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un petit mouvement presque insensible de libration ou d’oscillation que doit avoir, suivant quelques philosophes, un long pendule attaché fixement à un plancher, & qu’on y laisse en repos.

Il est certain que le centre de gravité de la terre change continuellement de place, ne fût-ce que par le mouvement du flux & reflux. Voyez Flux et reflux. Or ce mouvement dans le centre de gravité doit produire une altération dans la direction & le mouvement des graves. Reste à savoir si cette altération est sensible. Pour cela il faut suspendre à un plancher un long pendule, & voir si ce pendule est dans un parfait repos. Un gentilhomme de Dauphiné, nomme Calignon de Peirins, ami de Gassendi, ayant fait cette expérience sur un pendule de trente piés, prétendit y avoir observé du mouvement ; ce qui occasionna entre les Savans une dispute dont on peut voir le détail dans l’histoire de l’académie de 1742 : depuis ce tems, d’autres savans ont entrepris de répéter la même expérience, & ont trouvé des résultats différens, les uns tenant pour le balancement, les autres le niant. Enfin M. Bouguer, dans les Mémoires de l’académie de 1754, a traité cette matiere avec beaucoup de soin ; & il en résulte que la réciprocation du pendule, lorsqu’il y en a, tient à une cause prochaine & irréguliere, & ne peut être mise au rang des phénomenes généraux qui dépendent du système du monde. (O)

Pendule, s. f. (Horlogerie.) espece d’horloge à pendule, exécutée en général avec plus de précision que les horloges de cette espece, & qui n’en differe essentiellement que par la disposition de ses parties, sur-tout de la cage qui ressemble fort à celle des montres.

Dans le tems où l’on commença à appliquer le pendule aux horloges, les premieres dans lesquelles on employa ce nouveau régulateur, furent probablement appellées d’abord horloges à pendule, ensuite simplement pendules ; & comme ces horloges n’étoient que d’une grandeur médiocre & faites avec plus de précision que les autres, il est arrivé de-là, que malgré que dans toutes les horloges on ait substitué dans la suite le pendule au balancier, il n’y a eu que celles d’une certaine grandeur & dont nous venons de parler auxquelles on ait donné le nom de pendules, les autres ayant conservé celui d’horloges, comme horloge de clocher, de chambre, &c.

On distingue les pendules en général en pendules à poids & pendules à ressort. Dans les premieres, sont toutes les pendules à grandes vibrations, à équation, &c. Dans les secondes, sont toutes celles d’une certaine grandeur qui ont pour principe de mouvement un ressort, comme celles qui se mettent sur un pié, sur une table, qui se plaquent contre un mur, &c. telles font ordinairement les pendules à quinze jours à sonnerie, les pendules à quarts, les pendules à trente heures, les pendules à répétition, les pendules à trois parties ; c’est-à-dire celles qui répetent l’heure lorsque l’on tire le cordon, & qui sonnent en même tems l’heure & les quarts d’elles-mêmes. Enfin, celles à quatre parties, qui, outre les propriétés de ces dernieres ont encore celle d’être à réveil ; il y a encore des pendules à carillon & des pendules à remontoir, qui sont en quelque façon à poids & à ressort, la force motrice originale étant un ressort employé à faire sonner la sonnerie, & en même tems à remonter un poids qui fait aller le mouvement. Voyez Remontoir.

Pendule d’équation, (Horlogerie.) espece de pendule construite de façon qu’elle marque & l’heure du tems vrai, & celle du tems moyen ; au moyen de quoi, la différence entre ces deux especes d’heure, indique l’équation du soleil. Quoiqu’on ait commencé de très-bonne heure à faire des horloges cu-

rieuses qui marquoient les mouvemens des planetes,

&c. cependant leur mouvement étoit trop irrégulier, pour qu’on pensât à leur faire marquer les équations du soleil, ces horloges avançant ou retardant souvent d’une demi-heure en très-peu de tems, tandis que l’équation du soleil n’est que de seize minutes dans l’espace de trois mois. Mais dès que l’on eût appliqué le pendule aux horloges, le mouvement de ces horloges, ou plutôt de ces pendules, en devint si juste par rapport à celui des horloges ordinaires, qu’on s’apperçut bien-tôt que pour les bien régler, il falloit avoir égard à l’équation du soleil ; ce qui fit apparemment naître l’idée des pendules d’équation. Une des premieres dont on ait connoissance, est celle qui se trouva dans le cabinet du roi d’Espagne en 1699, dont parle M. Sully dans la regle artificielle du tems, édit. de pag. Cette pendule marquoit l’équation du soleil, au moyen de deux aiguilles, dont l’une indiquoit le tems vrai, & l’autre le tems moyen, & c’est de cette façon qu’on les a faites en Angleterre. Le même M. Sully propose dans le même livre de faire une pendule non pas d’équation, mais dont l’inégalité des vibrations du pendule répondroit à l’inégalité des jours, &c. Idée qui étoit aussi venue au R. P. D. Alexandre bénédictin, dès 1699, ce qu’il prouve par le certificat de l’académie royale des Sciences, qu’il rapporte : ce pere dans son traité des Horloges, s’efforce de prouver la beauté de cette invention ; mais pour peu qu’on entende l’horlogerie, on verra combien elle est ridicule, & que les pendules ne sont pas déja trop précises pour ajouter de nouvelles sources d’erreur dans l’alongement & le raccourcissement périodique du pendule ; mais il est inutile de parler de cette espece de pendules, qui ne sont réellement pas des pendules d’équation.

Pendule en tant qu’appliqué aux horloges. L’invention des horloges à pendule, qu’on appelle simplement pendule, est due à l’industrie heureuse du siecle passé : Huyghens & Galilée s’en disputent l’honneur. Le premier qui a fait un volume considérable sur ce sujet, déclare qu’on n’a exécuté cette espece d’horloge qu’en 1657, & qu’on n’en a imprimé la description qu’en 1658. Becker, dans sa nova dimetiendi temporis theoria, se déclare vivement pour Galilée, & rapporte (à la vérité de la seconde main) toute l’histoire de cette invention, ajoutant qu’un nommé Thessler, horloger du pere du grand duc de Toscane, qui vivoit de son tems, avoit fait la premiere pendule à Florence, sous la direction de Galilée, Galileo, & qu’il en avoit envoyé un modele en Hollande. L’académie del Cimento dit expressément, que l’application du pendule au mouvement des horloges avoit été d’abord proposée par Galilée, & que c’étoit son fils Vincenzo Galilei qui l’avoit mis le premier en pratique en 1649.

Quel qu’ait été l’auteur de cette invention, au moins est-il certain qu’elle n’a reçû sa perfection que de Huyghens, lequel fait remarquer avec soin, que si Galilée en a eu quelqu’idée, au-moins ne l’a-t-il pas portée à sa maturité.

C’est en 1662, que M. Fromentil, hollandois, a fait en Angleterre la premiere pendule.

Le pendule en tant qu’appliqué à l’horloge, est composé d’une verge d’acier, AB, fig. 18. (Pl. de la pendule à secondes) suspendue à un point fixe P ; de façon qu’elle puisse se mouvoir librement autour de lui ; & d’un corps grave B, auquel on donne la forme lenticulaire, afin de diminuer la résistance que l’air apporte à son mouvement.

Ce qui rend le pendule si supérieur aux autres régulateurs, c’est que perdant fort peu de son mouvement, il est entretenu en vibration par une force très-foible à son égard, & dont par conséquent les inégalités influent bien moins sur sa justesse.