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goût de l’étude, & y fit de si grands progrès, qu’il avoit à-la-fois jusqu’à deux mille disciples. L’empereur le combla de présens ; mais on peut comparer l’accueil que Louis XII. lui fit en Italie, aux honneurs rendus par Pompée au philosophe Possidonius. Il étudioit en plein jour à la chandelle, parce qu’il lui falloit pour prévenir les distractions dans ses travaux littéraires, dérober à ses yeux la diversité des objets que le grand jour présente ; & ce n’est pas le seul homme de lettres qui, pour composer des ouvrages, ait été obligé de se concentrer en lui-même. On estime ses commentaires sur les pandectes & sur le code de Justinien. Il devint aveugle d’assez bonne heure, & imbécille sur la fin de sa vie qu’il termina en 1519, âgé de 84 ans.

Je ne dois pas oublier de nommer Collenuccio (Pandolto) parmi les gens de lettres, natif de Pesaro. Il est connu par une histoire de Naples, une apologie de Pline, un traité latin sur la vipere, & plus encore par sa mort tragique en 1507. Jean Sforce, tyran de Pesaro, ou, selon d’autres, César Borgia, duc de Valentinois, le fit étrangler en prison. Ange Politien, Lilio Giraldi, Pierius Valerianus, & autres écrivains ont consacré des éloges funebres à sa mémoire. (D. J.)

PESCARA, (Géog. mod.) ville d’Italie, au royaume de Naples, dans l’Abruzze citérieure ; elle est à l’embouchure d’une riviere de même nom (l’Aternus des anciens) qui prend sa source dans l’Apennin, & se jette dans la mer Adriatique, à six milles de Chieti, 8 au levant de Citta di Penna, 12 SE. d’Atri, 112 N. E. de Naples. Long. 31. 53. latit. 42. 20. (D. J.).

PESCE-DONNA, (Hist. nat.) ce mot signifie poisson-femme, il a été donné par les Portugais à un poisson d’eau douce qui se trouve dans le royaume de Congo en Afrique. On dit qu’il a la tête plate comme une grenouille, sa gueule est armée de deux rangées de dents blanches & déliées ; ses yeux sont grands & sortans ; ses narines sont larges comme celles d’un dogue ; son front est grand & ses oreilles évasées. Il a des poils fort longs qui flottent le long de son dos qui est large ; son cou est épais & court. Sur son estomac sont des mammelles fermes & tendues, le reste du ventre est velu ; le sexe est facile à distinguer. Cet animal singulier a des especes de bras longs & nerveux, au bout desquels sont cinq doigts qui ont chacun trois articulations ; chaque doigt est uni aux autres par une membrane semblable à celle des pattes d’un canard ; le ventre se termine en queue de poisson ; cette partie est couverte d’écailles & est fourchue, par-dessus le tout est une peau qui couvre l’animal comme d’un manteau, & qui va depuis le cou jusqu’aux deux tiers de la longueur du corps, c’est où il loge ses petits ; ce sont peut-être des poissons de cette espece qui ont donné naissance aux fables des naïades, des sirènes, &c.

Ce poisson se trouve dans les rivieres & les lacs du royaume de Congo ; il se retire parmi les roseaux, le mâle ne quitte gueres sa femelle ; on les tue malgré leurs cris lamentables, & leur chair est un manger délicat pour les Africains, quoique les Européens n’en portent point le même jugement. Les Négres attribuent beaucoup de vertus fabuleuses à leurs côtes & à deux os qui se trouvent au-dessus de leurs oreilles.

PESCÈSE, s. m. (Hist. ecclés. des Grecs.) c’est un tribut que l’on paye au sultan pour parvenir au patriarchat de Constantinople. Quelques seigneurs de Trébisonde s’étant mis en tête de faire patriarche un certain Siméon Hiéromoine, corrompirent plusieurs ecclésiastiques, pour accuser Kilocarabe d’avoir été l’inventeur du pescèse, de sorte qu’il fallut le déposer. Le prix du pescèse n’est pas fixé à une somme déterminée, parce que l’ambition l’a fait quelquefois por-

ter à un prix si excessif, que plusieurs patriarches

n’ont pu acquitter ce qu’ils avoient promis. Cependant M. le Clerc dit qu’il se monte à présent à mille ducats. Le patriarche Nectaire fut exilé faute d’avoir été en état de payer le pescèse. (D. J.)

