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qui remportoient le prix aux jeux publics de la Grece, aussi sont-elles intitulées les olympiques, les neméenes, les pythyques, lesisthmiques. Le nom de Pindare n’est guere plus le nom d’un poëte que celui de l’enthousiasme même. Il porte avec lui l’idée de transports, d’écarts, de désordre, de digressions lyriques ; cependant il sort beaucoup moins de ses sujets qu’on ne le croit communément ; ses pensées sont nobles, sentencieuses, son style vif & impétueux, ses saillies sont hardies ; mais quoiqu’il paroisse quelquefois quitter son sujet, il ne le finit jamais sans y revenir.

Les poëmes de Pindare sont difficiles pour plusieurs raisons ; 1°. par la grandeur même des idées qu’ils renferment ; 2°. par la hardiesse de s tours ; 3°. par la nouveauté des mots qu’il a souvent fabriqués exprès pour l’endroit où il les place ; & enfin parce qu’il est rempli d’une érudition détournée, tirée de l’histoire particuliere de certaines familles & de certaines villes, qui ont eu peu de part dans les révolutions connues de l’histoire ancienne.

Les hardiesses qui regnent dans ses odes, & surtout l’irrégularité de sa cadence & de son harmonie, ont fait imaginer à quelques poëtes qu’ils avoient fait des odes pindariques, parce que leurs vers se ressentoient du même délire, mais le public n’en a pas jugé de même. Cowley est de tous les auteurs anglois celui qui a le mieux réussi à imiter Pindare.

Dans la composition d’une ode pindarique le poëte doit d’abord tracer le plan général de la piece, marquer les endroits où les saillies élégantes & les efforts d’imagination produisent un plus bel effet, & enfin voir par quelle route il pourra revenir à son sujet. Voyez Enthousiasme.

PINDE, le (Géog. anc.) montagne de la Grece, fort célébrée par les Poëtes, parce qu’elle étoit consacrée aux Muses : ce n’étoit pas proprement une montagne seule, mais une chaîne de montagnes habitée par différens peuples de l’Epire & de la Thessalie, entre autres par les Athamanes, par les Aétiches, & par les Perrhèbes. Elle séparoit la Macédoine, la Thessalie, & l’Epire. Le Pinde, dit Strabon, liv. IX. est une grande montagne, qui a la Macédoine au nord, les Perrhèbes au couchant, les Dolopes au midi, & qui étoit comprise dans la Thessalie. Pline, liv. IV. chap. j. la place dans l’Epire ; pour accorder ces deux auteurs il suffit de dire que le Pinde étoit entre l’Epire & la Thessalie, & que les peuples qui l’habitoient du côté de l’Epire étoient réputés Epirotes, comme ceux qui l’habitoient du côté de la Thessalie étoient réputés Thessaliens. Tite-Live, liv. XXXII. nomme cette montagne Lyncus, & Chalcondyle, de même que Sophien, disent que le nom moderne est Mezzovo.

2°. Pindus étoit encore une ville de Grece, dans la Dorique, selon Pomponius Mela, liv. II. ch. iij.

3°. Pindus est aussi le nom d’un fleuve de Cilicie, près la ville d’Issus.

4°. C’est le nom d’une riviere de l’Epire, ou de la Macédoine : cette riviere rouloit ses ondes par sauts & à travers les rochers. (D. J.)

PINDENISSUS, (Géog. anc.) ville de Cilicie, près du mont Amanus, chez les Eléuthérociliciens, c’est-à-dire les Ciciliens libres. Strabon l’appelle πινδενισσὸς ; Ciceron s’en rendit maître l’an 702 de Rome, comme il le dit lui-même, epistola secunda ad Cælium. (D. J.)

PINÉALE, Glande pinéale, en Anatomie, est le nom d’un petit corps mollet, grisâtre, environ de la grosseur d’un pois médiocre, irrégulierement arrondi, quelquefois figuré comme une pomme de pin, d’où est venu le nom de pinéale, situé derriere les couches des nerfs optiques immédiatement au-dessus des tubercules quadrijumeaux. Voyez Tubercules.

