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ne reste que la face & quelque peu de lisses pour couvrir les cheveux : on se sert de deux cordons qui servent à serrer derriere.

On fait aussi des tempes de toupet ; après avoir pris ses dimensions on travaille comme pour une monture ; on monte le toupet de même, après avoir préparé le rang du bord de front, on fait d’autres petits rangs de la longueur du pouce, on y tresse derriere de la plaque. Si la personne a des cheveux en bourse, on la met longue ; si elle porte des cheveux ronds, on la met plus courte, comme celle d’un bonnet, après avoir passé au fer : on attache deux cordons de soie noirs ; on serre derriere, comme nous l’avons dit pour la demi-perruque, ou bien on se sert d’agraphes.

Voilà à-peu-près tout ce que l’on peut dire d’un art dont le travail est si subordonné à la fantaisie. Qui ne riroit pas en effet de voir une personne maigre, à joues creuses, à cou long, se faire accommoder bien court, bien en arriere, le derriere bien accompagné, & prendre toutes les précautions possibles pour se faire une tête de mort ?

Des perruques à deux queues. Elles sont plus ordinaires dans les cours d’Allemagne qu’ailleurs. On ne pouvoit se présenter devant le pere de la reine d’Hongrie d’aujourd’hui sans ces deux queues ; jeunes ou vieux, tous devoient en avoir. Ces coëffures se portent pour les grandes fêtes & pour les bals parés. Elles servent aussi aux comédiens dans les rôles de princes tragiques. Voyez-en la mesure dans nos Planches.

Ces perruques se tressent comme les perruques naturelles dont le derriere de la face iroit jusqu’à 12 ; & comme la mesure ne croise pas, on remplit le vuide avec la plaque qui sert à faire les deux queues ; le reste se tresse en diminuant & finit de se tresser de même. Communément on y fait des devans à toupet, quoique l’on puisse y en ajuster d’autres. La monture est celle d’une perruque à bourse, & se termine de la même maniere. Il faut observer qu’en préparant les lisses, il faut les faire épointées dans le bas pour que la queue aille en diminuant. Il est à propos que le bas frise pour qu’il sorte une boucle à l’extrémité des queues.

PERRUQUIER, s. m. (Art Méch.) celui qui fait des perruques & qui en fait négoce.

Comme l’usage des perruques étoit rare autrefois en France, les Perruquiers resterent long-tems sans former de communauté ; mais à mesure que l’usage en devint plus familier, on créa quarante-huit Barbiers-Baigneurs-Etuvistes, Perruquiers, qui furent confirmés par des Arrêts du Conseil des 11 Avril & 5 Mars 1634 ; au mois de Mars 1673, il s’en fit une nouvelle création de deux cens maîtres ; c’est cette communauté qui subsiste encore aujourd’hui.

Les statuts de ce corps, dressés au conseil le 14 Mars 1674, & enregistrés en parlement le 17 Août suivant, contiennent 36 articles : les trois premiers concernent l’élection de six syndics & gardes, & reglent la quantité de voix nécessaires pour cette élection.

Le 4. ordonne que les bassins servant d’enseignes aux Perruquiers seront blancs, pour les distinguer de ceux des Chirurgiens, qui doivent être jaunes.

Les 5, 6 & 7, parlent des visites, des prevôts, syndics & gardes.

Les 8 articles suivans traitent des apprentifs, & de leur réception à maîtrise.

Le 23. défend de se servir de la tresseuse de son confrere, sans un congé par écrit.

Le 26. marque, à qui il appartient de convoquer les assemblées.

Le 29. leur donne le droit exclusif de vendre des cheveux, & défend à toutes autres personnes d’en

vendre ailleurs qu’au bureau des Perruquiers.

Je ne rapporterai point les autres articles qui ne sont que de discipline.

PERSAN, s. m. (Archit.) c’est le nom qu’on donne à des statues d’hommes qui portent des entablemens. Voyez Persique, ordre.

PERSANES, Dynasties, (Hist. de. Perse.) les auteurs persans comptent quatre dinasties ou races des rois de Perse ; 1°. la race des Pischdadiens ; 2°. celle des Kianans ; 3°. celle des Eschganiens ; 4°. celle des Schekkans.

Les Pischdadiens ont pris leurs noms de Pisch, qui en persan signifie premier, & de dad qui signifie justice, comme si les rois de cette race avoient été les plus anciens administrateurs de la justice. Le premier des trente-six rois de cette famille, est nommé par les historiens persans Caioumarath ; il civilisa, disent-ils, les peuples, & leur fit quitter une vie sauvage, pour bâtir des maisons & pour cultiver la terre.

La famille des Kianans donna neuf rois à la Perse, dont le dernier est nommé par les mêmes historiens Alskander ; c’est Alexandre le Grand, à ce qu’ils prétendent.

La race des Eschganiens eut vingt-cinq rois, dont les auteurs persans nomment le premier Schabus, qui est le Sapor des Romains.

La race des Schekkans a produit trente-un rois, dont le dernier s’étant fait abhorrer de ses sujets par son gouvernement tyrannique, fournit aux Arabes & aux Mahométans le moyen de soumettre la Perse à leur domination.

PERSE, la, (Géog. mod.) grand royaume d’Asie, borné au nord par la Circassie & la Géorgie ; au midi, par le golfe Persique & la mer des Indes ; au levant, par les états du Mogol ; & au couchant, par la Turquie asiatique.

Le Mont-Taurus la coupe par le milieu, à-peu-près comme l’Apennin coupe l’Italie, & il jette ses branches çà & là dans diverses provinces, où elles ont toutes des noms particuliers. Les provinces que cette montagne couvre du nord au sud, sont fort chaudes : les autres qui ont cette montagne au midi, jouissent d’un air plus tempéré.

Le terroir est généralement sablonneux & stérile dans la plaine, mais quelques provinces ne participent point de cette stérilité. Il y a peu de rivieres dans toute la Perse, & même il n’y en a aucune de bien navigable dans toute son étendue. La plus grande, qui porte quelques radeaux, est l’Aras, l’Araxes des anciens, qui coule en Arménie ; mais si le terroir est sec par le défaut de rivieres, les Persans par leur travail & leur industrie, le rendent fertile dans une grande partie de l’empire.

Le climat de Perse est admirable pour la vigne ; on y recueille d’excellent vin, du riz, des fruits, & des grains de toute espece, excepté du seigle & de l’avoine ; les melons y sont d’une grosseur extraordinaire, & d’un goût exquis. Dès qu’on a passé le Tigre en tirant vers ce royaume, on ne trouve que des roses dans toutes les campagnes.

Les montagnes sont remplies de gibier ; mais la plus grande partie du commerce consiste à élever une quantité prodigieuse de vers à soie, dont on fait tous les ans plus de vingt mille balles de soie, chaque balle pesant deux cens seize livres. On en vend la plus grande partie en Turquie, dans les Indes, & aux Anglois & Hollandois qui trafiquent à Ormus. Une autre branche du commerce de la Perse, consiste en magnifiques tapis, en toiles de coton, en étoffes d’or & d’argent, & en perles.

Les Persans sont d’une taille médiocre, maigres & secs, comme du tems d’Ammien Marcellin, mais forts & robustes. Ils sont de couleur olivâtre, & ont