PESCHERIE, la côte de la, (Géog. mod.) on donne ce nom à la partie méridionale de la péninsule de l’Inde. Elle s’étend depuis le cap de Commorin, jusqu’à la pointe de Ramanançor, l’espace de 40 lieues ; elle a le nom de pescherie, à cause de la pêche des perles qu’on y fait tous les ans au mois d’Avril, & à laquelle on emploie un grand nombre de pêcheurs ; ce sont les habitans de Tatucarin, ville capitale ou plutôt la seule de cette côte, qui s’y destinent principalement.

Les Hollandois y assistent en qualité de protecteurs, mais ils en sont véritablement les maîtres, car ils se font donner pour chaque bateau un droit considérable, & il y a quelquefois trois ou quatre cens bateaux pour cette pêche. Les commissaires hollandois viennent de Colombo, capitale de l’île de Ceylan, pour la diriger ; ils y font en même tems de grosses acquisitions de toiles, contre lesquelles ils donnent en échange de leurs épiceries des Moluques. Ils achetent aussi pour rien les coquillages qu’on nomme xauxur, qu’ils envoient ensuite dans le royaume de Bengale, où ils servent de monnoie, & où conséquemment ils les vendent fort cher ; enfin ils se réservent toujours le droit d’acquérir les plus belles perles ; & comme ils ont des effets recherchés par tous les habitans du lieu, ils font sur ces sortes de pierreries, un gain immense.

Toutes les perles qu’on retire le premier jour, sont pour le roi de Madure, ou pour le prince de Marava, à qui le pays appartient.

Cette côte dans le tems de la pêche, est exposée à des maladies contagieuses, qui viennent principalement de ce que les habitans se nourrissent alors de la chair des huitres, qui est malfaisante & généralement corrompue ; on ne voit partout que de méchans villages dépeuplés. Du tems des Portugais, cette contrée étoit florissante, parce qu’ils avoient permis aux Pararas (c’est le nom des peuples de la côte de la pescherie) de trafiquer avec leurs voisins ; mais depuis que ce secours leur manque, ils sont réduits à une extreme pauvreté. (D. J.)

PESCHIERA, (Géog. mod.) ou Pesciera, petite ville d’Italie dans le Véronois, avec une forteresse. Les Vénitiens la prirent aux ducs de Mantoue en 1441. Elle est sur le lac de la Garda, à l’endroit où le Menzo en sort, à 5 lieues O. de Vérone. Long. 28. 12. latit. 45. 23. (D. J.)

PESCIA, (Géog. mod.) Fanum Martis, petite ville d’Italie dans la Toscane, au Florentin, sur la petite riviere de même nom, entre Lucques au S. O. & Pistoye au N. E. Long. 28. 15. Latit 43. 52. (D. J.)

PESÉE, s. f. (Comm.) ce qui se pese en une seule fois ; chaque pesée de marchandises doit avoir son trait, c’est-à-dire être trébuchante & emporter le poids qui est dans l’autre bassin de la balance.

Pesée en Perse où les sacs d’argent se pesent & ne se comptent pas. On fait cinquante pesées de chaque sac d’abassis qui doit être composé de deux mille pieces de cette monnoie, en sorte que chaque pesée n’est que d’un toman ou cinquante abassis ; mais lorsqu’on soupçonne qu’il y a dans les sacs des pieces ou fausses ou legeres, les pesées ne sont que de vingt-cinq abassis qu’on pese non contre un poids mais contre vingt-cinq autres abassis de poids, ce qui découvre le faux ou la légereté des autres. Voyez Abassis. Dictionn. de comm.

PESE-LIQUEUR, s. m. (Phys.) est la même chose