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(Art militaire.) c’est l’action de refournir de vivres une place qui en manque.

RAVIVER, v. act. (Gram.) c’est rendre la vivacité & l’éclat. Les Forgerons ravivent le feu ; ils ravivent aussi les pieces qui ont perdu leur éclat ; raviver alors, c’est aviver de rechef.

RAULI, s. m. (Hist. nat.) nom qu’on donne à Aix-la-Chapelle à du zinc tiré de la calamine, en y joignant du charbon. Ce zinc s’appelle rauli lorsqu’il n’a point été purifié, & on l’appelle arco lorsqu’il est parfaitement pur.

RAULIN, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne aux pontifes ou prêtres idolâtres dans le royaume d’Arrakan, aux Indes orientales. Il y a une espece d’hiérarchie parmi ces prêtres, qui sont de trois ordres différens ; savoir les pungrini, les panjani, & les schoshom, ce qui répond à nos évêques, aux prêtres & aux diacres. Tous ces raulins sont soumis à un souverain pontife, qui est l’arbitre suprème de toutes les matieres relatives à la religion. La vénération que l’on a pour lui est si grande, que le roi du pays lui cede la place d’honneur, & ne lui parle qu’avec le plus profond respect. Les pungrini portent sur leur tête une mitre ou un bonnet jaune ; les autres se rasent la tête & sont vêtus de jaune : ils sont obligés de garder le célibat ; & en cas de désobéissance à leurs supérieurs, on les chasse du clergé, & ils deviennent sujets aux mêmes taxes que les laïcs. Lorsqu’un indien tombe malade, on envoie chercher un raulin ou prêtre, à qui l’on a plus de foi qu’au médecin ; ce prêtre dit des prieres, & souffle sur le malade ; & lorsque cela ne réussit point, il lui conseille d’offrir un sacrifice à Chaorbaos, c’est à-dire au dieu des quatre vents. Il consiste à immoler des cochons, de la volaille, & d’autres animaux, que le prêtre est chargé de manger. Ce sacrifice se réitere quatre fois en l’honneur des quatre vents, à-moins que le malade ne meure avant que d’en avoir fait la dépense. Si ces quatre sacrifices ne produisent aucun effet, l’on a recours à une nouvelle cérémonie appellée talagno. On commence par tendre la chambre du malade avec des tapis ; on y dresse un autel sur lequel on place une idole ; on fait danser le malade au son des instrumens, jusqu’à ce qu’il tombe en défaillance ; alors on croit qu’il est en conférence avec le dieu. Cet exercice dure pendant huit jours ; si le malade ne peut y suffire, on fait danser un de ses parens en sa place : durant ce tems on ne doit pas manquer de faire grande chere aux prêtres, sans quoi le ciel ne seroit point favorable au malade.

RAUMO, (Géog. anc.) petite ville de Suede dans la Finlande septentrionale, sur le golfe de Bothnie, à l’embouchure d’une petite riviere, entre Biornbourg & Nikork, près du détroit de même nom ; en suédois Raumo sund. Long. 40. 4. lat. 61. 26. (D. J.)

RAVOIRS simples et tramaillés, terme de Pêche, ce sont des especes de pêcheries qui ne se tendent qu’aux embouchures des rivieres. Les pêcheurs choisissent à cet effet des bancs de sable qui se trouvent entre deux gorges au courant d’eau, dont ces bancs se trouvent ainsi considérablement couverts à la marée.

Pour établir les pêcheries, les pêcheurs plantent sur les écores des bancs, des pieux ou piquets qui sortent du sable d’environ deux piés ; le filet, qui a au moins la même hauteur, & dont l’ordonnance a fixé la maille à deux pouces en quarré, comme celle des bas-parcs, est amarré sur le haut des pieux par un tour-mort : le bas n’est amarré qu’au premier & au dernier pieu. Les pieux sont rangés en ligne droite, souvent sur plusieurs rangées assez près l’une de l’autre ; le dos du filet est tourné à la mer. Ainsi les ravoirs ne pêchent point à marée montante ou de flot, parce qu’elle fait lever le bas du filet, qui est d’ailleurs libre

