Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/611

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donne les desseins des parties inférieures & supérieures.

Ordre attique, petit ordre de pilastres de la plus courte proportion, qui a une corniche architravée pour entablement comme l’ordre, par exemple, du château de Versailles au-dessus de l’ionique du côté du jardin.

Telles sont les proportions de l’ordre attique : sa hauteur, en y comprenant son piédestal & sa corniche, a ordinairement la moitié de la hauteur de l’ordre sur lequel il est élevé, soit qu’il y ait des piédestaux ou non. Cette hauteur se divise ainsi : le piédestal a le quart de toute la hauteur : les trois autres quarts se divisent en quatorze parties, qui sont autant de modules. On prend deux de ces parties, dont l’une est pour la base y compris le listeau, l’autre pour le chapiteau ; & on donne un module à la hauteur de la corniche, de sorte qu’il reste dix modules pour la hauteur du fût du pilastre, y compris l’astragale du chapiteau. M. Jacques-François Blondel a publié sur ces proportions une dissertation dans l’architecture françoise, t. I. p. 83, qui mérite d’être lue.

L’ordre attique étoit connu des anciens, mais il étoit différent de celui que nous venons de définir. Pline, dans son Histoire naturelle, liv. XXXVI. dit que les colonnes de cet ordre étoient quarrées. M. Perrault, d’après la description de Pline, & sur quelques desseins que M. Demonceaux lui avoit communiqués, & que celui-ci avoit fait d’après plusieurs chapiteaux trouvés dans des ruines ; M. Perrault, dis-je, donne, dans sa traduction de l’architecture de Vitruve, page 133, le dessein de cet ordre qui est tel : le chapiteau a un collier ou gorgerin, avec un rang de feuilles, un rondeau, un ove, une plate-bande, une gueule renversée, & un listeau. Le fût est quarré, & par-tout d’une égale épaisseur. Le bas de la colonne consiste dans une plinthe, un thore, un listeau, une cymaise dorique, & un rondeau.

Ordre caryatique. C’est un ordre qui a des figures de femmes à la place de colonnes. Voyez Caryatides. Il y a un ordre de cette espece au gros pavillon du Louvre, dont les caryatides sont de M. Jacques Sarrazin, sculpteur du roi.

Ordre composé. C’est un ordre arbitraire & de pur caprice, qui n’a aucun rapport avec les cinq ordres d’architecture. Tel est l’ordre du dedans dans l’église de S. Nicolas du Chardonnet à Paris : les chapiteaux des huit colonnes dans la chapelle de Gadagne, dans l’église des Jacobins à Lyon, sont d’ordre composé, & ils sont tous différens les uns des autres. On voit encore à Rome des ordres composés dans les ouvrages d’Architecture du Cavalier Baromini.

Ordre françois, ordre dont le chapiteau est composé d’attributs relatifs à la nation françoise, comme des têtes de cocqs, de fleurs de lys, de pieces des ordres militaires, &c. & qui a les proportions corinthiennes. Il y a un ordre françois dans la grande galerie de Versailles : il est du dessein de M. le Brun, premier peintre du roi.

Ordre gothique. C’est un ordre si éloigné des proportions & des ornemens antiques, que ses colonnes sont ou trop massives en maniere de piliers, ou aussi menues que des perches avec des chapiteaux sans mesures, taillés de feuilles d’acanthe épineuse, de choux, de chardons, &c.

Ordre persique. C’est un ordre dorique qui a des figures d’esclaves persans au lieu de colonnes, pour porter l’entablement. On voit dans le parallele de l’Architecture antique avec la moderne de M. de Chambray, un de ces esclaves qui porte un entablement dorique, & qui est copié d’après l’une des deux statues antiques des rois des Parthes, lesquelles

sont aux côtés de la porte du salon du palais Farnese à Rome. Telle est l’origine de l’ordre persique : Pausanias, roi des Lacédémoniens, ayant défait les Perses, les vainqueurs éleverent des trophées des armes de leurs ennemis, qu’ils représenterent ensuite chargés des entablemens de leurs maisons. Voyez l’Archit. de Vitruve, liv. I. chap. j.

