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rivé d’οἴμη, pris dans la signification de cantus, chant, cantique, suivant l’opinion la plus commune, ou dans celle de via, chemin ; parce que l’on chantoit ces airs sur les grands chemins. C’étoit par ces sortes de cantiques ou d’invocations que préludoient, pour ainsi dire, les anciens poëtes musiciens, avant que de chanter les poëmes de leur composition, ou ceux d’autrui. Ces hymnes ou poëmes qui se chantoient au son de la cithare étoient ordinairement en vers héroïques ἐν ἔπεσιν. Notes de M. Burette sur le traité de la musique de Plutarque. Mém. de l’acad. des Belles-lettres, t. X.

PROEMPTOSE, s. f. terme d’Astronomie & de Chronologie ; on dit qu’il y a proemptose quand la nouvelle lune arrive un jour plutôt qu’elle ne devroit, suivant le cycle des épactes. On est alors obligé de changer ce cycle : comme les nouvelles lunes retrogradent d’environ un jour en 300 ans ; ce changement se feroit régulierement de 300 ans en 300 ans, si l’on n’étoit obligé d’avoir égard à un autre changement occasionné par les années séculaires non bissextiles, & par la bissextile intercalaire qu’on ajoute au bout de quatre siecles. Voyez Métemptose & Lunaison.

Ce mot est grec, προεμπτόσις ; il vient de πίπτω, je tombe, & πρὸ, devant. (O)

PROESME ou PROME ou PRÈME, (Jurisprud.) sont de vieux mots françois qui viennent du latin proximus, & qui sont usités dans quelques coutumes, comme Artois, pour exprimer le plus proche parent du défunt ou du vendeur. Voyez Retrait lignager & Succession. (A)

PRŒTIDES, s. f. pl. (Mythol.) ce sont les filles de Prœtus ; elles eurent une singuliere manie, elles se crurent changées en vaches, & courant à travers les campagnes pour empêcher qu’on ne les mît à la charrue, elles faisoient retentir tous les lieux de leurs cris, semblables à des mugissemens. C’étoit dit la fable, un effet de la vengeance de Junon, qu’elles avoient vivement outragée, en osant comparer leur beauté avec celle de la déesse. Peut-être que ces filles étoient attaquées d’accès d’hyppocondrie qui leur faisoient courir les champs. Prœtus implora le secours d’Apollon, c’est-à-dire de la Médecine, pour les guérir de leur état, & ayant obtenu leur guérison, il fit bâtir un temple à te dieu dans la ville de Sycione, où il croyoit avoir été exaucé. (D. J.)

PROFANATEUR, s. m. PROFANATION, s. f. (Gram.) le profanateur est celui qui profane, voyez Profane ; profanation, est l’action du profane.

PROFANATION, s. f. (Théolog.) mépris ou abus d’une chose sainte ou sacrée ; ainsi l’usage des paroles de l’Ecriture pour des opérations magiques ou superstitieuses, est une profanation. C’est une profanation que de faire servir à des usages ordinaires, les vases ou les ornemens consacrés au culte de Dieu. L’action de Balthasar, en faisant servir dans un festin les vases du temple de Jérusalem destinés aux sacrifices, fut une véritable profanation.

PROFANE, (Critiq. sacrée.) en grec Βέβηλος, en latin profanus, qui vient de fanum, comme qui diroit procul à fano ; mot opposé à initié. Βέβηλος καὶ ἀτέλεστος τῷ θεῷ, dit Ælien, Var. hist. lib. VIII. ch. ix. c’est un profane qui n’est pas initié aux mysteres de la divinité. Dans les sacrifices & dans les cultes publics qu’on rendoit aux dieux, les Grecs avoient coutume de crier, ἑκάς, ἑκὰς ἔστε βέβηλοι, εὐφημεῖτε ; & les Latins procul este profani, favete linguis : éloignez-vous, profanes ; & vous initiés, soyez attentifs, ou ne prononcez que des paroles convenables au jour & à la cérémonie que l’on célebre. Profane est donc celui qui n’est pas initié aux choses saintes, mais souvent dans l’Ecriture, ce mot se prend pour celui

