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la ronde. Il les considéra attentivement ; & après un mûr examen, il conclut que toutes les folies qu’on débitoit de cette pluie de sang, n’étoient qu’une fable. Cependant il n’en avoit point encore découvert la cause ; un hasard le lui fit trouver. Il avoit renfermé dans une boîte une belle & grande chrysalide. Un jour il entendit qu’elle rendoit un son ; il ouvrit la boîte, & il en sortit incontinent un beau papillon qui s’envola, laissant au fond de la boîte une assez grosse goutte rouge.

Il avoit paru dans le commencement du mois de Juillet une grande quantité de ces papillons. D’où M. de Peirese concluoit que ces taches rouges qui paroissoient sur les murailles, n’étoient autre chose que les excrémens de ces insectes. Il fut confirmé dans sa conjecture en examinant les trous dans lesquels ces sortes d’insectes se cachent ordinairement. D’ailleurs il remarqua que les murailles des maisons du milieu de la ville où les papillons ne volent point, n’avoient aucune de ces taches ; on n’en voyoit que sur celles qui tomboient à la campagne, jusqu’où ces insectes pouvoient s’être avancés, Enfin, il n’en remarqua point sur le sommet des maisons, mais seulement depuis les étages du milieu en bas ; ce qui est la hauteur à laquelle ces papillons s’élevent ordinairement. D’autres curieux ont fait depuis les mêmes observations ; entr’autres Becman dans une dissertation de prodig. sang.

Pour ce qui est des pucerons aquatiques qui multiplient dans l’été en si grande quantité, qu’ils rougissent la surface de l’eau, nous renvoyons le lecteur aux ouvrages de Swammerdam qui est entré dans tous les détails de ce phénomene, & qui a observé ces gouttes rouges dans la plûpart des insectes, quand ils se changent en nymphes. (D. J.)

Pluie artificielle, (Hist. des spectacl. de Rome.) les anciens avoient soin de tempérer la chaleur causée par la transpiration & les haleines de l’assemblée nombreuse qui assistoit à leurs spectacles, en faisant tomber sur les spectateurs une espece de pluie, dont ils faisoient monter l’eau jusqu’au-dessus des portiques, & qui retombant en forme de rosée par une infinité de tuyaux cachés dans les statues qui regnoient autour du théâtre, servoit non-seulement a y répandre une fraicheur agréable, mais encore à y exalter les parfums les plus exquis ; car cette pluie étoit toujours d’eau de senteur. Ainsi ces statues, qui sembloient n’être mises au haut des portiques que pour l’ornement, étoient encore une source de délices pour l’assemblée, & enchérissant par leurs influences sur la température des plus beaux jours, mettoient le comble à la magnificence du théâtre, & sevoient de toute maniere à en faire le couronnement. (D. J.)

Pluie, (Critique sacrée.) il est dit dans les actes des Apôtres vj. 3. veniet quasi imber vobis temporaneus & serotinus. Le secours du ciel descendra sur vous, comme la pluie de l’automne & du printems viennent sur la terre. Il y avoit deux sortes de pluies favorables dans la Palestine ; les premieres qui tomboient après les semailles, & qui faisoient que les grains prenoient racine ; les dernieres marquées par le mot serotinus, étoient celles du printems, qui achevoient de murir le grain. pluie au figuré, marque un grand malheur, une grande affliction, erit in absconsionem à turbine & à pluvia, Is. iv 6. Il sera votre retraite pour vous mettre à couvert des tempêtes & des afflictions. Ce mot désigne aussi la manne que Dieu donnoit dans le désert aux Israélites. Ps. lxvij. 10. Enfin dans Joel, ij. 23. il indique l’abondance des bienfaits de Dieu. (D. J.)

