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canticum graduum. Le chaldéen les nomme cantique qui fut chanté sur les degrés de l’abysme, mais sur une tradition fabuleuse.

Le sens de ce mot cantique des degrés ou des montées partage les interpretes de l’Ecriture. Les uns veulent qu’on ait ainsi nommé ces pseaumes, parce qu’on les chantoit sur les quinze degrés du temple ; d’autres, parce qu’on les chantoit sur une tribune qui étoit dans le parvis d’Israël, où les lévites lisoient quelquefois la loi ; d’autres enfin, parce qu’il y avoit différens degrés de dignités entre les prêtres qui les chantoient, ou enfin parce qu’on les chantoit sur différens tons ou modes plus élevés les uns que les autres ; mais toutes ces conjectures sont peu solides.

Le P. Calmet en propose une qui paroît mieux fondée, & traduit l’hébreu par cantique de la montée ou du retour de la captivité de Babylone, parce que l’Ecriture emploie ordinairement le verbe monter lorsqu’elle parle de ce retour, comme dans Esdras, c. j. vers. 1, 3, 5. c. ij. vers. 2. c. vij. vers. 7. Ps. cxxj. Jérém. xxvij. 22. Ezéch. xxxix. 2.

D’où il conclut qu’il est fort naturel de nommer cantiques des montées les pseaumes qui ont été composés à l’occasion de la délivrance de la captivité de Babylone, soit pour la demander à Dieu, soit pour lui en rendre graces. Ils ont tous rapport à ce grand évenement, ils en parlent en plusieurs endroits, & la plûpart ne peuvent s’expliquer sans cette hypothese, comme il est aisé de s’en convaincre en lisant ces pseaumes. Calmet, dictionn. de la bible.

Pseaume, psalmus, (Littérat.) du latin psallere, chanter ; hymne ou cantique en l’honneur de la divinité.

Ce nom est demeuré affecté aux pieces que David composoit pour être chantées au son des instrumens par les lévites dans les cérémonies religieuses des Hébreux, & aux prieres qu’il composa pour louer, invoquer ou remercier Dieu dans les plus importantes ci constances de sa vie. Tous ceux qui sont contenus dans le livre de l’Ecriture intitulé, liber psalmorum, qu’on appelle autrement psalterium, ne sont pas de ce prince, quelques-uns sont postérieurs à son tems. Leurs titres ne sont pas non plus les mêmes dans la vulgate, la plûpart ont celui de psalmus David, d’autres ceux d’intellectus David, oratio David ; alleluia, canticum, psalmi ; canticum graduum, psalmus cantici, &c. selon leurs différens objets.

Ces pseaumes sont des cantiques & des odes sacrées, par lesquelles les enfans d’Israël célébroient au milieu de leurs assemblées, & dans le secret de leurs maisons, les louanges de Dieu, la sainteté de sa loi, les bienfaits qu’ils avoient reçus de sa bonté, les merveilles de sa puissance, la sagesse & la justice de toutes ses œuvres.

Le style & toute l’économie des pseaumes est poétique ; c’est ce style hardi qui s’affranchit quelquefois des liaisons ordinaires du discours, ce style nombreux qui ne forme pas moins des sons que des paroles, avec cette tendresse de la poésie qui pénétre jusqu’au fond de l’ame, avec toute la délicatesse des sentimens du cœur. C’est cette naïveté qui représente la nature dans ses mouvemens, dans ses saillies, dans ses transports ; & avec cette simplicité, c’est toute la sublimité & la force de l’éloquence, c’est une dignité d’expression qui répond à la grandeur du sujet. On n’y rencontre point de réflexions filées & subtilisées, mais c’est un mot plein d’énergie qui renferme tantôt une menace, tantôt une exhortation : un trait peint un évenement & forme une instruction, une image présente tout-d’un-coup ce qu’une abondance de paroles n’exprimeroit pas. On peut dire cependant que l’onction fait le principal caractere des pseaumes.

