Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/121

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1320. On trouve sur la montagne de son voisinage un beau chemin pavé de grosses pierres carrées, & taillées exprès pour cet usage. (D. J.)

RENTERRER, v. act. (Gramm.) c’est enterrer de-rechef. Voyez les articles Enterrer & Enterrement.

RENTI ou RENTY, (Géog. mod.) c’étoit jadis une ville, & c’est présentement un bourg de France, dans l’Artois, sur l’Aa, aux confins de la Picardie, à 6 lieues au sud-ouest d’Aire, & à 10 au nord-ouest d’Arras. C’est le premier marquisat d’Artois. Charles V. en fit l’érection en 1533. Les Espagnols y furent mis en déroute par les François en 1554. Long. 19. 46. lat. 50. 35. (D. J.)

RENTIER, s. m. (Économie politique.) c’est celui qui pour se débarrasser du soin de ses affaires, met son bien & sa fortune en rentes constituées ou viageres. Le nombre des rentiers ne s’augmente dans un état qu’aux dépens du travail & du commerce, par l’oisiveté, le luxe, la mollesse, le sybaritisme. Un rentier est donc un sujet inutile, dont la paresse met un impôt sur l’industrie d’autrui.

Vers la fin de la république romaine, on opposoit aux riches rentiers de ce tems-là aux Crassus, aux chevaliers romains, un Quintus Cincinnatus, qui après avoir obtenu le plus éclatant triomphe dont aucun général eût jamais été gratifié, fut conjuré par le sénat, d’accepter une partie des dépouilles des ennemis pour lui rendre la vie plus commode. Ce grand homme remercia tous les sénateurs en général & en particulier, avec des termes pleins de reconnoissance, sans autre desir que de cultiver ses terres, plus content du champ de ses ayeux, que les plus riches ne le sont de leurs rentes immenses.

Mais il faut voir avec quels traits vifs & brillans Florus peint l’empressement de ce dictateur, qui sembloit n’avoir précipité le cours de sa victoire, que pour retourner plutôt à ses occupations rustiques, dont il préféroit l’obscurité à l’éclat de son triomphe.

Voici la peinture de Florus : Sic expeditione finitâ, rediit adboves rursus triumphalis agricola ; fidem numinum, quâ velocitate ! intra quindecim dies captum, peractumque bellum prorsus, ut festinasse dictator, ad relictum opus videretur. « C’est ainsi qu’après une expédition si heureuse, ce laboureur couvert de gloire revint à sa charrue ; mais avec quelle vîtesse, grands dieux ! Dans l’espace de quinze jours, il commence la guerre & la finit, ensorte que le dictateur romain ne parut s’être hâté si fort que pour reprendre plutôt son travail ordinaire ». (D. J.)

Rentier, (Jurisprud.) est celui auquel il est dû une rente ; ceux qui ont des rentes assignées sur les revenus du roi sont appellés rentiers.

En fait de rentes seigneuriales & foncieres, ou constituées sur particuliers, on entend ordinairement par rentiers ceux qui doivent les rentes.

Dans la coutume de Bretagne le rentier est le rôle des rentes du seigneur, comme le terrier est le rôle des terres qui en relevent ; on dit le rôle rentier. Voyez Rente. (A)

Rentiers, s. m. pl. (Com.) on appelle ainsi à Maroc, & dans toutes les villes de ce royaume, maritimes ou autres, où l’on paye des droits d’entrée & de sortie, les juifs qui en sont fermiers. Ils y font un très-grand profit, & très-peu de grace aux marchands chrétiens. Dictionn. de Commerce.

RENTOILER, v. act. terme de lingere, c’est regarnir d’une toille neuve une dentelle de point, une chemise, un rabat, & autre linge d’hommes & de femmes. (D. J.)

RENTON, s. m. terme de charpentier, jointure de deux pieces de bois de même espece, sur une même ligne. Le renton d’une sabliere, est l’endroit où il se joint de demi à demi. Diction. des Arts. (D. J.)

