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chaîne des droguets, & autres étoffes. Savary.

PUEBLA, (Géogr. mod.) terme de la langue espagnole, qui peut se rapporter au mot vicus des anciens ; il signifie un bourg ou une bourgade, & désigne un lieu plus petit que lugar. Le mot pueblo a la même signification ; son diminutif pueblezuelo veut dire un petit village.

Il y a un bourg d’Espagne entre Saragosse & Lerida, qu’on nomme (la) Puébla.

PUEBLA DE-LOS-ANGELOS, (Géograph. mod.) ville de l’Amérique septentrionale dans la nouvelle Espagne, avec un évêché suffragant de Mexico dont elle est à 20 lieues, dans un terrein fertile en froment, & dans un air salubre. Elle est peuplée, riche & commerçante ; les rues en sont droites sans être pavées, & les bâtimens sont de pierre ; on y compte plusieurs monasteres de religieux & de religieuses. Long. 277. 30. lat. 19. 40. (D. J.)

PUEMBO, s. m. (Diete.) espece de liqueur fermentée, fort en usage chez les habitans du royaume de Mozambique en Afrique, elle se fait avec du millet. On la nomme aussi huyembo.

PUENTE DEL-ARCHOBISPO, (Géogr. mod.) c’est-à-dire le pont de l’Archevêque, ville d’Espagne dans l’Estramadure, sur le Tage, qu’on y passe sur un pont, à 10 lieues sud-ouest de Tolede ; & c’est à l’archevêque de Tolede à qui elle appartient. Il y a des verreries dans son voisinage. Long. 13. 12. lat. 39. 48.

PUENTE DE LA REINA, (Géogr. mod.) petite ville d’Espagne au royaume d’Arragon, sur la riviere d’Arga, qu’on y passe sur un pont à quatre lieues de Pampelune. Cette petite ville a été nommée Cares par les Romains. Son terroir produit d’excellent vin rouge.

PUER, (Langue lat.) chez les Romains puer s’étendoit jusqu’à 17 ans & au-delà. Cicéron dit en parlant d’Octavius, qui avoit 18 ans, sed est planè puer ; à présent nos jeunes gens se croient des hommes à 15 ou 16 ans, ce n’est pas certainement qu’ils soient plûtôt formés que ne l’étoient les Romains, mais c’est qu’ils entrent dans le monde avant que d’être formés. (D. J.)

PUER, v. n. (Grammaire.) rendre une mauvaise odeur, blesser l’odorat. Malherbe a sçu employer ce mot si-non avec noblesse, du-moins poétiquement & hardiment ; il dit en parlant des géans :

Ces colosses d’orgueil furent tous mis en poudre,
Et tout couverts des monts qu’ils avoient arrachés ;
Phlegre qui les reçut, put encore le foudre
Dont ils furent touchés.

PUÉRIL, le, adj. m. & f. (Gramm.) quelques auteurs, ainsi que l’académie françoise, manquent dans l’usage de cet adjectif, qu’ils écrivent puérile au masculin comme au féminin. Ce qui les a trompés, c’est qu’on dit aux deux genres, agile, utile, stérile, fragile, &c. mais voici la distinction qu’il faut faire. Les noms qui viennent du latin en ilis, & dont la terminaison latine est breve, font ile en françois pour le masculin & le féminin, comme sont ceux que je viens de rapporter qui se forment d’agilis, utilis, &c. Au contraire, les mots dont la terminaison latine est longue, font il au masculin, & ile au féminin, comme subtil, subtile ; civil, civile ; vil, vile, &c. qui viennent de subtilis, civilis, vilis, &c. (D. J.)

PUÉRILITÉ, s. f. (Gramm.) action ou discours d’enfant. La sotise des peres est, dit-on, de parler des puérilités de leurs enfans. Heureuse sotise qui montre combien ils y sont attachés, par la faute même qu’ils commettent, en mettant assez d’importance à leurs actions pour en entretenir les autres au hasard de les ennuyer. On tombe souvent dans la puérilité en cherchant à donner un air singulier & nouveau à ses pensées. Il y a de la puérilité dans le goût. Il y en a

dans tout ce qui marque peu de raison & de jugement.

