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ce qu’on vouloit savoir. C’est ordinairement Homere ou Virgile qu’on prenoit pour cet effet, d’où l’on a donné ces sortes de divinations le nom de sortes Virgilianæ. Tantôt on écrivoit des sentences ou quelques vers détachés du poëte qu’on mettoit sur de petits morceaux de bois ; & après les avoir balottés dans une urne, le premier qu’on en tiroit donnoit pour prédiction la sentence qu’il portoit. Tantôt on jettoit des dés sur une planche où l’on avoit écrit plusieurs vers, & ceux sur lesquels s’arrêtoient les dés passoient pour contenir la prédiction que l’on cherchoit.

RHARIUM, (Géog. anc.) champ de l’Attique dans l’Eléusine, selon Etienne le géographe ; ce champ est nommé Raria terra & Rarius campus par Pausanias, l. I. c. xxxviij. & par Plutarque. Il étoit consacré à la déesse Cérès, & les Athéniens en regardoient la culture comme un point de religion. (D. J.)

RHASUT, s. m. (Botan. exotiq.) c’est une espece d’aristoloche étrangere, qui croît principalement chez les Maures & aux environs d’Alep. Sa racine peut être employée dans la Médecine à la place des autres aristoloches : elle contient beaucoup d’huile & de sel ; elle est détersive, dessicative & résolutive, étant appliquée extérieurement. (D. J.)

RHATOSTATYBUS, (Géog. anc.) fleuve de la grande Bretagne. Son embouchure est placée par Ptolomée, l. II. c. iij. entre celle du fleuve Tobius & le golfe Sabriana. Cambden croit que c’est présentement le Tave ou Taf. (D. J.)

RHAVIUM, (Géog. anc.) fleuve de l’Hibernie. Son embouchure est placée par Ptolomée, l. II. c. ij. entre le promontoire Boreum & la ville Nagnata. Cambden croit qu’il faut lire Banium, au lieu de Rhavium, & que le nom moderne est Banny. (D. J.)

RHAZUNDA, (Géog. anc.) ville de Médie. Ptolomée, l. VI. c. ij. la place dans les terres entre Sanaïs & Vénéca. Lazius dit qu’elle se nomme présentement Rhemen. (D. J.)

RHÉA, s. f. (Mythol.) femme & sœur de Saturne, divinité célebre du paganisme, sur l’origine de laquelle les poëtes ne sont point d’accord ; il y a même des contradictions à son sujet dans les hymnes d’Orphée, car dans l’une il la fait mere du ciel, & dans l’autre le ciel est son pere. On croit que Rhéa étoit dans son principe la reine d’Egypte Isis, qu’on a revêtue dans la suite de plusieurs noms en divers tems & en divers pays, ensorte qu’elle a été transformée en autant de divinités. Strabon fait mention de cette multiplication de noms donnés à la déesse : Et Berecynthes, & omnes Phryges, & qui Idam accolunt Troes, Rheam colunt, eique orgia celebrant. Vocatur ab eis mater deorum, & magna dea ; à locis autem Idoea, Dyndimene, Pessinuntia, Cybele. Mais quelque ancienne que fût Rhéa dans la Phrygie, elle l’étoit encore davantage en Egypte, où Diodore de Sicile fait descendre d’elle & de Saturne Jupiter & Junon. La théologie phénicienne de Sanchoniathon qui étoit plus ancienne, établit que Saturne ayant épousé ses deux sœurs, Astarté & Rhéa, il eut sept filles de la premiere, & sept fils de la derniere. Voilà donc la source dont les Grecs ont tirés toute la fable de Rhéa ou de Cybele. D’un autre côté Tite-Live vous racontera fort-au-long la tradition du transport de la déesse Rhéa de Pessinunte à Rome. Depuis lors les Romains lui rendirent les mêmes honneurs qu’elle avoit en Phrygie, & célebrerent tous les ans une fête à sa gloire. (D. J.)

RHÉBAS, (Géogr. anc.) riviere de la Bythinie. Elle a sa source au mont Olympe, & son embouchure dans le Pont-Euxin, près de celle du fleuve Psillis. Le scholiaste d’Apollonius écrit qu’on donne à ce petit fleuve le nom de Salmy dessus, parce qu’il joint ses eaux avec celles d’un fleuve de ce nom. Gil-

les prétend qu’on appelle encore aujourd’hui cette

riviere Ribas, mais M. de Tournefort dit Riva ; & voici comme il en parle.