RENTONNER, v. act. terme de cabaretier, ce mot signifie mettre dans un tonneau une liqueur qu’on en a tirée, ou qu’on a tirée d’un autre. Les ordonnances des aides défendent aux cabaretiers de rentonner du vin dans une piece marquée & en perce. Savary. (D. J.)

RENTRAINER, v. act. (Gramm.) c’est entrainer de nouveau. Il se dit au simple & au figuré. Ce torrent a rentrainé la digue qu’on lui opposoit. Il s’est laissé rentrainer dans le vice par la mauvaise compagnie.

RENTRAIRE, v. act. (Manufacture.) ce mot signifie racommoder, rejoindre, coudre proprement avec de la soie, les déchirures & trous qui se sont faits dans une piece de drap, en lui donnant l’apprêt. Non-seulement ce soin est permis, mais encore il est de conséquence qu’il y ait d’habiles rentrayeurs dans les manufactures ; il est néanmoins défendu de rentraire les chefs de draperie étrangere sur une piece de drap de fabrique françoise, ou au contraire le chef d’un drap du royaume, sur une piece fabriquée en Hollande ou en Angleterre, soit pour frauder les droits du roi, soit pour tromper les marchands, comme il est quelquefois arrivé. Diction. du commerce. (D. J.)

Rentraire, v. act. terme de tapissier, c’est recoudre les relais d’une tapisserie de haute ou basse lisse ; il se dit aussi lorsque quelques endroits d’une tapisserie étant considérablement gâtés, on est obligé d’y faire une nouvelle chaîne & un nouvel ouvrage sur le patron de l’ancien ; ces chaînes de la rentraiture doivent être de laine & non de fil. Diction. du com. (D. J.)

RENTRAITURE, s. f. (Manufacture.) raccommodage ou couture des déchirures & des trous qui se trouvent dans une piece de drap. Les rentraitures passent pour tarre, & doivent se diminuer sur le prix des pieces par les manufacturiers.

RENTRAYEUR, s. m. (Draperie.) ouvrier dont l’emploi est de rentraire les draps. Dans les manufactures importantes, il y a ordinairement un ouvrier rentrayeur, dont toute l’occupation est de rentraire les draps, soit après leur retour du foulon, soit après qu’ils ont reçu l’apprêt. Diction. du comm. (D. J.)

RENTRÉE, s. f. (Grammaire.) l’action de rentrer. Voyez Rentrer. On dit la rentrée du parlement. Une heureuse rentrée au jeu, lorsqu’on prend au talon après avoir écarté, les cartes qu’on souhaitoit ou qu’on auroit souhaitées.

Rentrée, s. f. terme de Chasse, ce mot signifie le tems que le gibier rentre dans le bois, ce qui est le matin & le soir ; mais rentrer au fort, c’est en terme de Venerie, la même chose que se rembucher. Salnove. (D. J.)

RENTRER, v. n. (Grammaire.) c’est entrer derechef. Il étoit sorti, mais il est rentré pour une affaire qu’il avoit oubliée. Il est rentré dans son couvent. Il est rentré dans son bénéfice. Au figuré on dit, il est rentré en lui-même, dans son devoir.

Rentrer, (Jurisprud.) dans un bien, c’est en recupérer la possession.

Rentrer dans ses droits, c’est y être remis & rétabli, soit en vertu de quelque clause conditionnelle, soit en vertu de lettres du prince & d’un jugement qui les entérine, ou enfin en vertu de quelque accord ou transaction.

La rentrée des tribunaux, est le tems où ils recommencent leurs séances, lorsque les vacations sont finies. (A)

Rentrer au fort, terme de Chasse, se dit d’une bête qui se rembuche.

Rentrer, v. n. terme de billard, lorsque dans le jeu de billard, à la guerre, celui qui entre périt, sort