PUERTO DE MURADAL, (Géogr. mod.) passage des montagnes de Moréna, par où l’on entre de la Castille nouvelle dans l’Andalousie, vers les frontieres de Portugal. Ce lieu est renommé dans l’histoire par la victoire que les Espagnols, sous les ordres d’Alphonse de Castille, y remporterent l’an 1202 sur les Maures, qui y perdirent deux cens mille hommes. Les anciens appelloient cet endroit saltus Castulonensis, à cause qu’il étoit proche de la ville Castulon, qui n’est aujourd’hui qu’un village nommé Castona.

PUFFIN, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) pussinus, Will anglorum ; oiseau qui surpasse en grosseur le pigeon domestique ; il a toute la face supérieure du corps noire, & la face inférieure blanche. Le bec est étroit & noir ; il a un pouce & demi de longueur ou plus ; la piece supérieure est crochue à l’extrémité ; il y a près de sa base comme dans le cormorant un espace dégarni de plumes & couvert de peau, où se trouvent les narines. Les aîles sont très-longues, & la queue a une palme de longueur ; cet oiseau a un doigt de derriere ; il niche dans les trous que font les lapins en terre. La femelle ne pond qu’un seul œuf à chaque couvée. Le puffin reste toute la journée sur les eaux ; il ne retourne dans son nid qu’à la nuit, & il le quitte dès que le jour paroît. Rai. Synops. Meth. avium. Voyez Oiseau.

PUGILAT, s. m. (Art gymnast.) le pugilat étoit un combat à coups de poings, d’où il tiroit son nom.

Les combattans ne se servoient d’abord que de ces armes naturelles. Ils s’armerent dans la suite d’armes offensives nommées cestes, & alors ils se couvrirent la tête d’une espece de calotte appellée amphotide, destinée à garantir sur-tout les tempes & les oreilles. Les cestes étoient une sorte de gantelets ou de mitaines, composées de plusieurs courroies ou bandes de cuir, dont les contours qui les attachoient au poignet & à l’avant-bras, ne montoient pas plus haut que le coude, & contribuoient à affermir les mains de l’athlete. On connoit quatre sortes de cestes ; ceux qu’on appelloit imantes, faits d’un simple cuir de bœuf non corroyé & desséché ; les myrmécos, garnis de plusieurs plaques ou bossettes de cuivre, de fer, ou de plomb ; les méiliques, faits de courroies fines & déliées, qui laissoient le poignet & les doigts à découvert ; enfin les cestes nommés sphæræ, dont on ignore la forme ; mais qui selon Henri Etienne, devoient être des balles de plomb cousues dans une bande de cuir de bœuf.

Souvent les athletes en venoient d’abord aux coups, & se chargeoient rudement dès l’entrée du combat ; souvent ils passoient des heures entieres à se harceler & à se fatiguer mutuellement par l’extension continuelle de leurs bras ; chacun frappant l’air de ses poings, & tâchant d’éviter par cette sorte d’escrime les approches de son adversaire. Lorsqu’ils se battoient à outrance, ils en vouloient sur-tout à la tête & au visage. L’un des athletes venoit-il de toute la roideur de son corps se lancer contre l’autre pour le frapper, il y avoit une adresse merveilleuse à esquiver le coup en se détournant légérement, ce qui faisoit tomber l’athlete par terre, & lui enlevoit la victoire. Quelque acharnés qu’ils fussent, l’épuisement où les jettoit une trop longue résistance, les obligeoit à faire de petites treves. Ils suspendoient donc le pugilat de concert, pour quelques momens, qu’ils employoient à se remettre de leurs fatigues, & à essuyer la sueur & le sang dont ils étoient couverts ; après quoi ils revenoient à la charge & continuoient à se battre, jusqu’à ce que l’un des deux laissant tomber ses bras de défaillance & de foiblesse, fit connoître qu’il succomboit à la douleur ou à l’extrème lassitude, & qu’il cédoit la palme à son concurrent.