Pluie de feu, les Artificiers appellent ainsi une garniture de seules étincelles, dont on remplit un pot pour en faire une pluie de feu. On peut y em-

ployer de la scieure de bois tendre & combustible,

comme le pin, le laurier, le peuplier, le sureau, &c. qu’on fait bouillir dans de l’eau où l’on a détrempé du salpêtre ; & pendant qu’elle est humide on la mêle avec du poussier qui s’y attache, & l’amorce pour prendre feu dans les pots des fusées.

Pluie de feu, même métier ; on fait des fusées volantes qui en tombant font des petites ondes en l’air, comme des cheveux à demi frisés. On les appelle fusées chevelues ; elles finissent par une espece de pluie de feu, qu’on a appellée pluie d’or, qui se fait de la maniere suivante.

Prenez une partie de soufre, une partie de salpêtre, une partie de poudre ; ou trois parties de soufre, trois de salpêtre, & quatre de poudre ; ou quatre parties de soufre, six de salpêtre, & huit de poudre. Battez fortement les matieres à part ; fondez après ce soufre dans un pot de terre plombé, ou dans un pot de cuivre, ce qui vaut beaucoup mieux ; & après qu’il sera fondu, mettez-y peu-à-peu le salpêtre en brassant toujours, ensuite la poudre, & que ce soit à petit peu ; il faut prendre garde en brassant que le feu n’y prenne. Ces trois matieres étant bien fondues & mélées ensemble, & ne faisant plus qu’un corps, versez-en sur du papier ou sur une planche : cette composition s’endurcira ; & quand vous voudrez faire de la pluie de feu, vous en prendrez, la briserez en petits morceaux, & les mélerez parmi la poudre du petard de votre fusée, & ce sera une pluie de feu.

Pluie, (Manufacture.) espece de droguet dont la chaîne est de soie ou de poil, & la treme en partie d’or ou d’argent. On lui donne le nom de pluie, à cause de petits brillans dont la superficie de cette étoffe est toute parsemée, qui paroissent comme une légere brouine qui y seroit tombée. Diction, de comm. (D. J.)

PLUKNETE, s. f. (Hist. nat. Bot.) pluknetia ; genre de plante à fleur en rose, composée le plus souvent de quatre pétales disposés en rond. Cette fleur est stérile, les embryons naissent séparement des fleurs sur les mêmes individus ; ils sont quadrangulaires ; ils ont une espece de trompe, & dans la suite ils deviennent des fruits membraneux, quadrangulaires, & divisés en quatre loges, qui contiennent chacune une semence arrondie & applatie. Plumier, nov. plant. géner. Voyez Plante.

Ce genre de plantes a été ainsi nommé par le P. Plumier en l’honneur de Plukner, grand botaniste anglois. Voici les caracteres de ce genre de plante. Il produit des fleurs males & femelles sur les mêmes piés. Les fleurs mâles n’ont point de calice, mais sont composées de quatre pétales de forme ovale & déployée ; au lieu des étamines le centre de la fleur est occupé par un petit corps chevelu & pyramidal. Les fleurs femelles manquent aussi d’un calice ; leurs pétales sont disposés de même que dans les fleurs mâles ; le genre du pistil est quarré. Le stile est délié, long & crochu ; le stigmat est au centre, & divisé en quatre segmens, qui sont obtus, applatis, & qui ont chacun au milieu une tache remarquable : le fruit est une capsule plate, quarrée, creusée dans tous ses angles ; elle contient quatre loges partagées en deux cloisons ; les graines sont arrondies, applaties, & obtusement pointues à un des bouts.

Linnæus observe sur cette description du P. Plumier, que comme c’est une fructification très-singuliere, il desireroit que quelque botaniste curieux voulût examiner avec soin cette plante dans son accroissement, parce qu’il soupçonne que le botaniste françois, quoique très-habile, a pu faire ici quelque méprise. Linnæi, gen. plant. p. 517. (D. J.)

PLUMARD, s. m. (Charpent.) c’est une piece de bois scellée des deux bouts en murs, dans le milieu