C’est-là où Descartes prétend que l’ame réside d’une maniere particuliere.

PINEAU, s. m. (Agriculture.) c’est un raisin fort noir, qui vient en Auvergne, & qui est un des plus doux & des meilleurs à manger : le vin qu’on en tire s’appelle auvernat à Orléans, dans d’autres endroits morillon, & pineau en Auvergne : les Poitevins font beaucoup de cas du vin pineau. Trévoux. (D. J.)

PINEY ou PIGNEY, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la Champagne, élection de Troye, érigée en duché-pairie en 1581. Elle est à 6 lieues au nord-est de Troye. Long. 21. 48. lat. 48. 22. (D. J.)

PING-PU, (Hist. mod.) c’est ainsi que les Chinois nomment un tribunal ou conseil qui est chargé du département de la guerre, & qui a soin de tous les détails militaires : c’est lui qui donne les commissions pour les officiers de terre & de mer ; il ordonne les levées de troupes, les aprovisionnemens des armées ; il a soin de l’entretien des places fortes & des garnisons, de la discipline militaire, & de l’exercice des soldats. Il y a quatre autres tribunaux militaires subordonnés à celui dont nous parlons, ils sont présidés par des inspecteurs nommés par l’empereur à qui ils rendent compte de tout ce qui se passe, & ils veillent sur la conduite des membres des différens tribunaux, ce qui les tient en respect.

PINGUICULA, s. f. (Botan.) on appelle vulgairement en françois ce genre de plante grassette, & c’est sous ce nom qu’on en a donné les caracteres d’après Tournefort ; les voici maintenant dans le système de Linnæus.

Le calice est une enveloppe labiée, qui subsiste après la chûte de la fleur ; sa levre supérieure est droite & fendue en trois ; sa levre inférieure est recourbée & fendue en deux ; la fleur est labiée & monopétale ; sa grande levre est droite, obtuse, fendue en trois ; sa petite levre est fendue en deux, & plus ouverte ; le nectarium a la figure d’une cornue ; les étamines sont deux filets cylindriques, crochus, panchés dans le haut, & plus courts que le calice. Les bossettes des étamines sont arrondies ; le pistil a le germe sphérique, le stile très-court, & le stigmat composé de deux levres. Le fruit est une capsule ovoïde qui s’ouvre naturellement au sommet, & qui contient une seule loge pleine d’un grand nombre de semences cylindriques qui y sont placées à l’aise.

Tournefort distingue quatre especes de ce genre de plante, la commune, la blanche, la pourprée, & la petite à fleurs couleur de rose.

La commune est nommée proprement grassette en françois ; en anglois the common batter-wort, ou mountain-sanicle ; & par les Botanistes, sanicula montana, flore calcari donato.

Ses feuilles, qui sont en petit nombre, sont couchées sur terre, grasses au toucher, extrèmement luisantes, & d’un jaune tirant sur le verd pâle. Il s’éleve d’entre elles des pédicules, dont chacun soutient à son sommet une fleur purpurine, violette ou blanche, semblable à quelques égards à celles de la violette, mais d’une seule piece, terminée par un long éperon. Quand la fleur est passée il lui succede une coque enveloppée du calice dans sa partie inférieure ; cette coque s’ouvre en deux, & laisse voir un bouton renfermant plusieurs semences menues, presque rondes.

La grassette montagneuse croît sur les collines arrosées d’eau, ainsi que dans les lieux humides ; elle est vivace, se multiplie de graines sans être cultivée, fleurit au printems, & passe vîte. Elle est réputée vulnéraire & consolidante. Le sac onctueux & adoucissant qu’on en exprime sert d’un très-bon liniment pour les gersures des mamelles. La graisse de ses feuilles est aussi singuliere que celle du rossolis. Les