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dité ou de sécheresse, efface l’image. Elle suppose donc une sorte de tempérie dans le cerveau.

15. La réminiscence s’exerce, non par le tourment de la mémoire, mais par le discours, & la recherche exacte de la suite des choses.

16. Le sommeil suit la stupeur ou l’enchaînement des sens ; il affecte sur-tout le sens interne commun.

17. L’insomnie provient des simulacres de l’imagination offerts dans le sommeil, quelques mouvemens s’excitant encore, ou subsistant dans les organes de la sensation vivement affectés.

18. L’intellect est la troisieme faculté de l’ame ; elle est propre à l’homme, c’est la portion de lui qui connoît & qui juge.

19. L’intellect est ou agent ou patient.

20. Patient, parce qu’il prend toutes les formes des choses ; agent, parce qu’il juge & connoît.

21. L’intellect agent peut être séparé du corps ; il est immortel, éternel, sans passion. Il n’est point confondu avec le corps. L’intellect passif ou patient est périssable.

22. Il y a deux actes dans l’entendement ; ou il s’exerce sur les indivisibles, & ses perceptions sont simples, & il n’y a ni vérité ni fausseté ; ou il s’occupe des complexes, & il affirme ou nie, & alors il y a ou vérité ou fausseté.

23. L’intellect actif est ou théorétique ou pratique ; le théorétique met en acte la chose intelligible ; le pratique juge la chose bonne ou mauvaise, & meut la volonté à aimer ou à haïr, à desirer ou à fuir.

24. L’intellect pratique & l’appétit sont les causes du mouvement local de l’animal ; l’un connoît la chose & la juge ; l’autre la desire ou l’évite.

25. Il y a dans l’homme deux appétits ; l’un raisonnable & l’autre sensitif : celui-ci est ou irascible, ou concupiscent, il n’a de regle que le sens & l’imagination.

26. Il n’y a que l’homme qui ait l’imagination délibérative, en conséquence de laquelle il choisit le mieux. Cet appétit raisonnable qui en naît doit commander en lui à l’appétit sensitif qui lui est commun avec les brutes.

27. La vie est une permanence de l’ame retenue par la chaleur naturelle.

28. Le principe de la chaleur est dans le cœur ; la chaleur cessant, la mort suit.

Métaphysique d’Aristote. 1. La Métaphysique s’occupe de l’être en tant qu’être, & de ses principes. Ce terme être se dit proprement de la substance dont l’essence est une ; & improprement, de l’accident qui n’est qu’un attribut de la substance. La substance est donc le premier objet de la Métaphysique.

2. Un axiome universel & premier ; c’est qu’il est impossible qu’une chose soit & ne soit pas, dans le même sujet, en même tems, de la même maniere & sous le même point de vue. Cette vérité est indémontrable, & c’est le dernier terme de toute argumentation.

3. L’être est ou par lui-même, ou par accident ; ou en acte ou en puissance, ou en réalité, ou en intention.

4. Il n’y a point de science de l’être par accident ; c’est une sorte de non-être ; il n’a point de cause.

5. L’être par lui, suit dans sa division, les dix prédicamens.

6. La substance est le support des accidens ; c’est en elle qu’on considere la matiere, la forme, les rapports, les raisons, la composition. Nous nous servons du mot de substance par préférence à celui de matiere, quoique la matiere soit substance, & le sujet premier.

7. La matiere premiere est le sujet de tout. Toutes les propriétés séparées du corps par abstraction, elle reste ; ainsi elle n’est ni une substance complete,

ni une quantité, ni de la classe d’aucun autre prédicament. La matiere ne peut se séparer de la forme ; elle n’est ni singuliere, ni déterminée.

8. La forme constitue ce que la chose est dite être ; c’est toute sa nature, son essence, ce que la définition comprend. Les substances sensibles ont leurs définitions propres ; il n’en est pas ainsi de l’être par accident.

9. La puissance est ou active ou passive. La puissance active est le principe du mouvement, ou du changement d’une chose en une autre, ou de ce qui nous paroît tel.

10. La puissance passive est dans le patient, & l’on ne peut séparer son mouvement du mouvement de la puissance active, quoique ces puissances soient en des sujets différens.

11. Entre les puissances il y en a de raisonnables, il y en a qui n’ont point la raison.

12. La puissance séparée de l’exercice n’en existe pas moins dans les choses.

13. Il n’y a point de puissance dont les actes soient impossibles. Le possible est ce qui suit ou suivra de quelque puissance.

14. Les puissances sont ou naturelles ou acquises ; acquises ou par l’habitude, ou par la discipline.

15. Il y a acte lorsque la puissance devient autre qu’elle n’étoit.

16. Tout acte est antérieur à la puissance, & à tout ce qui y est compris, antérieur de concept, d’essence & de tems.

17. L’être intentionnel est ou vrai ou faux ; vrai si le jugement de l’intellect est conforme à la chose ; faux si cela n’est pas.

18. Il y a vérité & fausseté même dans la simple appréhension des choses, non-seulement considérée dans l’énumération, mais en elle-même en tant que perception.

19. L’entendement ne peut être trompé dans la connoissance des choses immutables ; l’erreur n’est que des contingens & des passagers.

20. L’unité est une propriété de l’être ; ce n’est point une substance, mais un catégorème, un prédicat de la chose, en tant que chose ou être. La multitude est l’opposé de l’unité. L’égalité & la similitude se rapportent à l’unité ; il en est de même de l’identité

21. Il y a diversité de genre & d’espece ; de genre entre les choses qui n’ont pas la même matiere ; d’espece entre celles dont le genre est le même.

22. Il y a trois sortes de substances ; deux naturelles, dont l’une est corruptible, comme les animaux ; & l’autre sempiternelle, comme le ciel ; la troisieme immobile.

23. Il faut qu’il y ait quelque substance immobile & perpétuelle, parce qu’il y a un mouvement local éternel ; un mouvement circulaire propre au ciel qui n’a pu commencer. S’il y a un mouvement & un tems éternels, il faut qu’il y ait une substance sujet de ce mouvement, & mue, & une substance source de ce mouvement & non mue ; une substance qui exerce le mouvement & le contienne ; une substance sur laquelle il soit exercé & qui le mouve.

24. Les substances génératrices du mouvement éternel ne peuvent être matérielles, car elles meuvent par un acte éternel sans le secours d’autres puissances.

25. Le ciel est une de ces substances. Il est mu circulairement. Il ne faut point y chercher la cause des générations & des conceptions, parce que son mouvement est une forme. Elle est dans les spheres inférieures, & sur-tout dans la sphere du soleil

26. Le premier ciel est donc éternel ; il est mu d’un mouvement éternel ; il y a donc autre chose d’éter-