Ordre rustique, ordre qui est avec des refends ou bossages. Tels sont les ordres du palais de Luxembourg à Paris.

Je n’ajoute qu’un mot à ce détail de Daviler sur les ordres d’Architecture.

Les curieux voyageurs qui nous ont donné le bel ouvrage des ruines de Palmyre en 1753, remarquent que dans la diversité des ruines qu’ils ont vûes en parcourant l’Orient, ils ont eu occasion d’observer que chacun des trois ordres grecs a eu son période à la mode. Les plus anciens édifices ont été doriques ; à cet ordre a succédé l’ionique, qui semble avoir été l’ordre favori, non-seulement en Ionie, mais par toute l’Asie mineure, le pays de la bonne Architecture dans le tems de la plus grande perfection de cet art. Ensuite le corinthien est venu en vogue, & la plûpart des édifices de cet ordre qui se trouvent en Grece semblent postérieurs à l’établissement des Romains dans ce pays-là : enfin a paru l’ordre composé accompagné de toutes les bisarreries, & alors on sacrifia entierement les proportions à la pature & à la multiplicité mal entendue des ornemens. (D. J.)

Ordre, ce mot, en Vénerie, signifie l’espece ou les qualités des chiens : on dit un bel ordre de chiens.

Ordre, la tour d’ (Géog.) on appelloit ainsi le phare que les Romains avoient éleve à Boulogne-sur-mer, pour servir de guide aux vaisseaux. M. de Valois l’appelle, je ne sai pourquoi, turris ordinis ; car ni le mot françois ordre, ni le latin ordo, ne sont l’origine d’une pareille dénomination. Ce phare est nommé odraüs pharus dans la vie de saint Folcuin, évêque de Terouanne ; c’est donc d’Odraüs que paroît venir le mot d’ordre, qu’on donne à cette tour ; mais on ignore également & la signification, & l’étymologie de ce mot odraüs. (D. J.)

ORDUNA, (Géog.) ville d’Espagne en Biscaye, dans une vallée agréable, entourée de hautes montagnes. Long. 14. 15. lat. 43. 10. (D. J.)

ORDURE, s. f. (Gram.) il se dit de tout ce qui gâte, salit & corrompt. Les ordures d’une maison, les ordures du corps humain, les ordures de l’ame, les ordures du discours. Dans ce dernier exemple, ordure est synonyme d’obscénité.

ORDURIER, s. m. pelle ou auge de bois, dont l’usage dans les communautés est de recevoir les ordures qu’on balaie, pour être transportées.

ORÉADES, s. f. (Myth.) nymphes des montagnes ; on donnoit aussi ce nom aux nymphes de la suite de Diane, parce que cette déesse chasseresse fréquentoit beaucoup les montagnes avec un cortege de nymphes. (D. J.)

OREB & SINAÏ, (Géogr.) ce sont les Melanimontes que Ptolomée, l. V. c. xvij. place dans l’Arabie pétrée, le long des déserts, depuis le golfe auprès de Pharan, en tirant vers la Judée. Voyez aussi Horeb & Sinaï. (D. J.)

OREBITES, s. m. pl. (Hist. eccl.) hérétiques qui s’éleverent dans la Bohême vers l’an 1418 ou 1420, suivoient les erreurs des Hussites, parce que Zisca & ses partisans s’étoient cantonnés dans un lieu qu’ils nommerent Thabor, & avoient pris le nom de Thaboristes : ceux-ci, conduits par Bedricus, appellerent le lieu de leur retraite le mont d’Oreb, & se firent nommer Orebites. Ils en vouloient sur-tout aux prêtres orthodoxes, qu’ils faisoient mourir cruellement.