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Ptolomée n’a décrit le Pont que de la maniere dont il étoit sous les empereurs : il le distingue en trois parties, & donne à chacun le nom de Pont, & point celui de Cappadoce. Il appelle la partie occidentale du Pont, le Pont Galatique, la partie orientale, le pont de Cappadoce ; & celle du milieu, le pont Polémoniaque.

L’origine de la premiere division du Pont vint de Marc-Antoine, qui ayant eu l’orient dans le partage des terres de la république entre les triumvirs, fit divers changemens dans les royaumes, & dans les provinces. Il donna premierement le Pont à Darius, fils de Pharnace, comme nous l’apprend Appien, Civil. l. V. Ensuite il le donna à Polemon, qui, dans le tems qu’Antoine marcha contre les Medes, regnoit dans le Pont, selon le témoignage de Dion Cassius, l. XLIX. p. 407. La veuve de Polémon, nommée Pithodoris regnoit dans ce pays du tems de Strabon, qui fait, l. XII. l’éloge de cette reine. Caligula rendit à Polémon, fils de cette princesse, le royaume qu’avoit possédé son pere ; & de son consentement. Néron en fit une province romaine, comme le disent Suétone, ch. viij. & Eutrope, liv. VII. ch. ix.

Les bornes de ce royaume que posséderent les deux Polémons & Pythodoris, n’avoient pas la même étendue que le Pont polémoniaque que décrit Ptolomée ; ce dernier est beaucoup plus resserré. En effet, Strabon, l. XII. dit que Pythodoris possédoit le pays des Thibarènes & celui des Chardéens jusqu’à la Colchide, avec les villes de Pharmacia & de Traperante que Ptolomée place dans le Pont cappadocien.

Il faut ainsi que du tems de Ptolomée la division des provinces romaines fût différente ; car il divise tellement le Pont, que le Pont galatique comprenoit sur la côte du Pont-Euxin la ville de Thémiscyre, & dans les terres Sébastopolis, Amasia, & Comana Pontica. Le pont polémoniaque renfermoit sur la côte l’embouchure du Thermodonte, Polemonium & Eotyorum ; & dans les terres Néocésarée, Zela, Sébaste, & Mégalassus : enfin le Pont cappadocien comprenoit sur la côte Pharnacie, Cerasus & Traperus, & dans les terres, Cocalia, Cordyle, Trapezusae, Asiba, & quelques autres lieux peu connus. Cette division ne fut pas même constante depuis Ptolomée. A la vérité le nom de Pont polémoniaque se conserva, mais on y comprit d’autres villes, comme Néocésarée, Comana, Posemonium, Césarus, Trapezus, qui sont les cinq seules ville que les notices épiscopales mettent dans cette province.

Nicomède, roi de Bithynie, en mourant, ayant fait don de ses états au peuple romain, son royaume fut réduit en province romaine, que l’on appella la province du Pont, provincia Ponti, ou provincia pontica. Les Romains n’en tirerent pourtant grand fruit, que lorsque Mithridate, qui avoit fait alliance avec Sertorius, pour s’emparer de la Bithynie, eût été défait par Lucullus. Mais après que la guerre de Mithridate fut finie, Pompée augmenta la province du Pont d’une partie du royaume de ce prince, & des terres dont il s’étoit emparé.

Enfin Auguste ajoûta à cette province la Paphlagonie, lorsque la race de ses rois fut éteinte en la personne de Déjotarus Philadelphe. Mais quoique cette province fût ainsi accrue, elle ne laissa pas de conserver encore son ancien nom, en même tems qu’on l’appelloit province du Pont, ou province Pontique. Le premier nom lui est donné par Pline le jeune, l. IV. p. 9. & le second dans une inscription conservée à Milan. C’est cette même Bithynie avec ses accroissemens que gouverna Pline le jeune ; & par ses lettres à Trajan, on peut juger quelles étoient les bornes de cette province ; car il les étend depuis la ville de Chalcédoine jusqu’à celle d’Amisus.

