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pratiques toutes opposées à celles des Réchabites. Voy. Assidéens & Esséniens.

RECHAFAUDER, v. act. & pass. c’est redresser un échafaud. Il faudra se réchafauder. Voyez Échafauder.

RECHAMPIR, v. act. (Peintres, Doreurs.) quand on dore quelque grand ouvrage dont les fonds sont blancs, il arrive presque toujours qu’en couchant de jaune, cette couleur se répand sur les fonds ; & pour réparer cet accident, on prend du blanc de céruse broyé & détrempé dans de l’eau où de la colle de poisson a déja trempé quelque tems ; on donne à ce mélange un bouillon ou deux, après l’avoir passé au travers d’un linge. De ce blanc ainsi infusé & détrempé dans cette colle, on couvre ce que le jaune ou l’assiette peut avoir gâté. On y donne deux ou trois couches, & c’est ce que l’on appelle réchampir. Diction. de comm. (D. J.)

RECHANGE, s. m. (Jurisprud.) est un second droit de change, qui est dû par le tireur d’une lettre de change au porteur de cette lettre, lorsqu’elle est protestée, & que le porteur a été obligé d’emprunter de l’argent, & d’en payer le change. Voyez l’ordonnance du commerce, tit. 6. le traité du change & rechange fait par Maréchal, le parfait négociant de Savary, & ci-devant le mot Change, & le mot Lettre-de-change. (A)

Rechange, (Marine.) nom général qu’on donne à toutes les manœuvres, voiles, vergues, funins, &c. qu’on met en réserve pour s’en servir au défaut de celles qui sont en place. On appelle sur le levant les voiles & les vergues de rechange, voiles & vergues de respect, voiles & vergues de répit.

RECHANGER, v. act. (Gram.) c’est changer une ou plusieurs fois. Voyez l’article Changer. Il faut rechanger cette marchandise, cet exemple contre un autre. Il faut rechanger de serrure. Il faut rechanger d’avis. Il faut rechanger de batterie, &c.

RÉCHAPPER, v. act. (Gram.) c’est échapper de rechef. Voyez l’article Échapper. Il a réchappé de cette maladie. Il s’est réchappé des prisons. Il s’est réchappé d’une maniere indécente en présence de son supérieur, qui l’en a repris.

RECHARGE d’arme a feu, (Art milit.) signifie une seconde charge, lorsqu’on tire plusieurs coups de suite & promptement avec le même canon, & qu’on s’apperçoit que le métal commence à s’échauffer, on diminue la charge, parce que dans cet état il est capable d’une moindre résistance, & qu’ainsi les charges ordinaires pourroient le faire crever.

On a expérimenté qu’une piece de 24 peut tirer 90 ou 100 coups en 24 heures, ce qui fait cinq coups par heure, mais on a soin de rafraîchir la piece après avoir tiré 10 ou 12 coups. Pour cet effet, on trempe l’écouvillon dans de l’eau, & on l’insinue plusieurs fois dans l’ame du canon. (Q)

RECHARGER, v. act. (Gram.) c’est charger une seconde fois. Voyez l’article Charger.

Recharger, v. n. terme de Charon ; recharger un aissieu de charrette, c’est regrossir les bras quand ils sont foibles. Diction. des Arts, 1731. (D. J.)

RECHASSER, v. act. (Gram.) c’est chasser une seconde fois. Voyez l’article Chasser.

Rechasser, v. act. terme de chasse ; ce mot signifie faire entrer dans les forêts les bêtes qui en sont sorties. Il y a eu autrefois des charges de rechasseurs des bêtes fauves données par le roi de France à des gentilhommes, avec des gages pour nourrir des chiens courans, rechasser les bêtes dans les forêts, & rompre ensuite les chiens. Trevoux. (D. J.)

