Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ordinairement entre les tropiques, n’arrive en Nubie, qu’après avoir parcouru les terres de l’Arabie, sur lesquelles il prend une chaleur que le petit intervalle de la mer Rouge ne peut guere tempérer. On ne doit donc pas être surpris d’y trouver les hommes tout-à-fait noirs.

La Nubie est un des pays des plus inconnus qu’il y ait dans le monde. Il est vrai que le P. Tellez, MM. Ludolf & autres, nous ont donné des descriptions de ce pays, sur des mémoires un peu plus sûrs que les anciens voyageurs qui n’avoient fait que le défigurer par leur hardiesse & leur mauvaise foi ; mais enfin tous ces auteurs n’ont décrit que cette partie de l’Ethiopie que nous appellons Abyssinie, & non pas celle que nous appellons Nubie. (D. J.)

NUBILE, adj. (Gramm.) qui a l’âge requis par la nature & par la loi pour le mariage. Les filles sont nubiles à douze ans, les garçons à quatorze ; l’âge nubile est aussi appellé l’âge de puberté.

NUCERIA, (Géog. anc.) ville d’Italie dans la Pouille, presqu’aux confins des Hirpins, & qui devint colonie romaine. Cicéron la nomme Luceria, & Tite-Live appelle les peuples Lucerini. Cette ville se nomme aujourd’hui Lucera. Il y a 2°. Nuceria ville d’Italie dans l’Umbrie en-deçà de l’Apennin, auprès de la source du Tinuo. C’est aujourd’hui Nocera camellaria. 3°. Nuceria, ville d’Italie dans la Campanie, aux confins du Picenum, auprès du fleuve Saruo, est la ville qu’on nomme à présent Nocera. 4°. Nuceria, ville d’Italie dans la Gaule Cispadane, sur le Pô, au-dessous de Brixellum, s’appelle de nos jours Luzara.

NUCHTLI, (Hist. nat.) fruit d’Amérique, qui est assez semblable à une figue, & qui comme elle est remplie de graine. Il y en a de différentes couleurs à l’extérieur ; on en trouve de vertes, de blanches, de jaunes & de panachées ; intérieurement le fruit est de couleur de chair ou rouge ; elle colore en rouge l’urine de ceux qui en ont mangé. C’est, suivant les apparences, un nom indien du figuier d’inde.

NUCK conduits de, (Anat.) Nuck, medecin allemand, professa l’Anatomie dans l’université de Leyde ; il a composé différens ouvrages, & il a découvert le premier les petits conduits salivaires supérieurs, les conduits aqueux de l’œil qui portent son nom, de même que la glande lacrymale. Voyez Œil, Salivaire, &c. Ses ouvrages sont intitulés, Sialographia, Leyd. 1680 8°. & 1722, Adenographia, Leyd. 1691 & 1722.

Glande de Nuck, en Anatomie ; ce sont plusieurs petites glandes situées dans les fosses orbitaires, entre le muscle abducteur, & la partie supérieure de l’os de la pommete. Voyez Glande & Crane.

Elles tirent ce nom de leur inventeur Antoine Nuck, professeur en Médecine à Leyde. Ce même auteur a donné son nom à un conduit salivaire, ductus nuckianus. Voyez Salivaire & Aqueux.

NUCTULIUS, s. m. (Mythol.) dieu de la nuit, différent de Lunus ; mais il n’est connu que par une inscription trouvée à Brest, sur une statue qui représente ce dieu sous la figure d’un jeune homme, vêtu à-peu-près comme Atys, éteignant son flambeau, & ayant à ses piés une chouette.

NUDIPÉDALES, (Antiq. rom.) nudipedalia ; fête extraordinaire qu’on ne célebroit à Rome que fort rarement, & toûjours par ordonnance du magistrat. On marchoit nus piés dans cette fête pour se mortifier à l’occasion de quelque calamité publique, comme peste, famine, inondations, sécheresse & autres malheurs pareils. Lorsque les dames romaines elles-mêmes, avoient à offrir de grandes supplications à la déesse Vesta, elles faisoient leurs processions nus

piés dans le temple de cette divinité.

