir aussi les desseins au net de la grandeur de chaque partie de l’ouvrage ; ce qu’on appelle cartons. On se sert de petites pierres de toutes sortes de forme & de couleur, qu’on distribue suivant leur nuance, dans différentes boëtes ou paniers. Ces petites pierres doivent avoir une face lisse & plate, mais il ne faut point qu’elles soient polies à leur surface extérieure ; car on n’y verroit pas la couleur lorsqu’elle refléchiroit la lumiere. Le dessein ou carton de chaque partie de l’ouvrage doit être piqué ; cela fait, on mouille un peu la place de l’enduit qui a été préparé, comme dans la peinture à fresque ; alors on ponce cette place avec de la pierre noire pilée ; ensuite l’on passe du mortier très fin, d’une épaisseur médiocre & égale, sur chaque endroit qui n’est pas marqué par le trait du dessein, afin de conserver & de mettre dans les contours les petites pierres, en les trempant dans le mortier liquide qu’on a soin d’avoir auprès de soi. Quand on veut dorer dans cette espece de peinture, on se sert de petites pieces de verre blanc épais & doré au feu d’un côté. La mosaïque subsiste d’ordinaire autant que le pavé ou le mur sur lequel elle est employée, sans altération de couleur.

Il nous reste en mosaïque un grand nombre de morceaux de la main des anciens. On voit, par exemple, dans le palais que les Barberins ont fait bâtir dans la ville de Palestrine, à 25 milles de Rome, un grand morceau de mosaïque, qui peut avoir 12 piés de long, sur dix de hauteur, & qui sert de pavé à une espece de grande niche, dont la voûte soutient les deux rampes séparées, par lesquelles on monte au premier palier du principal escalier de ce bâtiment. Ce superbe morceau est une espece de carte géographique de l’Egypte, &, à ce qu’on prétend, le même pavé que Sylla avoit fait placer dans le temple de la Fortune Prénestine, & dont Pline parle au vingt-cinquieme chapitre du trente-sixieme livre de son histoire. Il se voit gravé en petit dans le latium du P. Kircher ; mais en 1721 le cardinal Charles Barberin le fit graver en quatre grandes feuilles. L’ancien artiste s’est servi, pour embellir sa carte, de plusieurs especes de vignettes, telles que les Géographes en mettent pour remplir les places vuides de leurs cartes. Ces vignettes représentent des hommes, des animaux, des bâtimens, des chasses, des cérémonies, & plusieurs points de l’histoire morale & naturelle de l’Egypte ancienne. Le nom des choses qui y sont dépeintes, est écrit au-dessus en caracteres grecs, à-peu-près comme le nom des provinces est écrit dans une carte générale du royaume de France. On voit encore à Rome & dans plusieurs endroits de l’Italie, des fragmens de mosaïque antique, dont la plûpart ont été gravés par Pietro Santi Bartoldi, qui les a insérés dans ses différens recueils.

Les incrustations de la galerie de sainte Sophie à Constantinople sont des mosaïques faites la plûpart avec des dez de verre, qui se détachent tous les jours de leur ciment ; mais leur couleur est inaltérable. Ces dez de verre sont de véritables doublets ; car la feuille colorée de différente maniere, est couverte d’une piece fort mince, collée par-dessus :