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de force lorsque le bateau prend beaucoup d’eau.

La seconde espece de bateau normand, sont ceux appellés écayers, & qui apportent les huitres à Paris. Ils ne different en aucune façon des besogues ou bateaux foncets, que par leurs dimensions qui est d’environ 12 à 15 toises de longueur, sur 18 à 20 piés de largeur, & 5 piés de hauteur de bordage ; & toutes les pieces qui les composent à proportion.

La troisieme espece sont les flettes, fig. 4 & 5, Pl. XLIII. espece de petits bateaux longs & étroits, faits pour transporter les marchandises par les petites rivieres jusqu’aux bateaux foncets. Leurs dimensions est de 10 à 12 toises de longueur, sur environ 8 piés de largeur & 2 piés & demi de hauteur de bordage ; & sont composés de rables C, de lieures A, & leurs clans D sur lesquels sont attachées les semelles ou planches de fond B, les rubors F, & autres bords K, & soubarque I surmontés de platbords M, & hersilieres N. Aux deux extrémités sont deux levées, composées chacune de quelques petites plates-formes W, posées d’un côté sur un des rables C, & de l’autre sur une petite mâture feuillée X, servant de chantier.

La quatrieme espece sont les barquettes, qui ne different en aucune façon des flettes que par leur longueur qui est d’environ 24 à 25 piés.

La cinquieme & derniere espece de bateaux normans, sont ceux appellés cabotieres, fig. 6 & 7, Pl. XLIV. espece de bateaux très-plats & quarrés par derriere, faits pour transporter les marchandises jusqu’aux bateaux foncets, sur les rivieres où ceux-ci ne peuvent aller à cause de leur grandeur. Ces sortes de bateaux fort legers, d’environ 18 à 20 toises de longueur, sur 15 à 18 piés de largeur, & 4 à 5 piés de hauteur de bordage, sont composés de lieures A, & leurs clans D, de semelles ou planches de fond B, rables C, rubors F, deuxiemes bords G, troisiemes bords H, soubarques I, liernes L, platbords M, hersilieres N, mâtures O, chantiers P, & leur support Q, seuil R, & biton S, piece de fer U retenant les hersilieres N, bittes V, & d’une levée composée de madriers ou plates-formes W, mâtures feuillées X, espaures Z, & cronchants &.

Les bateaux qui viennent de la province de Picardie par l’Oise, sont à-peu-près les mêmes : on les reconnoit parce qu’ils sont quarrés par derriere. Les bateaux foncets n’ont pas plus de 22 toises de longueur, sur 24 piés de largeur, & le reste à proportion, parce qu’étant plus larges ils ne pourroient passer sous les ponts de Beaumont & de S. Pigny, dont les arches n’ont pas plus de 28 piés de largeur : ces bateaux ne passent guere la ville de Compiegne, & ceux qui vont jusqu’à Chauny & Soissons, n’ont pas plus de 15 à 18 toises de longueur, sur 18 à 20 piés de largeur.

Les bateaux, fig. 8, 9, Pl. XLIV. qui viennent de la Loire par le canal de Briare, les plus legers de tous, sont à demi pointus par devant, & quarrés par derriere. On les distingue en chalans de deux especes ; l’une fort rare & que l’on nomme chêniere, c’est-à-dire faite en bois de chêne ; & l’autre qui est la plus commune que l’on appelle sapine, c’est-à-dire faite en bois de sapin. Ces sortes de bateaux faits à la hâte coûtent fort peu, & pour cette raison ne retournent jamais d’où ils sont venus : aussi les dépece-t-on au bas de la ville de Paris vers l’île des Cignes, pour les vendre par débris dont cette île est couverte. Leur dimension est à-peu-près de 10 à 12 toises de longueur, sur environ 10 piés de largeur & 4 piés de hauteur de bord. Ils sont composés de lieures A, semelles ou planches de fond B, petits rables C, rubords F, deuxiemes bords G, troisiemes bords H, soubarques I, retenues au milieu de deux mâtures O, & de chantier P, garnis de bittes V. Il arrive quel-

quefois que l’on place sur le derriere une petite levée,

composée de plusieurs plates-formes W, appuyées sur une mâture feuillée X, & sur une des lieures.

