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la tête ; il y a quatre aiguillons courts près des yeux, deux de chaque côté, & plusieurs autres très-pointus sous la partie antérieure de la tête. Cette raie est fort grande, & elle a sur le corps plusieurs petites taches de la figure d’une lentille ; c’est à cause de ces taches qu’on la nomme lentillade. Les dents sont dirigées en arriere, & non pas sur les côtés. La chair est moins dure que celle de la plûpart des autres raies.

Raie flassade ; cette espece de raie est de la classe des raies lisses ; elle ressemble à la raie au long bec, en ce qu’elle a la partie antérieure de la tête alongée ; elle en differe principalement par les aiguillons ; elle n’en a qu’une seule rangée sur la queue, & il n’y en a point d’autres sur le reste du corps. Les ailes sont fort grandes & fort larges ; le corps est étroit, & il va toujours en diminuant de largeur & d’épaisseur depuis le derriere de la tête jusqu’à la queue. Cette espece de raie a la chair moins dure que les autres raies, & elle n’a point d’odeur desagréable, principalement quand elle est jeune.

Raie a foulon, raia fullonica. Rondelet a donné ce nom à une espece de raie, parce qu’elle est hérissée d’aiguillons semblables aux pointes de l’outil dont on se sert pour fouler les draps, non-seulement sur le corps, mais encore sur la tête, sur les ailes & sur la queue, même au-delà des nageoires : elle a le bec long & pointu ; les aiguillons de la queue sont courbes, & disposés de façon qu’ils forment trois rangées.

Raie lisse, raia lævis, on a donné à cette espece de raie le nom de raie lisse, parce qu’elle a des aiguillons beaucoup moins longs que les autres especes de raies, excepté deux qui sont à la tête près de chaque œil ; ceux du dos ont peu de longueur, & sont en petit nombre. La queue en a trois rangs, mais ils sont petits ; il y en a quelques-uns en-dessous qui sont recourbés en avant. Le museau est cartilagineux, transparent, & de moyenne longueur. Les yeux ont une sorte de taie appellée par les Latins nebula, qui se trouve dans toutes les especes de raies. La bouche est très-reculée en-arriere, de sorte que ce poisson ne peut rien saisir qu’il ne soit renversé ; cette espece de raie n’a point de dents ; l’intérieur de la bouche est garni d’os durs & rudes ; les ailes ou ailerons sont minces, & de moyenne grandeur ; la face supérieure de ce poisson est presque entierement noire, & toute la face inférieure a au contraire une couleur blanche. On lui a donné en Languedoc le nom de fumat.

Raie lisse étoilée, raia asterias ; on a surnommé cette raie étoilée, parce qu’elle a sur la face supérieure des ailes & de tout le corps jusqu’à la premiere nageoire de la queue, des taches qui ont la figure d’une étoile. La queue est plus petite que dans les autres especes de raies, & la tête ressemble plus à la pastenague qu’à celle des autres raies. La raie étoilée vit dans la haute mer ; sa chair n’a pas une odeur desagréable comme la plûpart des autres raies ; elle est plus tendre, plus facile à digérer, & d’un meilleur goût que toutes les autres especes de raie.

Raie cardaire, raia spinosa ; on a donné le nom de cardaire à une espece de raie, parce qu’elle est couverte d’aiguillons semblables aux pointes des cardes dont on se sert pour carder la laine ; elle en a non seulement sur le corps, sur la queue & sur les ailes, mais encore sur les côtés de la tête & au-devant des yeux.

Raie miraillet, ou Raie a miroir, raia oculata ; on a donné ces noms à une espece de raie qui a deux grandes taches rondes semblables à des yeux ou à de petits miroirs, une de chaque côté. La queue a cinq rangées d’aiguillons, & le dos une seule ; il se trouve aussi quelques aiguillons autour des yeux. La face supérieure du corps est brune, & a un grand nombre de petites taches de forme irréguliere : la

chair est dure. Cette raie est de la classe des raies lisses.

