Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/933

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnard, ou une courte épée, que l’on porte à la ceinture. Cependant la figure de ce bâton, & la maniere dont on le tient, ne dit rien moins que cela. Il n’y a qu’à consulter la médaille honor & virtus de Galba, où l’honneur tient ce prétendu parazonium en l’air, un bout appuyé sur le genou ; celle de Tite & de Domitien où l’un & l’autre le tient appuyé sur le flanc, & nullement attaché à la ceinture. Je trouve une médaille d’Antonin Pie dans M. Patin, où le parazonium, qu’il appelle en ce lieu-là scipio, est en travers sur les deux épaules en forme de carquois. Dans les revers même de Vespasien, où Rome armée porte le parazonium, il n’est point placé à la ceinture, ni de figure à pouvoir être attaché. On ne voit pas non plus qu’on le puisse aisément manier, ni qu’il y ait ce que nous appellons la garde de l’épée, & que les Latins nommoient capulus.

D’ailleurs, on ne sait de quel usage seroit une pareille arme ; s’il est vrai, comme on dit, que c’étoit une petite épée sans pointe. Car malgré la belle moralité qu’on en tire ; savoir, que le prince doit être modéré dans ses châtimens, & ne pas punir avec la derniere rigueur ; l’épée n’est donnée que pour percer & pour tuer. D’ailleurs que devient ce beau sentiment, si on leur met à la main un javelot très pointu, & quelquefois même par les deux bouts, comme dans la médaille d’Antonin Pie, & dans celle d’Elagabale ?

Je voudrois bien savoir pourquoi les médailles ne donnent jamais d’épée ni aux empereurs, ni aux soldats mêmes, lorsqu’ils sont représentés en habit militaire ; car on ne peut pas dire que cette sorte d’armure fût inconnue aux Grecs & aux Romains. Je répondrois bien, que c’est par la même raison qu’ils n’ont jamais mis d’éperons à leurs statues équestres : mais ce n’est qu’éluder la difficulté. Ce qu’il y a de plus vraissemblable, malgré la prévention, c’est que le parazonium est un bâton de commandement, tel qu’est parmi nous le bâton de maréchal de France.

Voilà pour ce qui regarde le parazonium des médailles ; car je ne voudrois pas nier que dans les auteurs, ce mot ne désigne quelquefois le pugio, l’épée espagnole, gladius hispaniensis, qui devint d’un usage assez général chez les Romains, & qu’on attachoit à la ceinture du côté droit. (D. J.)

PARC, s. m. (Architect. mod.) c’est un grand clos ceint de murs, où l’on enferme du gibier & des bêtes fauves, commes sangliers, cerfs, chevreuils, &c. On comprend dans le parc tel nombre, telle quantité & qualité de terre que l’on veut, labourables ou pâturages, avec des bois taillis & des futaies.

Les plans qui doivent dominer dans le parc pour la retraite & la bonté du gibier, sont les chênes, pommiers, poiriers, houx, arbousiers, genievriers, & autres arbres & arbrisseaux sauvages portant fruits, dont le gibier se délecte. Il y faut aussi le passage de quelques ruisseaux, ou du moins plusieurs endroits bas, qui puissent recevoir l’eau des pluies, y former des petits étangs, des mares, & rafraîchir le gibier dans les tems de secheresse.

Dans la saison stérile, il y faut jetter pour la subsistance des grosses bêtes, du grain, des fêves, du marc de vin ; il faut semer du foin, de l’orge, de l’avoine, & du sarrasin dans les mauvaises terres du parc. On seme aussi pour le menu gibier de la chicorée, des laitues, & autres herbages de leur goût. Pour que les bêtes sauvages connoissent qu’on leur donne à manger, il faut en avoir quelques autres apprivoisées qui courent avec elles de tous côtés, & qui les amenent à la pâture.

Comme les parcs doivent être ainsi fournis pour mériter ce nom, & que d’ailleurs ils doivent être

très-spacieux ; cette magnificence n’appartient qu’aux rois & aux princes : mais c’est un défaut de goût que d’y rechercher trop les alignemens, les allées, les avenues, les décorations & les autres travaux de l’art.

On en vante en vain l’industrie,
Leur ennuyeuse symmétrie
Nous plaît moins qu’un heureux hasard :
On aime des forêts altieres
Où les routes moins régulieres
Offrent plus de diversité.
La nature y tient son empire,
Et partout l’œil surpris admire
Un désordre plein de beauté.


(D. J.)

Parc de moutons, (Agricult.) palissade mobile qu’on fait dans les champs pour enfermer les moutons qu’on mene paître en été, dans les lieux éloignés où ils passent la nuit. Les bergers changent leur parc de tems en tems pour fumer les terres l’une après l’autre. Les loups n’attaquent pas les moutons dans leur parc, à cause des chiens qui les gardent.

On parque pour engraisser la terre, sur laquelle on met le parc, soit terre labourable, verger, pâtis, ou même prairie, quand elle n’est point marécageuse. Le fumier de mouton communique à la terre des sels de fécondité qui la ranime, & les brebis qui ne parquent que pendant des nuits douces, ne se trouvent que mieux du changement de gîte.

Ce parc, dans lequel on fait coucher les bêtes à laine, n’est autre chose qu’un quarré grand à proportion du nombre des bêtes, qu’on y enferme dans des grandes claies de bois posées contre des pieux, & soutenues en-dehors par des piquets. Pour faire ces claies, on prend des petites perches du même bois, qu’on choisit plus grosses & plus droites. On les appelle montans, & on les met à un bon pié & demi de distance l’une de l’autre ; on croise les petites perches sur les montans, en commençant par le bas, & quand on en a fait quatre piés de haut, on y laisse un vuide d’un demi-pié, & on recommence au-dessus à entrelacer les perches sur les montans, jusqu’à la hauteur de cinq à six piés, qui est la hauteur ordinaire de chaque claie. Elle a aussi communément sept piés de long, parce qu’on prend des perches de cette longueur : on peut les faire plus longues, en mettant des perches bout-à-bout l’une à l’autre. Le vuide qu’on y a laissé est l’endroit où posent les piquets. Les montans des deux bouts de chaque claie doivent être plus forts que les autres, parce qu’ils soutiennent l’ouvrage. On a soin de les lier fortement avec des bonnes harres, ou avec de l’osier. On fait des claies autant que l’on juge en avoir besoin, selon l’étendue du parc & le nombre des bestiaux.

Les claies étant faites, on les voiture sur le lieu qu’on veut parquer ; & là on fiche des pieux en terre d’espace en espace, en formant le plan du quarré dans lequel on veut enfermer le troupeau. On met les claies entre ces pieux, en commençant par le bout d’une des quatre faces qu’aura le parc. On dresse ces claies en longueur tout le long des pieux, ensorte que si le premier est en-dedans du parc, le second est en-dehors. On continue ainsi jusqu’à ce que les autres faces soient garnies ; alors, pour mieux soutenir les claies, on les appuie en-dehors avec des piquets de six piés en six piés mis en contre-fiche, & arrêtés à un des montans à l’endroit de la claie qui n’est point entrelacée. Au bas de chaque piquet, il y a un trou dans lequel on met un grand coin qu’on enfonce en terre avec un maillet, c’est ce qui tient les claies en état.

On laisse la derniere claie à un coin du parc, sans être appuyée, pour y servir d’entrée aux troupeaux.