Riva n’est qu’un ruisseau, large à-peu-près comme celui des Gobelins, tout bourbeux, & dont l’embouchure peut à peine servir de retraite à des bateaux ; cependant les anciens en ont fait sonner le nom bien haut sous celui de Rhébas. Denys le géographe qui a fait trois vers en sa faveur, l’appelle une aimable riviere. Apollonius le Rhodien au contraire en parle comme d’un torrent rapide : il n’est pourtant ni aimable, ni rapide aujourd’hui, &, suivant toutes les apparences, il n’a jamais été ni l’un ni l’autre.

Ses sources sont vers le bosphore du côté de Sultant Soliman Kiosc, dans un pays assez plat, d’où il coule dans des prairies marécageuses parmi des roseaux. Il n’est pas surprenant que Phinée eût donné une idée si affreuse de ce ruisseau aux Argonautes, lui qui regardoit les îles Cyanées comme les écueils les plus dangereux de la mer. Arrien compte 11 milles & 250 pas depuis le temple de Jupiter jusqu’à la riviere Rhébas, c’est-à-dire depuis le nouveau château d’Asie jusqu’à Riva : cet auteur est d’une exactitude admirable, & personne n’a connu si bien que lui la mer Noire, dont il a décrit toutes les côtes après les avoir reconnues en qualité de général de l’empereur Adrien, à qui il en dédia la description sous le nom du Périple du Pont-Euxin. (D. J.)

RHEDONES, (Géog. anc.) peuples de la Gaule dans l’Armorique. César, l. VII. c. lxxv. & Ptolomée, l. II. c. viij. en font mention. Sanson, dans ses remarques sur la carte de l’ancienne Gaule, observe que les Rhedones habitoient les terres que renferment aujourd’hui les diocèses de Rennes, de S. Malo & de Dol ; ces deux derniers ayant été tirés du premier. Leur capitale étoit Condate. (D. J.)

RHÉÉDIA, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante ainsi nommée en l’honneur de M. Van-Rheed, curieux botaniste hollandois. En voici les caracteres. La fleur n’a point de calice, mais elle est composée de quatre pétales qui sont de forme ovoïde, creux & étendus au long & au large ; les étamines sont cinq filets courts ; le germe du pistil est rond ; le fruit est petit, ovale, succulent, formant une seule loge, contenant trois grosses semences de forme ovoïde, alongées & sillonnées des raies irrégulieres qui imitent des caracteres. Linn. gen. plant. p. 523. Plum. 18. (D. J.)

RHEGIUM ou RHEGIUM JULIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie chez les Brutiens, selon Strabon, l. VI. p. 258. & Ptolomée. Le premier dit que le roi Denys la rasa, que Denys le jeune la rétablit en partie, & l’appella Phoebia, & qu’Auguste en fit une colonie romaine ; Gabriel Barri dit d’après Josephe, l. I. c. vij. qu’on la nomma anciennement Aschenaz, & ajoute, d’après Denys d’Halycarnasse, qu’Antiochus donna à cette même ville les noms de Neptunia & de Posidonia. S. Paul aborda dans cette ville en allant à Rome l’an 61 de Jesus-Christ, Act. xxviij. 12, 14. S. Luc qui étoit dans sa compagnie n’ayant point parlé des miracles qu’on prétend que S. Paul fit en ce lieu, son silence suffit pour rendre de tels miracles suspects. Au reste le nom moderne de Rhegium Julium est Reggio en Calabre.

Cette ville a produit dans l’antiquité des hommes celebres ; Agatoclès tyran de Sicile, fils d’un potier de terre ; le poëte Ibicus, Hippias & Lycus, tous deux historiens.

Agatoclès devint par sa valeur général de l’armée de Syracuse, & par son ambition tyran de cette ville, & ensuite de toute la Sicile. Il mourut de poison en la troisieme année de la cxxij. olympiade, l’an 464 de Rome, étant alors âgé de 72 ans, dont-il