Il est très-vraissemblable que les prêtres des Hébreux alloient nus piés dans le temple du Seigneur, du moins dans une partie du temple ; car comme tous les habits sont prescrits aux sacrificateurs, Exod. xxviij. sans aucune mention des souliers, que d’ailleurs Moyse en s’approchant du buisson ardent, ôta les souliers de ses piés, on a lieu de présumer que les sacrificateurs faisoient la même chose dans le temple où Dieu résidoit d’une maniere extraordinaire. dans le schekina, sur le propitiatoire. Quoi qu’il en soit, il reste encore parmi les Chrétiens des traces, je ne dirai pas des nudipédales hébraïques, mais romaines. (D. J.)

NUDITÉS, s. f. (Peint. & Sculpt.) on nomme nudités, des figures qui ne sont pas couvertes dans plusieurs parties, ou qui sont entierement immodestes. Toute nudité n’est pas blâmable dans un tableau, parce que souvent le sujet ne permet pas à l’artiste d’agir autrement. Il seroit ridicule de voir Adam & Eve habillés ; c’est pour cela que les statues sont presque toutes nues au milieu de nos places, & que dans nos églises même, les vierges ont le sein découvert, l’enfant Jésus ainsi que les anges, sont toujours peints nus. Les tableaux de Raphaël, de Michel-Ange, de Jules Romain & de tous les autres grands peintres, qui ornent nos églises, ne présentent que des figures d’hommes & de femmes nues, parce que le sujet qu’ils traitoient l’exigeoit nécessairement : il y auroit donc de la foiblesse à en être scandalisé.

Mais il ne faut pas que les nudités puissent faire rougir ceux qui les regardent. Il ne faut pas représenter aux yeux des honnêtes gens, ce qu’on n’oseroit pas faire entendre à leurs oreilles. Ces peintures impudiques s’appelloient en latin libidines. Parrhasius entre les anciens, n’étoit pas moins repréhensible à cet égard, que l’est entre les modernes Marc-Antoine Raimond, pour de certaines gravures trop connues. Pline dit en parlant de Parrhasius  : pinxit & ex minoribus tabellis libidines, eo genere petulantis joci se reficiens.

Il est vrai que c’étoit la coutume de peindre les femmes nues dans les endroits publics de la Grece & de Rome. La Vénus de Médicis est une nudité admirable pour l’élégance & le beau fini ; mais toutes les nudités des Grecs & des Romains n’étoient pas des libidines. Les peintures obscenes, dont on porta les représentations en gravure sur l’or, l’argent, & jusque sur les pierres précieuses, ità ut in poculis libidines cœlabant ; de telles peintures, dis-je, ne prirent faveur qu’avec la corruption. Tite-Live raconte qu’on voyoit alors sur les murs d’un temple détruit de Lanuvium, une Hélene & une Atalante nues, d’une si grande beauté, & en même-tems peintes si immodestement, que des personnes craignant que ces nudités ne fussent que propres à allumer des passions criminelles, vouloient les tirer de-là, mais qu’un ancien préjugé ne permit pas de les laisser enlever.

Cependant la Chaussée se justifie très-bien d’avoir mis au jour les monumens obscenes du paganisme, & Léonard Agostini n’a pas craint de dédier au pape ses gemme antiche, parmi lesquelles on en voit plusieurs qui représentent les choses les plus immodestes. Enfin les peintures d’Herculanum ne sont pas exemptes de nudités licentieuses ; mais il n’étoit pas possible de les supprimer sans tomber dans le ridicule. (D. J.)

NUDS-PIÉS SPIRITUELS ou SÉPARÉS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) anabatistes qui s’éléverent en Moravie dans le seizieme siecle, & qui se vantoient d’imiter la vie des Apôtres, vivans à la campagne, marchans les piés nus, & témoignant une extrème