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toujours altéré jusque dans son centre ; il se sépare par la suppuration des ligamens, après quoi la plaie ne tarde pas à guérir ; pour abréger la cure, on peut faire l’amputation de la phalange ; mais cela étant un peu douloureux, la plûpart des malades préferent la chûte naturelle de l’os ; pour l’accélerer on panse avec la teinture de myrrhe & d’aloës, ou d’autres médicamens exfoliatifs. Voyez Exfoliation.

L’appareil après l’opération du panaris se fait en appliquant par-dessus de la charpie, dont on remplit & couvre l’incision, une petite compresse circulaire, une autre en croix de Malte, compresse dont le plein est posé sur le bout du doigt, & dont les quatre chefs entourent le doigt en-dessus, en-dessous, & aux parties latérales ; on maintient le tout avec une petite bandelette coulée circulairement sur la partie en doloire. Voyez Doloire. Dans les premiers tems on met le bras en écharpe, voyez Echarpe, & sur la fin de la cure on met le doigt dans une espece d’étui de peau ou de taffetas qu’on appelle un doigtier.

M. Astruc, auteur d’un traité des tumeurs & des ulcères, imprimé à Paris en 1759, chez Cavelier, prétend que les auteurs qui ont multiplié les especes de panaris, n’ont connu ni la nature ni le siége de cette maladie. Il restraint cette dénomination au dépôt d’une très-petite quantité de lymphe roussâtre ou sanguinolente, qui se forme entre la racine de l’ongle & la couche cartilagineuse qui recouvre le périoste, & contre laquelle l’ongle est attaché ; ce léger commencement peut avoir les suites les plus dangereuses, par les accidens qui surviennent, si on ne les prévient pas à tems par la méthode de Fabricius Hildanus. Cet auteur rapporte dans ses Observations, qu’ayant été plusieurs fois appellé dans le commencement du panaris, il se hâtoit de faire sur-le-champ une incision à la peau qui couvre la racine de l’ongle où étoit le mal ; qu’il y découvroit, après avoir raclé la racine de l’ongle, un ou deux petits points ou taches sur l’ongle, & que les ayant ouverts avec la pointe du bistouri, il en sortoit une ou deux gouttes d’une lymphe rousse, ce qui procuroit sur-le-champ la guérison du malade. Gui de Chauliac & Jean de Vigo regardoient le panaris comme une maladie mortelle. Celui-ci dit qu’il n’y connoit point de plus grand remede que d’ouvrir le doigt promptement avant la parfaite maturation de l’abscès. Ambroise Paré s’applaudit d’avoir suivi ce précepte. Après avoir laissé couler le sang, il faisoit tremper le doigt dans du vinaigre chaud, où l’on avoit fait dissoudre de la thériaque. Il regardoit le panaris comme une maladie causée par une humeur vénéneuse. M. Astruc dit que le panaris n’arrive jamais qu’aux gens de travail qui sont exposés à se piquer ou à se coigner les doigts, ensorte que la cause est toujours externe. En n’admettant pour vrai panaris que la tumeur aux environs de l’ongle, suivant la définition, on ne détruit point la vérité des faits & l’existance des maladies qui ont fait établir les différentes especes que nous avons décrites dans cet article, & qu’il est indispensable de connoître & de savoir traiter. (Y)

PANARUCAN, (Géog. mod.) ville des Indes, capitale d’un petit royaume de même nom, dans l’île de Java, à 10 lieues nord de Palambuan ; le roi du lieu est payen ainsi que ses sujets. Long. 128. 10. lat. 7. 30. (D. J.)

PANATHÉNÉES, s. f. pl. (Antiq. grecq.) anciennement athénées. Les panathénées, παναθήναια, étoient des fêtes célébrées à Athenes en l’honneur de Minerve, elles furent d’abord instituées en Grece par Erictonius, fils de Vulcain, ou comme d’autres le prétendent, par Orphée.

Divers peuples depuis Cécrops & ses successeurs jusqu’à Thésée, habitoient les différentes bourgades

de l’Attique ; chaque bourgade avoit ses magistrats, & dans chaque endroit la police & la justice s’administroient sans nulle dépendance réciproque ; on ne reconnoissoit Athenes pour ville principale qu’en tems de guerre. Thésée parvenu à la royauté, entreprit de lier ces parcelles de gouvernement, jusques-là fort détachées ; il réussit dans son projet ; les villes subalternes s’incorporerent en une seule, & l’auteur de cette réunion mémorable résolut d’en éterniser la mémoire en rétablissant les panathénées ; quelques auteurs même assurent que ce fut lui qui les institua.

Quoi qu’il en soit, on recevoit à ces fêtes, suivant l’intention de Thésée, tous les peuples de l’Attique dans la vûe de les habituer à reconnoître Athènes, où elles se célébroient, pour la patrie commune. Ces fêtes dans leur simplicité & dans leur premiere origine ne duroient qu’un jour ; mais ensuite leur pompe s’accrut, & on leur donna un terme plus long.

On établit alors de grandes & de petites panathénées ; les grandes se célébroient tous les cinq ans, le 23 du mois Hécatombeon, & les petites se solemnisoient tous les trois ans, ou plûtôt tous les ans le 20 du mois Thurgelion ; chaque ville de l’Attique, chaque colonie athénienne, dans ces occasions, devoit en forme de tribut un bœuf à Minerve ; la déesse avoit l’honneur de l’hécatombe, & le peuple en avoit le profit : la chair des victimes servoit à régaler les spectateurs.

On proposoit à ces fêtes des prix pour trois sortes de combats ; le premier qui se faisoit le soir, & dans lequel les athletes portoient des flambeaux, étoit originairement une course à pié ; mais depuis elle devint une course équestre, & c’est ainsi qu’elle se pratiquoit du tems de Platon. Le second combat étoit gimnique, c’est-à-dire que les athletes y combattoient nuds, & il avoit son stade particulier, construit d’abord par Lycurgue le rétheur, puis rétabli magnifiquement par Hérodes Atticus. Le troisieme combat institué par Périclès, étoit destiné à la poésie & à la musique.

On y voyoit disputer à l’envi d’excellens chanteurs, qu’accompagnoient des joueurs de flûte & de cithare ; ils chantoient les louanges d’Harmodius, d’Aristogiton, & de Thrasybule. Des poëtes y faisoient représenter des pieces de théâtre jusqu’au nombre de quatre chacun, & cet assemblage de poëmes s’appelloit tétralogie ; le prix de ce combat étoit une couronne d’olivier & un barril d’huile exquise, que les vainqueurs par une grace particuliere accordée à eux seuls, pouvoient faire transporter où il leur plaisoit hors du territoire d’Athènes ; ces combats, comme on vient de le dire, étoient suivis de festins publics & de sacrifices qui terminoient la fête.

Telle étoit en général la maniere dont se célébroient les panathénées, mais les grandes l’emportoient sur les petites par leur magnificence, par le concours du peuple, & parce que dans cette fête seule, on conduisoit en grande & magnifique pompe un navire orné du voile ou du peplus de Minerve, & après que ce navire, accompagné du plus nombreux cortége, & qui n’alloit en avant que par des machines, avoit fait plusieurs stations sur la route, on le ramenoit au même lieu d’où il étoit parti, c’est-à-dire au céramique.

On sait que le péplus de Minerve étoit une robe blanche sans manches, brochée d’or, où étoient représentées, non-seulement les mémorables actions de cette déesse, mais encore celles de Jupiter ; des héros, & même de ceux qui avoient rendu de grands services à la république. A cette procession assistoient toutes sortes de gens vieux & jeunes, de l’un & de