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dans le même sens que les Anglois appellent puritains les calvinistes rigides.

Novatien se sépara d’abord de la communion du pape Corneille, sous prétexte qu’il étoit trop facile à admettre à la pénitence ceux qui avoient apostasié pendant les persécutions.

Ensuite Novatus étant venu à Rome, il se joignit à la faction de Novatien, & l’un & l’autre soutinrent qu’il n’y avoit plus de pénitence pour ceux qui étoient tombés dans quelque péché grave après leur baptême, fondant leur opinion sur le passage de saint Paul : Il est impossible à ceux qui apostasient après avoir été une fois éclairés & qui ont goûté les dons célestes, de se renouveller par la pénitence.

Non pas qu’ils niassent qu’une personne tombée dans un péché quelque énorme qu’il fût, pût en obtenir le pardon par la pénitence, puisqu’ils recommandoient eux-mêmes la pénitence dans les termes les plus forts ; mais ils enseignoient que l’Eglise n’avoit pas le pouvoir de recevoir les pécheurs à sa communion, comme n’ayant d’autre voie pour remettre les péchés que celle du baptême, qui ne peut être conféré qu’une fois à la même personne. Voyez Bapteme.

Par progression de tems les novatiens modérerent & adoucirent la rigueur de la doctrine de leurs maîtres, & ne refuserent l’absolution qu’à de grands pécheurs. Voyez Absolution.

Les deux chefs furent excommuniés & déclarés hérétiques ; ce n’est pas qu’ils excluassent les pénitens de la communion de l’Eglise ; mais parce qu’ils nioient que l’Eglise avoit le pouvoir de remettre les péchés.

Les novatiens ajouterent de nouvelles erreurs à celles de leur chef, comme l’improbation des secondes noces & la nécessité de rebaptiser les pécheurs. Leur secte subsista jusque dans le quatrieme siecle après le concile de Nicée, qui fit des réglemens pour la forme de leur réception à l’Eglise. Depuis ils se diviserent en différentes branches, dont il y avoit encore des restes en Occident dans le septieme siecle, & en Orient dans le huitieme, & quelques-uns d’entr’eux mêlerent des cérémonies judaïques à celles du christianisme. Euseb. hist. eccl. l. VI. Baronius, annal. Dupin, bibl. eccl. des aut. des trois premiers siecles.

NOVATION, s. f. (Jurisprud.) est le changement d’une obligation en une autre. L’effet de la novation est qu’elle détruit l’ancienne obligation, ensemble tous ses accessoires, tels que les privileges & hypotheques, l’obligation des cautions, &c. de sorte que par le moyen de la novation, c’est une obligation toute nouvelle, qui est constituée au lieu de l’ancienne. Elle s’opere en quatre manieres.

La premiere se fait, lorsque la cause de l’obligation seulement est changée, sans qu’il y ait changement de débiteur ; par exemple, lorsqu’une simple obligation est convertie en un contrat de constitution.

La seconde est lorsque la personne du créancier est changée ; ce qui arrive par le moyen de la délégation.

La troisieme se fait par le changement de débiteur ; ce qui arrive lorsqu’un tiers s’oblige envers le créancier de lui payer ce qui lui étoit dû par l’ancien débiteur.

Le quatrieme se fait par le changement du créancier & du débiteur ; ce qui lui arrive lorsqu’un créancier délegue ce qui lui est dû par son débiteur, qu’il charge de payer au créancier d’une autre personne. Voyez le liv. III. des institutes, tit. 30. §. 30. (A)

NOUDLES ou NUDELN, (Cuisine) c’est un ragoût fort usité en Allemagne, dont la base est une bonne pâte faite avec de la fleur de farine, du lait & du beurre ; quand le tout a été bien incorporé,

on étend cette pâte avec le cylindre pour la rendre mince, après quoi on la coupe par petites lanieres, semblables à du ruban étroit. On la fait bouillir légérement dans de l’eau ou dans du bouillon ; après quoi on met cette pâte découpée dans un plat, au fond duquel on a eu soin de mettre un peu de beurre bien frais ; on met le plat sur le feu, & l’on applique une pelle rouge au-dessus de la pâte, afin de la rissoler, & les noudles sont préparées. On peut, si l’on veut, saupoudrer le tout avec du fromage de Parmesan. Ce ragoût est à-peu-près semblable au vermicelli ou aux macaroni des Italiens, excepté que ces dernieres pâtes ont presque toujours un goût de moisissure que les noudles n’ont pas, parce qu’on les fait à mesure que l’on en a besoin.

NOUE, s. f. (Archit.) c’est l’endroit où deux combles se joignent en angle rentrant ; ce qui fait l’effet contraire de l’arestier : on appelle noue corniere la noue où les couvertures de deux corps de logis se joignent.

Noue est aussi le nom d’une espece de tuile en demi-canal pour égouter l’eau. Quelquefois les couvreurs emploient au lieu de noues, des tuiles hachées, qu’ils taillent exprès à coups de martelet.

Noue de plomb ; c’est une table de plomb au droit du tranchis, & de toute la longueur de la noue d’un comble d’ardoise. Elle sert à égoutter les eaux. Daviler. (D. J.)

Noué, être noué, c’est être rachitique. Voyez Rachitique.

Noué, adj. (terme de Blason.) Ce mot se dit de ce qui est lié & entouré ; ainsi on dit porter d’argent à deux fasces nouées de gueule.

Nouées, terme de Vénerie, c’est la fiente des cerfs, qu’ils jettent depuis la mi-Mai jusqu’à la fin d’Août. Ils jettent leurs fumées toutes formées, grosses, longues & nouées.

Il y a de la différence entre les fumées du relevé du soir & celles du matin, les premieres sont mieux digérées que celles du matin, à cause du repos & du tems que le cerf a eu de faire son ronge & digérer son viandis ; au contraire celles du matin ne sont pas si digérées, à cause de l’exercice qu’ils font la nuit en viandant.

Nouer la longe, terme de Fauconnerie, c’est mettre l’oiseau en mûe, & l’empêcher de voler pendant quelques mois.

On dit aussi en fauconnerie nouer ou nager entre deux airs.

On appelle noues les fondrieres, marécages & autres terres basses & humides qui accompagnent les étangs, les rivieres & les torrens.

NOVELLARE, petite ville d’Italie dans le comté de même nom, dont elle est le chef-lieu. Elle est située entre Guastalla vers le nord, Carpi à l’orient, Reggio au midi, & Verceil au couchant. L’empereur a disposé de cette ville en 1737 en faveur du duc de Modene, auquel il l’a donné en fief. Elle est à 7 lieues de Parme. Long. 28. 12. lat. 44. 50. (D. J.)

NOVELLES, s. f. pl. (Jurispr.) sont des constitutions de quelques empereurs romains, ainsi appellées quasi novæ & recenter editæ, parce qu’elles étoient postérieures aux lois qu’ils avoient publiées.

Elles ont été faites pour suppléer ce qui n’avoit pas été prévu par les lois précédentes, & quelquefois pour réformer l’ancien droit en tout ou partie.

Quoique les novelles de Justinien soient les plus connues, & que quand on parle des novelles simplement on entende celles de cet empereur, il n’est pourtant pas le premier qui ait donné le nom de novelles à ses constitutions ; il y en a quelques-unes de Théodose & Valentinien, de Martian, de Léon &