« Il seroit difficile, dit M. Fourmont, de trouver

chez les païens des ouvrages aussi beaux que les pseaumes, & S. Jérôme dit fort bien que le pseautier seul peut nous tenir lieu de toutes les pieces lyriques des profanes. David, Simonides noster, Pindarus, Alcæus, Flaccus quoque, &c ». Le même auteur pense que les pseaumes étoient écrits en vers, & même en vers rimés en quelques endroits. Voyez les mémoires de l’académie des Belles-Lettres, tome IV. p. 467. & suiv.

Les pseaumes seuls, dit M. Rollin, fournissent une infinité de traits admirables pour tous les genres d’éloquence, pour le style simple, le sublime, le tendre, le véhément, le pathétique. M. Bossuet, dans sa préface sur les pseaumes, a fait un chapitre de grandiloquentiâ & suavitate psalmorum. où il prouve par des exemples que David est plus véritablement poëte qu’Homere & que Virgile. Voyez M. Rollin, traité des études, tome II. p. 598.

PSEAUTIER, s. m. (Théol.) collection des pseaumes que l’on attribue à David. Voyez Pseaume. On donne aussi ce nom tant dans l’église greque que dans la latine à ces mêmes pseaumes, divisés en plusieurs parties, que l’on chante dans l’office divin. Dans l’église latine, le pseautier est partagé pour être récité entier dans l’office d’une semaine. Les Grecs l’ont divisé en vingt parties, qu’ils nomment καθίσματα, c’est-à-dire session, & ils en récitent un certain nombre de sessions par jour dans leur office ; de sorte que chaque semaine ils parcourent ainsi tout le pseautier. Pendant les six semaines du carême, ils le doublent, récitant tous les pseaumes deux fois chaque semaine, à l’exception de la semaine-sainte, où ils ne le disent qu’une fois, finissant leur office au mercredi-saint, & ne disant rien du pseautier depuis le jeudi-saint jusqu’au samedi d’après Pâques. Léo Allat. dissert. sur les livr. eccles. des Grecs.

Il y a une infinité d’éditions du pseautier. Augustin Justiniani, dominicain & évêque de Nebo, publia un pseautier polyglotte à Genes en 1516. Contarini en publia un autre en hébreu, en chaldéen, en arabe, avec des notes & des gloses latines. Voyez Polyglotte.

Pseautier, chez quelques religieuses, se dit aussi d’un grand chapelet composé de 150 grains, pour égaler le nombre des pseaumes de David.

On tient que c’est S. Dominique qui en a été l’inventeur. Voyez Chapelet, Rosaire.

PSECAS, s. f. (Littérat.) les Romains nommoient psecades les femmes de chambre qui parfumoient la tête de leurs maîtresses avec des parfums liquides, qu’elles répandoient goutte-à-goutte, car le mot psécas vient du verbe grec ψεκάζειν, qui signifie dégoutter.

PSELAPHIES, s. f. pl. psélaphia, (Médec. anc.) ce mot dans les anciens auteurs de Médecine signifie la friction avec les mains sur les parties malades, & alors c’étoit ce médecin lui-même qui faisoit la friction.

PSELLION, s. m. (Littérat.) ψέλλιον, ornement d’homme ou gourmette. Dans le premier sens, c’étoit une espece d’anneau ou de talisman pendu au cou, qui répond à l’occabus & au κρίκος des Grecs, au circulus & à l’armilla des Latins.

PSÉPHIS, (Géog. anc.) lieu de l’île Ægilium, dont Aristote fait mention ; c’est aujourd’hui Giglio, sur la côte de la Toscane. (D. J.)

PSEPHOPHORIE, s. f. (Littérat.) ψηφοφορία, l’art de calculer avec les pséphi, ψῆφοι, c’est-à-dire de petites pierres ; chez les Grecs, ces petites pierres ainsi nommées étoient plates, polies, arrondies, & toutes de même couleur pour faire leurs calculs. Dans les scrutins, où il s’agissoit de donner le prix des jeux publics, elles étoient les unes blanches & les autres noires. L’auteur de l’Apocalypse exhortant les fideles à éviter les erreurs des Nicolaïtes, fait allusion à cet usage. Je donnerai, dit-il, à celui qui aura vaincu un