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lypso, ne l’exemptent pas de reproche ; mais on peut observer qu’il est encore retenu là par un pouvoir supérieur, & que dans tout le reste du poëme il ne tente qu’à regagner Ithaque. Son absence n’est donc tout au plus que l’occasion des désordres qui se passent dans sa cour, & par conséquent la moralité qu’y voit le P. le Bossu paroît fort mal fondée.

L’auteur d’un discours sur le poëme épique, qu’on trouve à la tête des dernieres éditions du Télémaque, a bien senti cette inconséquence, & trace de l’odyssée un plan bien différent & infiniment plus sensé. « Dans ce poëme, dit-il, Homere introduit un roi sage, revenant d’une guerre étrangere, où il avoit donné des preuves éclatantes de sa prudence & de sa valeur : des tempêtes l’arrêtent en chemin, & le jettent dans divers pays dont il apprend les mœurs, les lois, la politique. Delà naissent naturellement une infinité d’incidens & de périls. Mais sachant combien son absence causoit de désordres dans son royaume, il sur monte tous ces obstacles, méprise tous les plaisirs de la vie, l’immortalité même ne le touche point, il renonce à tout pour soulager son peuple ».

Le vrai but de l’odyssée, considerée sous ce point de vûe, est donc de montrer que la prudence jointe à la valeur, triomphe des plus grands obstacles ; & envisagé de la sorte, ce poëme n’est point le livre du peuple, mais la leçon des rois. A la bonne heure que la moralité qu’y trouve le pere le Bossu s’y rencontre, mais comme accessoire & de la même maniere qu’une infinité d’autres semblables, telles que la nécessité de l’obéissance des sujets à leurs souverains, la fidélité conjugale, &c. Gérard Croës hollandois, a fait imprimer à Dort en 1704, un livre intitulé ΟΜΗΡΟΣ ΕΒΡΑΙΟΣ, dans lequel il s’efforce de prouver qu’Homere a pris tous ses sujets dans l’Ecriture, & qu’en particulier l’action de l’odyssée n’est autre chose que les pérégrinations des Israélites jusqu’à la mort de Moïse, & que l’odyssée étoit composée avant l’iliade, dont le sujet est la prise de Jéricho. Quelles visions !

ODYSSIA, (Géog. anc.) promontoire de Sicile vers l’extrémité orientale de la côte méridionale, selon Ptolomée, l. III. c. iv. ses interpretes disent que c’est aujourd’hui Capo-Marzo.

ŒANTHE, (Géog. anc.) ville de Grece dans la Locride ; mais comme les Locres & les Etoliens étoient voisins, Polybe donne cette ville à l’Etolie. Son nom moderne est Pentagii.

ŒBALIE, Œbalia, (Géog. anc.) surnom donné au pays de Lacédémone à cause d’Œbalus, compagnon de Phalente ; mais ce surnom n’a pas été borné au pays des Lacédémoniens dans le Péloponnese, car Virgile appelle Tarente, colonie lacédémonienne, du même nom d’Œbalie.

Namque sub Œbaliæ memini me turribus altis
Quâ niger humectat flaventia culta Galesus
Corytium vidisse senem, &c.

Georg. l. IV. vers. 125.

« Près de la superbe ville de Tarente, dans cette contrée fertile qu’arrose le Galese, je me souviens d’avoir vû autrefois un vieillard de Cilicie ».

ŒBAN d’or, (Monnoie.) autrement ouban d’or, espece de monnoie de compte du Japon. Les mille œbans font 45 mille taels d’argent.

ŒCALIE, (Géog. anc.) en grec Οἰϰαλίη, nom commun à plusieurs villes de Grece, suivant la remarque de Strabon. 1° Œcalie étoit une ville de Grece dans la Thessalie, dont parle Homere, Iliad. B. v. 730. 2° Œcalie, dans l’Euboée ; 3° Œcalie, ville du Péloponnese dans la Messénie ; 4° Œcalie, ville d’Arcadie ; 5° Œcalie, ville de l’Etolie chez les Euristanes. (D. J.)

ŒCONOMAT, s. m. (Jurisprud.) signifie regle & administration ; ce terme n’est guere usité que pour exprimer la fonction & administration de ceux qui sont préposés à la régie du temporel des évêchés & abbayes pendant la vacance.

On entend aussi quelquefois par le terme d’œconomat le bureau des œconomes sequestres.

Les œconomats tirent leur origine des commandes que l’on donnoit autrefois à des ecclésiastiques, & même à des séculiers, lesquels à ce titre avoient la garde & la régie des revenus d’une église cathédrale ou abbatiale.

En France, cette régie n’a lieu présentement pour les bénéfices de nomination royale que pendant la vacance en régale.

Il y a un directeur général des œconomats, & deux œconomes sequestres du clergé.

Le tiers des revenus qui se portent aux œconomats est employé à l’entretien des nouveaux convertis, ce qui a été ainsi ordonné pour obliger les nouveaux titulaires à obtenir leurs bulles, au lieu qu’auparavant plusieurs, pour éviter le coût des bulles, s’arrangeoient avec les œconomats pour jouir sous leur nom des fruits du bénéfice.

Il y a un des bureaux du conseil destiné pour examiner les affaires des œconomats.

Les comptes des œconomats se rendent à la chambre des comptes. Voyez ci-après Œconome. (A)

ŒCONOME, s. m. (Jurisprud.) est celui qui est préposé pour régir & administrer les revenus de quelque église, communauté ou particulier.

Les hôpitaux & communautés ont des œconomes, qui ont soin d’en faire la dépense, & particulierement celle de bouche.

Les œconomes sequestres du clergé sont ceux qui font la régie du temporel des évêchés & abbayes pendant la vacance.

Le roi avoit créé en 1691 des œconomes sequestres en titre d’office dans chaque diocese pour avoir l’administration des bénéfices, dont les fruits seroient sequestrés par sentence ou arrêt ; mais par l’édit du mois de Décembre 1714, ces offices ont été supprimés, & les fonctions d’œconomes sequestres sont remplies par des personnes préposées par le conseil. Voyez ci-devant Œconomats.

Œconome spirituel étoit autrefois un ecclésiastique qui avoit le gouvernement d’une église pendant la vacance ; ces sortes d’œconomes furent établis lors des différends de la cour de France avec celle de Rome, on créa dans chaque diocese des œconomes en titre d’office, lesquels non contens de régir le temporel, entreprirent aussi de nommer des vicaires, conférer les bénéfices, donner des dimissoires, & faire généralement toutes les fonctions qui appartiennent aux légitimes titulaires ; mais la paix étant faite entre les deux puissances, tous ces œconomes, appellés vulgairement œconomes spirituels, furent révoqués par l’édit de Melun en 1580. Voyez les définitions canoniques au mot Œconomes. (A)

ŒCONOMIE, conduite sage & prudente que tient une personne en gouvernant son propre bien ou celui d’un autre.

Il y a l’œconomie politique. Voyez ce mot à l’ortographe Economie.

Il y a l’œconomie rustique ; c’est ce qui a rapport à toute la vie rustique.

Pour encourager les hommes à l’œconomie, un auteur moderne observe qu’en Angleterre on afferme pour 20 schelings par an un acre de tout ce qu’il y a de meilleur en terre, & qu’on la vend pour 20 livres sterlings ; qu’un acre de terre contient 43560 piés en quarré, & qu’il y a 4800 sols dans une livre sterling ; que par la division on trouve le quotient de 9, & pour restant 360, ce qui fait voir