qui méprise les choses saintes, & qui leur préfere les plaisirs & les biens temporels. Esaü étoit un profane, coupable d’impiété vis-à-vis de son propre pere, en dédaignant ses tendres supplications, & en en faisant moins de cas que d’un potage de lentilles. Josephe voulant peindre la piété des Esséniens, observe qu’avant le lever du soleil, ils ne proferent aucune parole profane ; cela signifie qu’ils ne s’entretiennent point des choses de la terre. Le mot profane dans le vieux Testament, signifie presque toujours un homme impur, ou celui qui viole les cérémonies de la loi ; si quelqu’un mange des sacrifices le troisieme jour, il sera profane & coupable d’impiété, dit le Lévitique, xix. 7. (D. J.)

PROFANER, v. act. manquer de respect aux choses qu’on regarde comme sacrées ou qui le sont.

PROFECTICE, adj. (Jurisprud.) se dit de ce qui provient d’ailleurs, comme on appelle pécule profectice, le gain que le fils de famille a fait avec l’argent que son pere lui a donné. Voyez Pécule. (A)

PROFERER, v. act (Gram.) prononcer, faire entendre par le moyen de la voix. Il n’étoit pas permis aux juifs de proférer le nom de Dieu.

Il est défendu aux chrétiens de la proférer en vain ; il est resté si interdit qu’il n’a pas proféré un mot.

PROFÈS, s. m. (Jurisprud.) est celui qui a fait ses vœux de religion, soit dans quelque ordre régulier, tel que l’ordre de Malthe, soit dans quelque monastere ou congrégation de chanoines réguliers ; les religieux profès sont les seuls qui aient voix en chapitre ; ils sont morts civilement du jour de leur profession. Voyez ci après Profession. (A)

PROFESSER, v. act. pratiquer, avouer, reconnoître publiquement ; c’est ainsi qu’il convient de professer sa religion ; c’est ainsi que les martyrs l’ont professée ; c’est ainsi que Socrate professa l’unité de Dieu au milieu des idolâtres. Il signifie aussi donner des leçons publiques ; il professe les humanités, la rhétorique, &c.

PROFESSEUR, s. m. (Hist. littér.) dans les universités, homme de lettres qui fait des leçons publiques sur quelque art ou quelque science, dans une chaire où il est placé pour ce sujet. Voyez Chaire.

Les professeurs dans nos universités, enseignent la grammaire & les humanités, en expliquant de vive voix les auteurs classiques & en donnant à leurs écoliers des matieres de composition, soit en vers, soit en prose, qu’ils corrigent pour leur montrer l’application des regles. Ceux de Philosophie, de Droit, de Théologie & de Médecine, dictent des traités que copient leurs auditeurs, auxquels ils les expliquent ensuite.

Les professeurs des universités d’Angleterre font seulement des lettres publiques pendant un certain tems.

On compte en Angleterre un grand nombre de professeurs, les uns prennent leur nom des arts ou de la partie des Sciences sur laquelle ils donnent des leçons, comme professeur des cas de conscience, professeur d’hébreu, professeur de Physique, de Théologie, de Droit, &c. d’autres tirent le leur des personnes qui ont fondé leurs chaires ou qui y ont attaché des revenus, comme les professeurs Saviliens, d’Astronomie & de Géométrie ; le professeur Lucanien, pour les Mathématiques ; le professeur Margaret qui enseigne la Théologie, &c.

Dans l’université de Paris, après un certain nombre d’années d’exercice, qui est de vingt ans dans quelques nations, & simplement de seize dans d’autres ; les professeurs sont honorés du titre d’émerite & gratifiés d’une pension qu’ils touchent, même après avoir quitté leurs chaires ; récompense bien juste & bien propre à exciter l’émulation.

Il n’y a pas encore long-tems que les professeurs