& volage sur la corde des pieux, afin qu’il puisse d’autant plus facilement faire le ventre ou la follée au retour de la marée, qui venant à tomber de ces bancs en ravines, pousse dans le filet tout ce qui a monté de flot ; & comme le bas du filet est un peu élevé du terrein, il reçoit dans sa follée tout ce que la marée y pousse. Le filet est élevé de terre plus ou moins, suivant les saisons, afin que les herbes & ordures qui montent dans les baies venant à retourner, puissent passer sous le filet, qu’elles entraîneroient avec elles sans cette précaution. Aussi-tôt que la marée descend, les pêcheurs vont sur les bancs, quoiqu’il y reste encore quelques piés d’eau ; ils accrochent d’espace en espace le bas du filet au haut des pieux, & attendent que la marée soit basse pour prendre le poisson qui est entré dans la follée du filet. Il n’y a que les grandes froidures qui fassent cesser cette pêche.

Les hamaux des ravois tramaillés ont six pouces en quarré, & la flue ou filure, nape, a deux pouces.

Ravoirs tramaillés, en usage dans le ressort de l’amirauté de Boulogne par les pêcheurs d’Etaples.

Les rets de leurs ravoirs sont de deux sortes ; les uns ont leurs filets simples, & les autres sont tramaillés. Les premiers se tendent comme ceux de la baie de l’Authie, en traversant la baie, les filets un peu retroussés au-dessus du fond.

Les ravoirs tramaillés ont leurs pieces de 14 à 15 brasses de longueur, & environ trois piés de hauteur ; les mailles des hamaux qui sont des deux côtés, n’ont que cinq pouces environ en quarré ; & celles de la flue, filure, maillons & nape, n’ont que 16 à 17 lignes aussi en quarré ; ils ont été avertis d’en augmenter le calibre.

Lorsque les ravoyeurs d’Etaples tendent ces filets dans leur baie, la manœuvre de la pêche est différente de celle des ravoirs ordinaires : le ret est arrêté seulement par la tête à des piquets plantés dans le sable, par le travers du canal de la Canche ; les pêcheurs en joignent plusieurs pieces bout-à-bout, suivant la place qu’ils choisissent pour les tendre, & le changement des bancs de sable où ils les placent. Le bas du ravoir tramaillé n’est pas retroussé au-dessus du terrein comme aux autres ravoirs simples ; il traîne à terre sans y être arrêté, pour que la marée montante fasse lever le filet, qu’elle souleve ; & lorsqu’elle baisse, comme il est arrêté par le pié des piquets ou piochons, les poissons qui ont monté avec la marée s’y trouvent pris. Ainsi cette espece de ravoir ne peut pêcher que d’ebbe, & non de flot.

Tous ces pêcheurs côtiers de pié ne tendent guere que durant les beaux tems, sur-tout pendant celui de la vive-eau, parce que lors des plus grandes marées, & que la mer descend davantage, ils peuvent alors placer leurs filets de piés plus avant à la basse eau.

RAUQUE, adj. (Gramm.) Il se dit du bruit, des sons, de la voix, lorsqu’elle est basse, sourde & dure. Les pigeons ont la voix rauque.

RAURACIENS, s. m. Rauraci, (Hist. anc.) peuple de Germanie qui du tems des Romains habitoient une partie du pays des Helvétiens ou Suisses, sur les bords du Rhin, où se trouve la ville de Bâle, qui s’appelle en latin Augusta Rauracorum.

RAURANUM, (Géogr. anc.) ville de la Gaule aquitanique. L’itinéraire d’Antonin la met sur la route de Bordeaux à Autun, entre Annedonacum & Limonum, à 20 milles de la premiere, & à 21 milles de la seconde. On prétend que c’est aujourd’hui Rom, chef-lieu d’un doyenné rural du diocèse de Poitiers. (D. J.)

RAURARQUES, les, Rauraci ou Raurici, (Géog. anc.) anciens peuples de la Gaule belgique. Ces peu-