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Tondre une palissade, c’est la dresser avec le croissant, qui est une espece de faulx. Daviler. (D. J.)

Palissade, arbre de, (Hist. nat.) arbre de l’Amérique méridionale, qui se trouve sur-tout à Surinam. Les Indiens s’en servent pour construire leurs cabanes. Il porte des fleurs en si grande abondance, que ses rameaux s’affaissent sous son poids ; ces rameaux ressemblent à des balais de bouleau. Les gousses que produit cet arbre contiennent une graine semblable à du millet.

PALISSAIRE couronne, (Art. milit. des rom.) c’est ainsi que quelques-uns de nos antiquaires appellent la couronne dont les Romains récompensoient ceux qui forçoient les premiers la palissade des ennemis : on les nomme plus communément vallaires. Les couronnes triomphales, palissaires, murales, le chêne & le laurier qu’on décernoit aux vainqueurs, de même que les trophées d’armes, étoient les attributs de la guerre chez les anciens romains. (D. J.)

PALISSÉ, adj. en terme de Blason, se dit d’un rang de palissades représentées sur une fasce, qui s’élevent d’une hauteur considérable, & qui sont éguisées par le bout d’en-haut, à-travers lesquelles on apperçoit le champ. Voyez nos Pl. hérald.

Il se dit aussi chez nous des pieces à paux au fasce, aiguisées & enclavées les unes dans les autres.

Die Mystinkofe à Lubeck, d’azur à trois troncs écotés d’or, enclos dans une enceinte ronde palissée de même.

PALISSER, PALISSAGE, (Jardinage.) le palissage est l’art de placer & d’attacher sur des murailles, ou sur des treillages, dans un certain ordre, les branches des arbres qui sont plantés à leur pié.

Ce travail se fait au printems, durant la taille & suivant les divers bourgeons qui ont poussé depuis cette taille ; on recommence en été d’attacher chaque branche & chaque bourgeon au treillage, qui couvre le mur, ou à la loque qu’on y a mise.

Le palissage n’est pas plus dans l’ordre de la nature, que la transplantation, la taille & l’ébourgeonnement ; cette opération demande que les arbres soient dans leur liberté, dardant en avant leurs rameaux pour suivre la direction & l’impression de l’air. En effet, on a beau retenir, arrêter, attacher avec du jonc ou de l’osier les bourgeons, ils s’écartent toujours du mur par leurs extrémités. L’air est autant l’élement des branches & des rameaux, que la terre est celui des racines. Les arbres en plein vent ne cherchent qu’à s’étendre ; on les voit passer horisontalement leurs rameaux, alongés en même tems qu’ils élevent leurs cimes vers le ciel, quelques efforts même que l’on fasse, la nature revient à son premier principe Juvenal, Satyre xiij. v. 239. tamen ad mores natura recurrit. Si vous laissez une année les arbres d’un espalier sans les tailler, les ébourgeonner & les palisser, ils deviendront aussitôt des buissons, ou des arbres de haute tige.

On a deux objets dans le palissage ; le premier, l’utilité ; le second, l’agrement de plaire aux yeux.

L’utilité se tire d’une bonne taille, & procure sûrement l’abondance, une plus prompte maturité, & une fécondité successive & perpétuée dans un arbre.

On n’a d’autre vûe dans le second objet, que de bien étendre les branches d’un arbre, de maniere qu’il couvre exactement toutes les parties d’un mur ; rien ne cause plus de plaisir aux yeux, que de voir la verdure mêlée avec le coloris charmant que prennent les fruits quand ils sont bien gouvernés.

Le palissage contribue à une plus prompte maturité des fruits, la branche étant plus exposée à l’air, aux rosées, & aux pluies fécondes. Au lieu que dans les arbres en buisson, ou à plein vent, l’air passe & traverse de toutes parts ; mais aux espaliers il est brisé, & il n’a point le même jeu ni la même action : ainsi

le mur arrête la réverbération du soleil & en fixe la chaleur sur les fruits, qui prennent du goût & de la saveur pour peu qu’ils soient dégagés des touffes de feuilles & de bourgeons : si au contraire ces fruits étoient offusqués par un palissage trop garni, ils ne recevroient pas du soleil cette teinte brillante dont lui seul est capable de les peindre & de les colorer. Il est certain que plus le fruit approche de la muraille, plus il a de goût, & qu’il mûrit plus promptement.

On palisse les arbres ordinairement avec de l’osier ou du jonc, sur des treillages de bois, ou de fil-de-fer, en étendant les branches pour couvrir le mur où elles sont liées ; mais si le mur est enduit de plâtre, on se sert de clous où l’on arrête la branche passée dans un petit morceau d’étoffe appellé loque. De cette maniere le bois ni le fil-de-fer ne blessent point la chair des fruits ; outre que par cet enduit du mur on ne voit point manger les fruits par les lésards, limaçons, perce-oreilles, courcillieres, qui se retirent dans les trous & joints des pierres, inévitables dans les murs qui ne sont point gobetés.

On trouvera la maniere de palisser & d’arranger les branches d’un arbre en espalier à l’article de la Taille, où cette méthode sera traitée à fond, suivant les nouvelles découvertes. Voyez Taille. (K)

PALISSON ou PAISSON, s. m. est un instrument à l’usage des Mégissiers & des Peaussiers. C’est un outil de fer assujetti sur un montant de bois de la hauteur de deux piés & demi. Le fer du palisson est une plaque presque quarrée, d’environ 6 pouces de hauteur & de largeur, mais cependant un peu arrondie par en-haut ; il est aussi un peu éguisé par en-haut, mais le tranchant en est bien émoussé pour ne point couper les peaux qu’on travaille dessus. Le bois du palisson consiste en un montant un peu massif afin qu’il soit plus solide, & une espece de banquette qui le rend encore plus ferme, en lui donnant plus de base : le palisson est quelquefois même maçonné en terre.

Il y a des palissons doubles auxquels deux ouvriers peuvent travailler à la fois, ils sont même plus solides que les autres, parce qu’ils ont plus de base. Ce sont des especes de bancs, d’environ 4 piés de longueur, des deux extrémités desquels s’élevent 2 montans forts, qui sont armés par en-haut d’un palisson chacun.

La maniere de se servir du palisson est de tenir des deux mains les deux bouts de la peau que l’on façonne, & de la froter fortement de tous côtés sur le taillant du palisson. Voyez la fig.

PALIURE, s. m. (Hist. nat. Botan.) paliurus ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit en forme de bouclier, qui renferme un noyau presque rond ; ce noyau se divise en trois loges dans lesquelles il y a une amande de la même forme. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Cet arbrisseau nommé en latin paliurus, & en anglois the christ-thorn, s’éleve quelquefois à la hauteur d’un homme. Sa racine est dure, ligneuse, d’un bois très-ferme ; ses rameaux sont longs & épineux, mais les épines qui se rencontrent proche des feuilles sont plus petites & moins nuisibles que celles des autres endroits ; ses feuilles sont petites, presque rondes, pointues, de couleur verte obscure, & comme rougeâtres ; ses fleurs sont petites, jaunes, ramassées au sommet des branches, composées chacune de 5 petales, disposées en rond dans la rainure d’une rosette qui se trouve au milieu du calice. Cette rosette devient par la suite un fruit fait en forme de bouclier, relevé au milieu, délié sur les bords, & comme entouré d’un feuillet membraneux. On trouve au centre de ce fruit un noyau sphéroïde, divisé en 3 loges, qui contiennent pour l’ordinaire chacune une semen-