Les bateaux qui nous viennent des environs de S. Dizier, appellés bateaux marnois, sont de cinq especes ; la premiere, sont des chalans dont nous venons de parler ; la seconde, fig. 10, 11, Pl. XLIV. qu’on appelle longuette, sont pointus par devant & quarrés par derriere, & portent environ 15 à 18 toises de longueur, sur 15 à 18 piés de largeur & 4 à 5 piés de hauteur de bord, composés de lieures A, & leurs clans D, de semelles ou planches de fond B, de rables C, de portelots E, de rubords F, deuxiemes bords G, troisiemes bords H, soubarques I, liernes L, platbords M, hersilieres N, mâtures O, chantiers P, supports Q, seuil R, biton S, piece de fer U, bittes V, garnies par devant & par derriere de levées, composées de madriers W, mâtures feuillées X, espaures Z, & cronchants &.

La troisieme, appellée flûtes, fig. 12. & 13. Pl. XLV. ne differe des longuettes que parce qu’ils sont pointus par-derriere ; leur proportion est semblable, & sont composés des mêmes pieces, excepté que l’on y supprime quelquefois les liernes.

La quatrieme, appellée lavandieres, fig. 14. & 15. Pl. XLV. du mot laver d’où ils tirent leur nom, parce qu’ils sont faits à-peu-près comme ceux des blanchisseuses, sont quarrés par les deux extrémités ; leur longueur est d’environ douze à quinze toises sur quinze à dix-huit piés de largeur & quatre à cinq piés de hauteur de bord, composés de liernes A & leurs clans D, de semelles ou planches de fond B, de rable C, rubords F, deuxiemes bords G, troisiemes bords H, soubarques I, plats-bords M, hersilieres N, mâtures O, chantiers P, supports Q, bittes V, garnis quelquefois de levées devant & derriere, composées de madriers W, & de mâtures feuillées X.

La cinquieme espece de marnois, sont ceux appellés margotta, fig. 16. & 17. Pl. XLV. tout-à-fait quarrés par-devant & pointus par-derriere, servant le plus souvent à des demeures de blanchisseuses ; leur longueur est de huit à dix toises sur quinze à dix-huit piés de largeur, & environ quatre piés de hauteur de bordage, composés de liernes A & leurs clans D, de semelles ou planches de fond B, de rable C, rubords F, deuxiemes bords G, soubarques I, platbords M, hersilieres N, chantiers P, quilles T, bittes V, garnis d’une levée composée de plate-formes W, mâtures feuillées X, & espaures Z.

Tous ces bateaux, principalement les marnois, sont conduits par des gouvernails volans, fig. 18. Pl. XLVI. composés d’une masse i sur laquelle sont attachées des barres f, qui retiennent les maîtresses planches c, safrans d, & planches de remplage e, & sont placés de maniere que les barres f se trouvent horisontales.

Il est encore d’autres especes de bateaux, mais qui ne voyagent point ; tels sont les passe-chevals, les bacs & les bachots. Les premiers, fig. 19. & 20. Pl. XLVI. servent à faire passer les rivieres aux hommes, bêtes & voitures, avec le secours du croc[1]. Ces sortes de bateaux sont faits très-solidement, tout-à-fait plats, presque quarrés par-devant, & ouverts par-derriere pour faciliter l’entrée des voitures, & portent environ huit à dix toises de longueur, douze à quinze piés de largeur, & quatre à cinq piés de hauteur de bord, & sont composés de fortes liernes A & rables C, dont les intervalles sont garnis de fortes plate-formes W de quatre pouces d’épaisseur, de semelles ou planches de fond B, de clans D, portelots E, rubords F, deuxiemes bords G, soubarques

  1. Grand bâton pointu & ferré, dont on se sert sur les rivieres.