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Teutonique y possede deux maisons, dans l’une desquelles réside un commandeur de l’ordre. Le pont de pierre sur lequel on passe le Danube, est le meilleur de tous ceux qui sont sur ce fleuve. Long. suivant Stréet, 28. 56. 15. lat. 49. 2.

Dom Juan d’Autriche, fils naturel de Charles-Quint, & l’un des grands capitaines du seizieme siecle, naquit à Ratisbonne en 1547, & mourut à Gemblours en 1578, à 32 ans. Il avoit gagné la bataille de Lespante contre les Turcs, & étoit lors de sa mort gouverneur des Pays-Bas. On a cru long-tems que la dame Blomberg (Barbe) étoit la mere de ce prince ; mais Strata nous assure qu’elle ne fit que servir de couverture à une grande princesse dont Charles-Quint eut ce fils naturel. Son frere Philippe II. le soupçonna de vouloir se faire souverain de la Flandre, & les liaisons qu’il avoit avec la reine Elisabeth autorisoient ses soupçons : on ne crut point que sa mort qui suivit de près fût naturelle. Autre anecdote curieuse : Philippe II. ayant trouvé dans les papiers de dom Juan un traité de ligue avec Henri, duc de Guise, qui eût été également fatal à la France & à l’Espagne, profita de cette découverte pour faire les mêmes propositions au duc de Guise, en sorte qu’il tourna à son avantage ce qui devoit lui être contraire, & que dom Juan fut la cause indirecte de cette fameuse ligue qui causa tant de malheurs.

Je ne connois point d’hommes de lettres un peu célebres nés à Ratisbonne, car les ouvrages astronomiques de Pimmart (George Christophe) sur le soleil & la lune, n’ont pas fait fortune dans le monde, quoique cet auteur ne soit mort qu’en 1705.

Prasch (Jean Louis) étoit assez versé dans la connoissance du droit civil & naturel ; mais ses ouvrages ont roulé sur d’autres sujets de littérature, & sont tombés dans l’oubli. Il mourut en 1690.

Rulland (Martin) fut médecin de l’empereur, & mourut à Prague en 1611, du mal d’Hongrie, lues ungarica, sur lequel il avoit fait un traité. C’est lui qui écrivit l’histoire fausse & ridicule de la prétendue dent d’or. (D. J.)

RATISSER, v. act. (Gramm.) c’est détacher des parties de la surface d’un corps, en y appliquant quelque instrument tranchant. Voyez les articles suivans.

Ratisser, façon que les fondeurs de caracteres d’Imprimerie donnent à toutes les lettres que l’on crene, qui sont plus nombreuses dans les caracteres italiques que dans ceux de romain ; ces lettres crenées ont une partie de leur figure qui saille & excede le corps du côté qu’on frotte les autres ; on ne peut frotter celle-ci, parce que la pierre emporteroit cette partie qui saille, & estropieroit la lettre. Pour suppléer à cette fonction de la pierre, après que la lettre est crenée, on ratisse & emporte avec un canif, depuis l’œil de la lettre jusqu’au pié, tout ce qu’il y a d’étranger au corps. Cela les polit de façon qu’elles s’accollent & se joignent comme si elles avoient été frottées. Voyez Crener, Frotter, Pierre a frotter, & nos Planches.

Ratisser, Ratissage, (Jardinage.) est le soin que l’on a de tenir un jardin très-propre dans ses allées, en coupant les herbes qui y croissent, & en y passant le rateau fin ; cet ouvrage demande un tems qui ne soit pas trop sec.

Lorsqu’au commencement de l’automne les allées sont remplies de feuilles & de graines d’arbres ou de marrons, on les racle seulement avec un rabot de bois.

Ratissage exprime encore la quantité d’allées qu’il faut ratisser dans un jardin.

Il se dit aussi pour faire entendre que dans un parterre entre les pieces de broderie, il y a de grandes parties blanches qu’on ratisse.

Pour éviter le grand ratissage des allées, on met souvent au milieu des tapis de gazon avec deux sentiers sur les côtés pour la promenade.