RÉCHAUD, s. m. (Ustencile général.) ustencile de ménage qui sert à mettre du feu pour cuire & rechauffer les choses refroidies. On en fait de fer, de cuivre, & quelquefois d’argent. Les deux premieres

sortes sont du métier de chauderonier, la derniere de celui d’orfévre. Un rechaud de fer doit être fait de fer de cuirasse, & être composé d’un corps, d’une grille, d’un fond, d’une fourchette & d’un manche. Savary.

Réchaud, (Littérat.) en grec ἐσχαρίδα. Clément d’Alexandrie met cet ustencile parmi les instrumens du luxe, parce qu’on l’employoit de son tems, comme nous nous en servons aujourd’hui, pour empêcher les viandes qu’on sert sur la table de se refroidir ; c’est ce qui peut nous faire entendre ce passage de Séneque, épist. 85. Circa cænationes ejus, tumultus coquorum est, ipsos cum obsoniis focos transferentium. Hoc enim jam luxuria commenta est, ne quis intepescat cibus, ne quid palato jam calloso parum ferveat ; cænam culina prosequitur. « A ses soupers, tout retentit du bruit des cuisiniers, qui transportent des réchauds avec les viandes, car la friandise a déja imaginé ce rafinement, afin qu’aucun mets ne tiédisse, & que tout soit assez chaud pour ces palais endurcis ; la cuisine suit le souper ». Voilà bien du bruit pour des réchauds portés sur la table, qui empêchent seulement de manger froid, & avec dégoût, ce qui n’est bon & agréable que chaud.

Au reste, Séneque ne veut pas dire que l’invention du réchaud fût nouvelle de son tems, il ne parle que de l’usage qu’on en faisoit, qui en effet étoit nouveau mais très-sensé.

On trouvera dans les antiquités romaines de M. le comte Caylus, tom. I. la représentation d’un des réchauds de bronze des Romains, avec trois oies qui lui servent d’appui. Il a 7 pouces depuis l’extrémité d’une des trois têtes d’oiseau, jusqu’au bord opposé de sa circonférence. Cette espece de plateau a quinze lignes de creux, & les piés l’élevent au-dessus de deux pouces du plan. Les trois oies, car elles paroissent telles, forment les trois appuis qui se terminent par des piés de bœufs, & leurs aîles déployées avec assez de grace, sont d’un bon goût d’ornement. Ces têtes, qui se reploient sur leur estomac, & qui forment des especes d’anses, excédent d’un demi-pouce la circonférence du plateau.

Nous avons bien perfectionné cette invention, car je crois que nos réchauds à l’esprit-de-vin l’emportent de beaucoup sur ceux contre lesquels Séneque est si fort irrité. (D. J.)

Réchaud, (Jardinage.) ce mot est aujourd’hui plus en usage parmi les jardiniers que celui de réchauffement. Le réchaud est une épaisseur de fumier d’un ou deux piés, dont on environne des couches pour les réchauffer, avant que leur chaleur soit éteinte. S’il n’y a qu’une couche, on fait ce réchaud tout-au-tour d’environ deux piés de haut ; s’il y a deux couches ou plus, on ne donne cette épaisseur que du côté isolé. Quand les réchauds sont faits, on jette quelques voies d’eau par-dessus, pour empêcher le fumier de brûler la terre ; on fait les réchauds plus élevés que les couches, parce qu’ils s’affaissent promptement, & on les recharge de nouveau fumier pour les tenir continuellement un peu plus hauts que les couches. (D. J.)

RECHAUD, (Teint.) on dit donner le premier ou le second rechaud, pour dire donner le premier ou le second feu, ce qui signifie passer une premiere ou seconde fois l’étoffe que l’on veut teindre dans la chaudiere où est la teinture chaude.

RECHAUFFEMENT, s. m. terme de Jardinier, ce mot se dit d’un sentier de couches ou de planches qu’on remplit de fumier neuf, afin que ce fumier venant à s’échauffer, communique sa chaleur aux couches ou planches voisines, ensorte que les plantes qui y sont poussent malgré le froid de l’hiver ; on dit aussi rechaud. Voyez Rechaud. (D. J.)

RECHAUFFER, v. act. (Gram.) c’est rendre de