Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/138

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vicissitude des choses humaines, en lui présentant Marius six fois consul, Marius qui avoit été appellé le troisieme fondateur de Rome, Marius à qui les Romains dans leurs maisons avoient fait des libations comme à un dieu sauveur, en le lui présentant, dis-je, fugitif, sans pouvoir trouver d’asyle, & assis sur les ruines de Carthage, de cette ville si puissante, si célebre, & qui avoit été si long-tems la rivale de Rome. Plutarque.

Je mets au rang des belles réponses modernes celle de Louis XII. au sujet de ceux qui en avoient mal agi à son égard avant qu’il montât sur le trône, & celle de madame de Barneveld à Maurice de Nassau sur les démarches qu’elle faisoit auprès de lui pour sauver la vie à son fils aîné, qui avoit eu connoissance de la conspiration de son frere sans la découvrir.

Louis XII. replique à ses courtisans qui cherchoient à le flatter du côté de la vengeance, « qu’il ne convenoit pas au roi de France de venger les injures faites au duc d’Orléans ». Cette réponse de Louis XII. est d’autant plus héroïque qu’on l’avoit indignement outragé, qu’il étoit alors tout-puissant, & qu’il n’y avoit personne dans son royaume qui l’égalât en courage.

Madame de Barneveld interrogée avec une espece de reproche par le prince d’Orange pourquoi elle demandoit la grace de son fils, & n’avoit pas demandé celle de son mari, lui répond « que c’est parce que son fils étoit coupable, & que son mari étoit innocent ».

Une autre belle réponse est celle de la maréchale d’Ancre qui fut brûlée en place de Greve comme sorciere, événement dont on se souviendra avec étonnement jusqu’à la derniere postérité. Le conseiller Courtin interrogeant cette femme infortunée, lui demanda de quel sortilege elle s’étoit servi pour gouverner l’esprit de Marie de Médicis : « Je me suis servie, répondit la maréchale, du pouvoir qu’ont les ames fortes sur les esprits foibles ». Voltaire.

On peut mettre encore au nombre des belles reparties celle de mylord Bedford à Jacques II. roi d’Angleterre. Ce roi pressé par le prince d’Orange assembla son conseil, & s’adressant au comte de Bedford en particulier : « Mylord, dit-il, vous êtes un très bon homme & qui avez un grand crédit, vous pouvez présentement m’être très-utile. Sire, repartit le comte, je suis vieux & peu en état de servir votre majesté, mais j’avois autrefois un fils qui pourroit en effet vous rendre de grands services s’il étoit encore en vie ». Il parloit du lord Russel son fils qui avoit été décapité sous le dernier regne, & sacrifié à la vengeance du même roi qui lui demandoit ce bon office. Cette admirable repartie frappa Jacques II. comme d’un coup de foudre, il resta muet sans repliquer un seul mot. Burnet.

Je ne veux pas omettre la bonne repartie que fit en 1274 S. Thomas d’Aquin à Innocent IV. Il entroit dans la chambre du pape pendant que l’on comptoit de l’argent ; le pape lui dit : « Vous voyez que l’Église n’est plus dans le siecle où elle disoit, je n’ai ni or ni argent » ; à quoi le docteur évangélique répondit : « Il est vrai, saint pere, mais elle ne peut plus dire au boiteux, leve-toi & marche ».

On sait aussi la repartie heureuse de P. Danès, évêque de Lavaur : comme il déclamoit fortement au concile de Trente contre les mœurs des ecclésiastiques, il fut interrompu par l’évêque d’Orviette, qui dit avec mépris, gallus cantat, à quoi Danès repartit, utinam ad galli cantum Petrus resipisceret.

Les Spartiates sont les peuples les plus célebres en réponses héroïques, je n’en citerai qu’une seule. Philippe étant entré à main armée dans le Péloponnese, dit aux Lacédémoniens que s’ils ne se rendoient pas

à lui, ils n’auroient que des souffrances à attendre de leur résistance téméraire : « Eh, que peuvent souffrir ceux qui ne craignent pas la mort, lui repartit Damindas » ! Plutarque. (Le chevalier de Jaucourt.)

Réponse, s. f. (Jurisprud.) en terme de palais se dit de ce qui est repliqué verbalement à quelque interrogation, ou par écrit à quelque demande, dire ou autre procédure.

Réponse cathégorique, est celle qui se rapporte précisément à l’interrogation.

Réponses à causes d’appel sont les écritures que l’intimé fait en repliques à celles de l’appellant dans une instance appointée au conseil.

Réponse par crédit vel non, c’étoit une ancienne maniere de répondre de la part des témoins qui se contentoient de dire qu’ils croyoient ou ne croyoient pas telle chose ; l’article 36. de l’ordonnance de 1539 abroge ces sortes de réponses.

Réponses de droit, responsa prudentum, sont les décisions des anciens jurisconsultes, auxquels il étoit permis de répondre sur les questions qui leur étoient proposées.

Réponse à griefs, est une piece d’écriture que l’intimé fait contre les griefs fournis par l’appellant.

Réponse de vérité, est celle qui est précise & affirmative, & non faite par crédit vel non. Voyez l’ordonnance de Roussillon, article 6. (A)

Réponse, f. f. (Commerce.) engagement qu’on prend pour un autre de payer en la place une dette, ou l’acquitter d’une chose qu’il promet en cas qu’il ne l’exécute pas lui-même. On se sert plus ordinairement du mot de cautionnement. Voyez Cautionnement.

Réponse, lettre écrite d’après une autre qu’on a reçue, & qui a celle-ci pour objet : voilà ma lettre ; voilà sa réponse.

REPOS, s. m. (Physique.) c’est l’état d’un corps qui demeure toujours dans la même place, ou son application continuelle, ou sa contiguité avec les mêmes parties de l’espace qui l’environnent. Voyez Espace. Le repos est ou absolu ou relatif, de même que le lieu. Voyez Lieu. On définit encore le repos, l’état d’une chose sans mouvement ; ainsi le repos est ou absolu ou relatif, de même que le mouvement. Voyez Mouvement.

Newton définit le repos absolu, l’état continué d’un corps dans la même partie de l’espace absolu & immuable, & le repos relatif, l’état continué d’un corps dans une même partie de l’espace relatif ; ainsi dans un vaisseau qui fait voile, le repos relatif est l’état continué d’un corps dans le même endroit du vaisseau, & le repos vrai ou absolu est son état continué dans la même partie de l’espace absolu, dans lequel le vaisseau & tout ce qui renferme est contenu. Si la terre est réellement & absolument en repos, le corps relativement en repos dans le vaisseau sera mû réellement & absolument, & avec la même vîtesse que le vaisseau ; mais si la terre se meut, le corps dont il s’agit aura un mouvement absolu & réel, qui sera occasionné en partie par le mouvement réel de la terre dans l’espace absolu, & en partie par le mouvement relatif du vaisseau sur la mer. Enfin si le corps est aussi mu relativement dans le vaisseau, son mouvement réel sera composé en partie du mouvement réel de la terre dans l’espace immuable, en partie du mouvement relatif d’un vaisseau sur la mer, & en partie du mouvement propre du corps dans le vaisseau : ainsi si la partie de la terre où est le vaisseau se meut vers l’orient avec une vîtesse de 10010 degrés, & que le vaisseau soit porté par les vents vers l’occident avec 10 degrés, & qu’en même tems un homme marche dans le vaisseau vers l’orient avec un degré de vîtesse, cet homme sera mu réellement & abso-