Ratisser les balles, en termes d’Imprimerie, c’est ôter de dessus les cuirs l’encre, ou lorsqu’elle se trouve trop abondante, ou qu’elle jette une espece de crasse qui s’y forme, & qui remplit l’œil de la lettre : pour cet effet, après avoir versé sur chaque balle une demi-cueillerée d’huile déteinte, & l’avoir étendue sur toute la surface des cuirs, on se sert d’un couteau dont la lame est très-plate, & n’a presque point de tranchant.

Ratisser les veaux, (terme de Reliure.) avant de couper les peaux de veau, les relieurs les trempent dans de l’eau de puits, & les tordent bien ; puis ils étendent la peau entiere, du côté du tan, sur une douve ou planche cambrée, qui appuie d’un bout à terre & de l’autre contre le ventre de l’ouvrier, & avec la dague ils ôtent le tan qui a pu rester sur la peau. On dit ratisser les veaux. Voyez Tremper les veaux, Dague, Douve, & Planches de Reliure.

Ratisser les gouttieres d’un livre à dorer sur tranche ; lorsque les relieurs doreurs ont mis leur livre dans la presse à dorer, ils en ratissent avec la racloir la superficie de la marbrure, tant du côté de la gouttiere que du haut & du bas. Ils se servent pour les gouttieres du racloir des gouttieres, & pour les tranches unies du haut & du bas du racloir des bouts. Voyez Racloir, Gouttiere, Tranche, Dorer, Marbrer, & nos Planches de Relieure.

RATISSOIRE, s. f. (outil de Jardinier.) instrument avec lequel on ratisse. Il se dit particulierement de celui dont se servent les jardiniers pour détruire les mauvaises herbes des allées de leurs jardins. Ils en ont de deux sortes ; l’une plate, & qui se pousse en avant ; l’autre qui forme un angle avec son manche qu’on tire devant soi ; toutes deux sont de fer plat, un peu tranchant, avec un long manche de bois.

Ratissoire, c’est une bande de fer plat recourbé par les deux bouts, qu’on scelle dans le mur à côté des portes des jardins, pour détacher des souliers le sable, la boue ou la terre qui reste sous la ratissoire, & qu’on n’emporte pas dans les appartemens. On appelle cet instrument gratte-pié ou décrotoir.

Ratissoir, s. m. ou Ratissoire, s. f. (Pâtissier.) c’est un petit instrument tout de fer, large de quatre ou cinq pouces, étroit par un bout & recourbé par l’autre, pour lui servir de manche, dont se servent les boulangers & pâtissiers pour ratisser la pâte qui s’attache à leurs fours ou à leur pétrin. (D. J.)

RATON, s. m. (Hist. nat. Zoplog.) vulpi affinis americana, rattoou, seu racoou, Ray, animal quadrupede, à-peu-près de la grosseur d’un petit blaireau : il a le museau mince & affilé comme celui du renard ; le nez retroussé, la levre inférieure beaucoup moins avancée que le nez, la tête grosse comme celle du renard, les oreilles plus courtes & arrondies à l’extrémité, la queue longue & touffue & entourée d’anneaux de différentes couleurs comme la queue du renard, les jambes de devant plus courtes que celles de derriere : le poil est doux, touffu, de couleur grise, mêlée de noir & d’une teinte de fauve ; il y a un bandeau noir & transversal au-dessus des yeux. En marchant, cet animal ne pose sur la terre que la pointe des piés comme les chiens ; mais lorsqu’il est en repos, il s’appuie sur le talon ; il se dresse sur les piés de derriere, comme les rats, les écureuils, &c. Il prend ses alimens avec les piés de devant pour les porter à sa bouche ; il les soutient avec les deux piés, parce que ses doigts n’ayant que peu de flexibilité, il ne peut ni saisir ni empoigner avec un seul pié. Il trempe dans l’eau, ou plutôt il détrempe tout ce qu’il mange, & il mange de tout. Cependant on a observé qu’un raton que l’on a nourri pendant long tems, ai-