Ptolomée a décrit toutes les villes du Pont galatique, Polémoniaque & Cappadocien, qui étoient de son tems sur la côte de Pont-Euxin, & dans les terres. Les notices ecclésiastiques ne connoissent que deux provinces du Pont ; savoir la province du Pont ou de Bithynie, & la province du Pont Polémoniaque.

On a aussi transporté le nom de Pont à cette partie de la Scythie européenne qui borde la mer Noire au couchant, au-dessus & au-dessous des bouches du Danube. La capitale du Pont en Asie s’appelloit Heraclea Mariandynorum, aujourd’hui Penderachi.

M. Vaillant a composé une histoire des rois de Pont, qui quoique instructive, ne peut être regardée que comme une ébauche très-imparfaite. Polybe en parlant des rois de cette contrée de l’Asie, dit qu’ils faisoient remonter leur origine jusqu’à l’un des seigneurs persans qui conspirerent contre le mage Smerdis ; mais aucun de tous ces rois n’a fait plus de bruit dans le monde que le grand Mithridate, qui monta sur le trône à l’âge d’environ 13 ans, l’an 123 avant J. C. Voici le portrait qu’en fait Velleius Paterculus, c’est un portrait de main de maître, je n’en connois point de plus beau. Mithridatus rex Ponticus, vir neque silendus, neque dicendus sine curâ, bello acerrimus, virtute eximius ; aliquando fortuna, semper omnino maximus ; consiliis dux, miles manu, odio in Romanos Annibal. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PONTAC, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Béarn, recette de Pau. Longit. 17. 9′. latit. 43. 13′.

Cette ville florissoit du tems d’Henri IV. & a donné la naissance à Jean de la Placete, ministre calviniste, sage & éclairé, mort à Utrecht en 1718, à 81 ans. Ses ouvrages de morale, qu’il a publiés sous le nom d’essais, & qui forment douze volumes in-12. sont également estimés des Protestans & des Catholiques. On fait cas particulierement de son traité de la conscience, de celui de la restitution, de son traité des jeux de hasard, & de son traité du serment. Enfin sa morale chrétienne abrégée est encore un très-bon livre ; la meilleure édition est de 1701, in-8°. (D. J.)

PONTAL, (Géog. mod.) c’est ainsi qu’on appelle le vaste canal qui sert de port à Cadix ; car l’espace qui est devant la ville & qui s’étend jusqu’au port de Ste Marie, ne peut être regardé que comme la partie intérieure & la plus saine d’une baie, dont l’entrée est entre Rota & la pointe de S. Sebastien, & qui est partagée en deux parties par les rochers appellés los Puertos. L’entrée du port du Pontal paroît large d’environ 500 toises. Elle est défendue par deux forts bâtis sur deux pointes de terre & de rochers, qui s’avancent à la mer vis-à-vis l’un de l’autre. Le fort du côté de Cadix s’appelle aussi le Pontal ; mais quand les Espagnols parlent de tous les deux, ils les appellent los Pontales. (D. J.)

Pontal ou Creux d’un navire, (Marine.) pontal se dit sur la Méditerranée, & creux sur l’Océan. Voyez Creux.

PONT-À-MOUSSON, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Mussi-Pontum, ville de France dans la Lorraine, avec titre de marquisat, sur la Moselle qui la divise en deux parties, dont une est du diocese de Toul, & l’autre du diocese de Metz, à 6 lieues au N. O. de Nancy, & à 5 au S. O. de Metz.

L’empereur Charles IV. qui dès l’an 1354 avoit érigé le Pont-à-Mousson en marquisat, la créa bientôt après cité de l’empire, avec les prérogatives des autres cités ; il confirma cette création à Prague en 1373, déclarant qu’il n’entendoit pas que l’honneur qu’il faisoit à cet endroit affoiblît les droits du comte ou duc de Bar, marquis du Pont-à-Mousson.

Cette ville s’est accrue dès-lors, & sur-tout depuis que Charles III. duc de Lorraine y fonda une uni-