Raie ondée, ou cendrée ; cette espece de raie est encore au rang des raies lisses, parce qu’elle a les aiguillons plus courts & en plus petit nombre que les autres raies ; cependant ils sont plus longs & plus nombreux que ceux de la raie lisse ; le corps a moins la figure d’une losange que celui des autres raies, & il approche plus de la figure ovale. Cette espece de raie à laquelle on a donné le nom de coliart, a trois rangées d’aiguillons à la queue, & une sur le milieu du dos ; il y en a aussi quelques-uns près des yeux. On a donné à ce poisson le nom de raie ondée, parce qu’il a une couleur cendrée avec plusieurs traits ondoyans.

Raie piquante, raia aspera ; elle differe des autres en ce que ses ailes sont couvertes en entier de petits aiguillons, & qu’elle n’en a aucun sur le corps. La queue est garnie de trois rangées d’aiguillons longs & forts, comme dans la plûpart des autres especes de raies ; ses rangées d’aiguillons s’étendent jusqu’à l’extrémité de la queue, au lieu que dans les autres raies il n’y a pas d’aiguillons après la nageoire de la queue. La raie piquante a le museau pointu ; la chair en est dure & de mauvais suc.

Raie piquante étoilée ; cette espece de raie est couverte pour ainsi dire par tout le corps d’aiguillons ; elle en a beaucoup de petits & pointus entre les deux yeux. Il y en a sur le dos une rangée de fort grands ; la queue en a trois rangées de grands & plusieurs petits hors des rangs ; il y en a aussi beaucoup d’épars sur le corps. Toute la face supérieure de ce poisson est brune, & il a un très-grand nombre de taches en forme d’étoiles, ce qui lui a fait donner le nom de raie étoilée ; sa chair est dure & seche.

Raie piquante œillée ; cette espece de raie est de la classe des raies piquantes, parce qu’elle a des aiguillons de chaque côté de la tête, sur le dos, sur la queue & sur les ailes, près d’une tache ronde qui est sur chaque aile, & qui lui a fait donner le nom de raie œillée : ces deux taches ressemblent à des yeux ; sa chair est dure.

Raie piquante par-dessus & par-dessous, toute la face supérieure du corps, des aîles & la queue de cette espece de raie est couverte d’aiguillons, la face inférieure des aîles en est aussi garnie, de sorte qu’on ne peut saisir ce poisson que par l’extrémité de la queue qui n’a point d’aiguillons depuis la premiere nageoire ; au reste cette raie ressemble aux autres. Rondelet, Hist. nat. des poissons de mer, liv. XIII. Voyez Poisson.

Raie, pêche de la, voici la maniere d’en faire la pêche telle qu’elle se pratique dans le ressort de l’amirauté de Quimper en Bretagne. Cette pêche commence vers Pâque, & finit à la S. Jean, parce qu’alors les Pêcheurs se disposent à faire la pêche de la sardine.

Chaque pêcheur fournit un nombre de filets, dont on fait une tissure ou continuité de rets de la longueur de plus de 1800 brasses. Les posteaux (sorte de poisson) se trouvent sur les fonds où le bas du rets reste tendu au moyen des pierres dont il est chargé. Ce poisson, comme les autres, ne recule jamais, mais pousse toujours en avant, quelque résistance qu’il trouve. Les Pêcheurs ne relevent leurs filets que de deux jours en deux jours, & ils reviennent chez eux dans cet intervalle ; outre les raies, on prend encore des turbots, quelquefois des anges, & souvent des crabes & des homars, ou écrevisses de mer.

On fait sécher les posteaux sans les saler : pour cet effet, on leur ôte les intestins ; & pour les faire sécher plus vîte & plus aisément, on les découpe en plusieurs endroits. On laisse entieres les petites raies ; on les étend sur la côte pour les faire sécher, évitant