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en avoit regné 28. Plutarque rapporte qu’il se faisoit servir à table partie en vaisselle de terre, partie en vaisselle d’or, pour conserver la mémoire de sa naissance, & pour apprendre aux siens que les talens seuls peuvent élever à une haute fortune.

Le poëte Ibycus florissoit du tems de Crésus, environ 600 ans avant l’ere chrétienne. Il fut assassiné par des voleurs, & il leur prédit que des grues qui passoient par hasard vengeroient sa mort. Ce présage fut vérifié, car l’un d’eux, peu de tems après, appercevant une bande de grues, dit en plein marché à son camarade : « Vois-tu ces vengeresses d’Ibycus » ? Ce mot fut incontinent rapporté au magistrat ; on arrêta les deux brigands, on les mit en prison où ils confesserent leur crime, & en payerent la peine. Les poésies d’Ibycus étoient aussi licencieuses que ses mœurs, comme nous l’apprennent ces paroles de Cicéron : Maximè verò omnium flagrasse amore puerorum, Rhegium Ibycum apparet ex scriptis.

Hippias vivoit sous le regne de Darius & de Xerxès, 425 ans avant Jesus-Christ. C’est lui qui le premier a écrit l’histoire de Sicile : il avoit aussi fait des chroniques & les origines d’Italie.

Lycus, pere du poëte Lycophron, florissoit du tems de Ptolomée Lagus sous la cxv. olympiade, vers l’an 320 avant Jesus-Christ. Il est auteur d’une histoire de Lybie & de Sicile. (D. J.)

RHEGMA, (Géog. anc.) 1° ville de l’Arabie heureuse. Ptolomée, l. VI. c. vij. la marque sur la côte du golfe persique & dans le pays des Anarites. 2° Lieu de la Cilicie, que Strabon, l. XIV. p. 672. place à l’embouchure du fleuve Cydnus. (D. J.)

Rhegma, s. m. (Léxic. médic.) ce mot grec veut dire, selon Galien, une espece de solution de continuité dans les parties molles, & cette rupture est l’effet d’une violente distension ; mais Hippocrate donne le nom de rhegma, tantôt aux spasmes qui affligent les parties musculeuses, & tantôt aux abscès qui s’ouvrent intérieurement. (D. J.)

RHÉIDE, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne en Westphalie, dans l’évêché de Munster sur la riviere d’Ems, près de Ritberg. (D. J.)

RHEIMS ou REIMS, (Géog. mod.) ville de France en Champagne, capitale du Rémois, sur la riviere de Vêle, (en latin Vidula), dans une plaine entourée de collines qui produisent d’excellens vins, à 12 lieues au nord-ouest de Châlons, à 38 au nord-ouest de Nancy, à 26 au nord de Troyes, & à 36 nord-est de Paris. Long. 21. 43. latit. 49. 15.

Cette ville est très-ancienne, & conserve encore plusieurs restes d’antiquités. Elle a pris son nom des peuples Rhemi ou Remois, mais elle s’appelloit Duroncourt en langue gauloise ; c’est ce mot que les Grecs & les Latins ont tourné selon l’inflexion de leur langue ; Jules César l’a nommé Durocortum, Strabon, Δουρικορτόρα ; Ptolomée, Δουροκόττορον ; & Etienne, Δουροκόρτορος. L’itinéraire d’Antonin & la carte de Peutinger l’appellent Durocortorum.

Cette ville étoit la capitale des peuples rémois du tems de Jules César, lesquels peuples avoient beaucoup de pouvoir dans la Gaule belgique, étoient alliés des Chartrains ou Carnutes, & jouissoient de leur propre & naturelle liberté. De plus cette ville tenoit à Rome par un des grands chemins de l’empire, & par sept chemins qui en sortoient. Elle étoit des plus fideles alliés du peuple romain. Sous les empereurs, il y avoit à Rheims un magasin d’armes & une manufacture où l’on doroit les armes impériales. Il reste encore des vestiges près de Rheims, des chemins publics qui conduisoient de cette ville dans plusieurs autres de l’empire, & qui prouvent la grandeur des maîtres du monde qui les ont fait faire. Enfin lorsque Constantin créa une nouvelle belgique, il lui donna la ville de Rheims pour métropole.

