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vanité peupla les champs d’hommes serviles, que l’on chargea du travail des terres ; il ne demeura avec eux dans les villages que les pauvres gens qui n’avoient pas de quoi subsister dans les villes.

Comme ces gens-là n’étoient point enrôlés dans les armées romaines ; de-là vint ce contraste que l’on trouve entre les mots miles, un homme de guerre, & paganus, un homme qui ne va point à la guerre. Cette opposition est fréquente dans les Jurisconsultes ; mais elle est bien expressément marquée dans ces vers de Juvénal, Sat. xvj. v. 32.

Citiùs falsum producere testem
Contrà paganum posses, quam vera loquentem
Contrà fortunam armati.

« Le soldat trouvera bien plûtôt un faux témoin contre le villageois, que le villageois n’en trouvera un véritable contre le soldat ».

De paganus nous avons fait les mots de payen & de paganisme, parce que, comme les gens de la campagne, occupés d’un travail pénible, & destitués des secours de l’éducation, qui prépare l’esprit aux matieres de raisonnement, sont toujours plus attachés que les autres aux sentimens qu’ils ont sucés avec le lait, il arriva lorsque la religion chrétienne eut fait de grands progrès dans les villes, que les gens de la campagnes conserverent l’idolâtrie long-tems après la conversion des villes. Les mots de paganus & d’idolâtre devinrent alors synonymes, & nous avons adopté ce mot en l’accommodant à notre langue : ainsi nous appellons payens les idolâtres, & paganisme l’idolâtrie, qui est la religion des payens.

Nous avons aussi adopté le mot pagus, mais dans un sens que les anciens lui donnoient semblablement, & nous en avons fait le mot de pays. Les Romains l’ont employé dans le sens de canton ou contrée. La Thrace & l’Arménie étoient divisées en stratégies ou préfectures militaires ; la Judée en toparchies ou seigneuries ; l’Egypte en nomes : de même la Gaule & la Germanie étoient partagées en pagi, cantons : c’est sur ce pié-là que Jutes-César dit que les Sueves, peuples de Germanie, étoient divisés en cent cantons, centum pagos.

Samson divise les peuples en grands & en petits. Les grands peuples étoient ce que les anciens ont appellé civitas, & chaque civitas étoit divisée en pagi ; mais il faut aussi remarquer que les grands cantons nommés pagi étoient eux-mêmes divisés en des cantons ou pagi subalternes, qui en faisoient partie. Ainsi pagus Patavus, le Poitou, comprenoit pagus Lausdunensis, le Loudunois ; pagus Toarcensis, le pays de Thouars ; pagus Ratiacensis, le duché de Rets, &c. Ainsi les grands cantons ou pagi du premier ordre, ne sont point différens des cantons appellés civitas, c’est-à-dire des grands peuples ; mais les minores pagi, c’est-à-dire les petits cantons, en différoient beaucoup. (D. J.)

PAHAN, (Géog. mod.) ville des Indes, dans la presqu’île de Malaca, capitale d’un petit royaume de même nom, qui fournit du poivre & des éléphans ; les maisons sont faites de roseaux & de paille, le seul palais du roi est bâti de bois ; les rues sont pleines de cocos & d’autres arbres. Long. 122. lat. 3. 30.

PAIANELI, s. m. (Botan. exot.) arbre à siliques du Malabar ; on en compte deux especes ; l’une a la feuille faite en cœur, & le fruit oblong, plat, & contenant une semence membraneuse ; l’autre a les feuilles larges & pointues : on vante beaucoup leurs vertus en cataplasme pour la guérison des ulcères.

PAIDOPHILE, s. f. (Mythol.) surnom qu’on donnoit à Cérès, qui signifie qu’elle aime les enfans, & qu’elle les entretient ; c’est pourquoi on représente souvent cette déesse ayant sur son sein deux

petits enfans, qui tiennent chacun une corne d’abondance, pour marquer qu’elle est comme la nourrice du genre humain. (D. J.)

PAILLASSE, s. f. (Architecture.) on nomme ainsi dans une cuisine & près de la cheminée, un solide de brique ou de maçonnerie, de la longueur d’environ six piés, sur deux ou trois de large, & de neuf à dix pouces de hauteur, sur lequel on entretient les mets dans un degré de chaleur convenable, avant d’être servis sur la table. (P)

Paillasse, s. f. terme de Pailleur, ouvrage de grosse toile, creux & fendu par le milieu, qu’on remplit de paille, & qu’on met sur le bois de lit, & sous le matelas ou le lit de plume.

PAILLASSONS, s. m. (Jardinage.) ce sont des especes de claies faites de grande paille avec des perches posées en maille, & attachées les unes aux autres avec de l’osier pour entretenir la paille. Rien n’est si utile que les paillassons pour garantir les couches & les espaliers des vents froids. On les soutient sur les couches par le moyen de perches posées en long & en-travers de la couche en maniere de chassis. (K)

Paillasson, (ouvrage de Nattier.) piece de natte couverte par-dehors d’une grosse toile, que le peuple en Italie & en Espagne met l’été devant les fenêtres pour se garantir de l’ardeur du soleil. On hausse & on baisse ces paillassons avec des cordes autant qu’on veut. En France on a des stores, des jalousies en bois peint en verd, qui conviennent mieux au climat. (D. J.)

Paillasson en terme d’Orfévre, est un amas de nattes de paille tournées en rond en commençant au centre, & finissant à sa circonférence. L’on en éleve plusieurs lits l’un sur l’autre jusqu’à la hauteur qu’on veut ; ces rangs ou lits sont cousus l’un à l’autre avec de la ficelle ; il doit avoir plus de diametre que le billot qu’il porte ; il sert à rompre l’effet du marteau lorsque l’on frappe sur l’enclume.

PAILLE, s. f. (Maréchallerie.) c’est le tuyau des gros & menus grains, après qu’ils ont été battus à la grange. Il y a la paille du blé, du segle, de l’avoine. La paille hachée mêlée avec l’avoine, sert dans quelques pays de nourriture aux chevaux : on la hache avec une machine appellée hachoir ou coupe-paille ; la paille pour la litiere est communément sans épis & sans grain.

Paille, (Commerce.) il se fait un grand commerce de paille pour l’engrais des terres, après qu’elle a été réduite en fumier, & avant ce tems-là pour la nourriture de divers animaux, ainsi que pour des ouvrages de Nattiers, & de Tourneurs-Empailleurs de chaise. On se sert aussi de paille pour les emballages de caisses de marchandises.

Pailles de bittes, (Marine.) ce sont de longues chevilles de fer qu’on met à la tête des bittes pour tenir le cable sujet. (Z)

Paille, (Métallurgie.) c’est un endroit défectueux dans ses métaux, qui les rend cassans & difficiles à forger ; on le dit sur-tout du fer & de l’acier.

Paille de fer, (Forgerie.) ce sont des especes d’écailles qui tombent de ce métal quand on le forge à chaud. Elles servent à faire le noir, & quelques autres couleurs des Peintres sur verre.

Paille, (Jouaillerie.) ce mot désigne un défaut qui se trouve dans les pierres précieuses, particulierement dans les diamans ; c’est quelque petit endroit obscur, étroit, & un peu long, qui se trouve dans le corps de la pierre précieuse, & qui en interrompt l’éclat & le brillant. Quelques personnes confondent la paille avec la glace & la surdité ; mais ces trois défauts sont différens ; les pailles diminuent davantage le prix du diamant.

Paille, courir à la, (Salines.) c’est hâter la cuisson