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En premier lieu, il traduit en deux manieres certains tems du verbe, qui n’ont en effet que l’une des deux significations ; amarem (que j’aimasse, dit-il, ou j’aimerois) ; amavi (j’aimai ou j’ai aimé) : amavissem (que j’eusse ou j’aurois aimé) : or, amarem appartenant au mode subjonctif, ne peut pas signifier j’aimerois, ni amavissem, j’aurois aimé ; parce que ce sont des tems du mode suppositif qui manque absolument au latin. Voyez Mode, Subjonctif, Suppositif. C’est la même méprise par rapport à amavi ; il présente toujours le passé sous le même aspect, & conséquemment il doit toujours être rendu en françois de la même maniere, j’ai aimé : notre j’aimai est un tems qui étoit inconnu aux Romains. Voyez Tems. En second lieu, le rudiment de P. R. donne tout à la

fois un sens actif & un sens passif à chacun des trois gérondifs & au supin en u : c’est une contradiction frappante qu’il n’est pas possible de croire que l’usage ait jamais autorisée : quelques exemples mal analysés ont occasionné cette erreur ; un peu plus d’attention la corrigera ; il n’y a de gérondifs & de supins qu’à la voix active. Voyez Gérondif, Supin. Je n’ajouterai pas ici toutes les observations que je pourrois faire sur la dénomination & l’ordre des tems ; on peut voir le système que j’adopte sur cette matiere, article Tems. Je me contenterai donc de présenter quelques tems du verbe amo, sous la forme que je crois la plus convenable pour affecter l’imagination d’une maniere utile.
Présens. Indicatif.
Singulier. Pluriel.
Indéfini. Amo, j’aime. Amamus, nous aimons.
amas, tu aimes ou vous aimez. amatis, vous aimez.
amat, il ou elle aime. amant, ils ou elles aiment.
 
Définis. Antérieur. Amabam, j’aimois. Amabamus, nous aimions.
amabas, tu aimois ou vous aimiez. amabatis, vous aimiez.
amabat, il ou elle aimoit. amabant, ils ou elles aimoient.
 
Postérieur. Amabo, j’aimerai. Amabimus, nous aimerons.
amabis, tu aimeras ou vous aimerez. amabitis, vous aimerez.
amabit, il ou elle aimera. amabunt, ils ou elles aimeront.

On peut disposer de même les prétérits & les futurs, au subjonctif comme à l’indicatif, à la voix passive comme à la voix active. Il y a seulement à observer qu’une pareille exposition occupant trop de largeur pour une page in-octavo, on peut prendre le parti de mettre sur la page verso qui est à gauche, les dénominations générales des tems, disposées comme on le voit ici ; & sur la page recto qui est à droite, le pur paradigme du verbe sur les deux colonnes paralleles du singulier & du pluriel.

Dans les tems composés, il y a toujours quelques

mots qui sont communs à toutes les personnes : il sera utile de ne les écrire qu’une fois à côté du tems, sur une ligne couchée verticalement. 1o. Cette disposition fera mieux sentir ce qu’il y a de commun & de propre à chaque personne. 2o. Comme l’expédient est également de mise en latin & en françois, il servira à diminuer la largeur du paradigme, qui, sans cela, occuperoit souvent plus d’espace que n’en comporte la page, & forceroit à mettre une seule personne en deux lignes. Voici sous cette forme le futur défini antérieur du même mode :

Singulier. Pluriel.
Amaturus, a, um eram, je devois aimer. Amaturi, æ, a eramus, nous devions aimer.
eras, tu devois ou vous deviez eratis, vous deviez
erat, il ou elle devoit erant, ils ou elles devoient

On distingue communément quatre conjugaisons régulieres des verbes latins, différenciées principalement par la voyelle qui précede le re final du présent de l’infinitif : c’est un a long dans les verbes de la premiere conjugaison, amāre (aimer) ; c’est un e long dans ceux de la seconde, monēre (avertir) ; c’est un e bref pour la troisieme, legĕre (lire) ; & c’est un i long pour la quatrieme, audīre (entendre). On a coutume de donner trois paradigmes à chacune de ces conjugaisons ; l’un, pour les verbes de terminaison active, soit absolus, soit relatifs ; le second, pour les verbes de la voix passive ; & le troisieme, pour les verbes déponens. Cela est très-bien ; mais il me semble qu’il seroit mieux encore de partager en deux especes les verbes de la troisieme conjugaison, & de mettre dans l’une, ceux qui ont une consonne avant o au présent indéfini de l’indicatif, comme lego, & dans l’autre, ceux qui ont au même tems un i avant o, comme capio : dans ce cas, il faudroit trois paradigmes pour les verbes de la premiere espece, par exemple, lego, legor & sequor ; il en faudroit pareillement trois pour ceux de la seconde, par exemple, capio, capior & aggredior : il me semble que ce n’est pas assez pour les commençans, d’une simple remarque telle que celle du rudiment de P. R. pag. 46.

On a coutume de mettre à la suite des conjugaisons régulieres, les paradigmes des verbes anomaux ou irréguliers, & l’on fait bien ; mais je voudrois qu’on le fît avec plus d’ordre, & que l’on suivît celui des conjugaisons mêmes. Le rudiment de P. R. débute par eo qui est de la quatrieme conjugaison ; viennent ensuite volo, malo, nolo & fero, qui sont de la troisieme ; puis, possum & prosum, qui tiennent au verbe substantif ; & enfin, edo & comedo, qui sont encore de la troisieme : c’est un vrai desordre, & d’ailleurs la liste des anomaux n’est pas complette.

Comme le verbe sum est un auxiliaire nécessaire dans les conjugaisons régulieres, on doit en trouver le paradigme des le commencement. D’où je conclus que les irréguliers possum & prosum doivent être conjugués les premiers de tous les anomaux. Comme il n’y en a point à la premiere conjugaison, il faut conjuguer ensuite audeo, dont le prétérit est ausus sum ou fui ; & il servira de paradigme à gaudeo, gavisus sum ou fui, à soleo, solitus sum ou fui, &c. Il y a un verbe de la troisieme conjugaison qui suit la même anomalie ; c’est fido, fisus sum ou fui : il faut aussi le conjuguer pour servir de paradigme à ses composés confido, diffido : fio, qui tient lieu de passif à facio dans ses présens, & qui n’a d’autres prétérits ni d’au-