Elle fut célebre sous les premiers rois de France, puisque Clovis y fut baptisé avec les principaux de sa cour par l’évêque S. Remi, qui l’avoit instruit dans la religion chrétienne. Les rois mérovingiens donnerent dans la suite de grands biens à l’église de Rheims, ensorte que les archevêques devinrent seigneurs temporels de la plus grande partie de leur diocèse. Sous les enfans de Louis le Débonnaire, cette ville échut à Charles le Chauve, & fit partie du royaume de Neustrie, sans que depuis elle en ait été séparée jusqu’à présent.

Les rois Louis le Jeune & Philippe-Auguste son fils donnerent le titre de duc à l’archevêque Guillaume de Champagne, cardinal & frere de la rein-Adelle, & ils lui confirmerent les droits de sacrer & couronner les rois de Prance, qui leur avoient été fortement contestés dans ce siecle-là. Aussi tous les successeurs de Philippe-Auguste ont été sacrés à Rheims, excepté Henri IV. qui fit faire cette cérémonie à Chartres, parce que Rheims étoit attachée au parti de la ligue, & que l’archevêché étoit possédé par le cardinal Pellevé, l’un des plus envenimés ennemis de la maison royale. Le sacre de Philippe-Auguste passe pour avoir été le plus célebre de tous ceux qui l’ont précédé & qui l’ont suivi. Tous les pairs de France y assisterent en personne, ce qui est sans exemple.

Rheims est le siege d’un présidial, d’une élection, d’un hôtel des monnoies, & ce qui la distingue encore, le siege d’un archevêché qui porte le titre de premier duc & pair de France, légat né du saint siege, & primat de la Gaule belgique.

Son église métropolitaine, dédiée à la Vierge, tient un des premiers rangs dans les églises de France. Elle a été bâtie avant l’an 406, & son portail, quoique gothique, est très-estimé. La plus célebre des cinq abbayes qui sont à Rheims est celle de S. Remi, de l’ordre de S. Benoît. On y voit le tombeau du saint, & l’on y conserve la sainte ampoule qui contient l’huile de laquelle on sacre nos rois.

On vient d’y construire une place royale ; l’architecture est de M. le Gendre, ingénieur de la province ; & la statue pédestre est de M. Pigal. C’est un Louis XV. protecteur du commerce & des lois.

Les rhémois commercent en étoffes de laine & en vin. Citons-en les savans.

Lange (François), avocat, s’est acquis de la réputation par son livre intitulé le praticien françois, qui a été imprimé nombre de fois. L’auteur est mort en 1684 à 74 ans.

Lalement (Pierre), chanoine régulier de Ste Géneviève, y naquit en 1592, & devint chancelier de l’université de Paris, où il mourut en 1673, âgé de 81 ans. Quoiqu’il ne manquât pas d’érudition sacrée & profane, il n’a publié que des livres de dévotion en françois ; on estime les trois petits traités qu’il a fait sur la mort, intitulés, la mort des justes, le testament spirituel, & les saints desirs de la mort.

Bergier (Nicolas), né à Rheims en 1557, s’attacha à M. de Bellievre, & mourut dans son château en 1623. Il avoit fait l’histoire de sa patrie en seize livres, dont on n’a publié que les deux premiers ; mais il est fort connu par l’histoire des grands chemins de l’empire romain, ouvrage utile & plein d’érudition que son fils mit au jour à Paris en deux volumes in-4°. Il a été réimprimé dans la même ville en 1681, & depuis à Bruxelles en 1728.

Coquillart, poëte françois, né à Rheims, & official de cette ville. Il a vécu sous le regne de Louis XI. ses poésies ont été mises au jour en 1532, & réimprimées à Paris chez Coutelier en 1714, in-12.

Mopinot (dom Simon), bénédictin, né à Rheims en 1685, travailla avec dom Pierre Constant à la collection des lettres des papes, dont le premier vo-