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lume parut à Paris en 1721, in fol. Il mourut en 1724 dans la trente-neuvieme année de son âge.

Monantheuil (Henri de), né à Rheims vers l’an 1536, cultiva les Mathématiques & la Médecine. On trouvera son article & la liste de ses écrits dans le P. Nicéron, tome XV.

Ressant (Pierre), garde du cabinet des médailles de Louis XIV. étoit de Rheims, ainsi que Pierre-Antoine Oudinet son parent, qu’il appella à Paris, & qui devint de l’académie des Inscriptions en 1701. M. Oudinet a donné quelques dissertations curieuses sur les médailles. Il mourut en 1712, âgé de 69 ans. Le P. Nicéron a fait son article dans ses Mémoires des hommes illustres, tomes IX. & X.

Ruinart (dom Thierry), bénédictin & savant critique, naquit à Rheims en 1657, & mourut en 1709. On lui doit la vie du P. Mabillon son maître, & avec lequel il avoit composé le vj. siecle des actes des saints de l’ordre de S. Benoît. On doit beaucoup d’autres recherches aux seuls bénédictins de ce royaume ; ce sont ceux qui ont dévoilé les anciens rits de l’Eglise, & qui ont achevé de tirer de dessous terre les décombres du moyen âge. Dom Ruinart publia à Paris en 1689, in-4°. son recueil latin des actes des premiers martyrs, ouvrage qu’on a depuis traduit en françois & publié à Paris en 1708 en deux volumes in-8°. Cet ouvrage est accompagné d’une préface, dans laquelle dom Ruinart soutient contre Dodwell, que l’Eglise eut dans les premiers siecles une foule prodigieuse de martyrs. Je n’entrerai point dans cette dispute littéraire, mais peut être que le savant bénédictin n’a pas assez distingué les martyrs chrétiens de ceux qui sont morts naturellement, & les persécutions politiques de celles qui eurent lieu pour simple cause de religion. (Le chevalier de Jaucourt.)

Rheims, concile de l’an 1148. tenu à, (Hist. eccl.) ce fameux concile fut tenu par le pape Eugene III, en l’absence de Louis le Jeune ; voici ce qu’en dit l’auteur de l’abregé chronol. de l’hist. de France.

Si le grand concours des prélats rendoit un concile écumenique, celui-là l’auroit été, car on y en comptoit onze cens, parmi lesquels étoient les primats d’Espagne & d’Angleterre, ayant le pape à leur tête ; mais Eugène III lui-même, dans sa lettre à l’évêque de Ravennes, ne le qualifie que l’assemblée de toutes les Gaules cisalpines, ce qui prouve qu’il y avoit peu de prélats italiens, & ce qui fut apparemment une des raisons qui empêcherent que le concile ne fût écumenique. Ce fut dans ce concile, qu’un certain fou nommé Eon, abusé lui-même par ces mots, per eum qui venturus est, fut condamné à être enfermé. On ne croiroit pas qu’une telle extravagance eût trouvé des sectateurs, mais la persécution en fit éclore ; ce concile contient dix-sept canons, appellés communément les canons d’Eugène III, & dont la plûpart sont insérés dans le droit.

On peut remarquer entr’autres canons le sixieme, qui defend aux avoués des Eglises de rien prendre sur elle, ni par eux, ni par leurs inférieurs, au-delà de leurs anciens droits, sous peine d’être privés, après leur mort, de la sépulture ecclésiastique ; le septieme défend aux évêques, diacres, sous-diacres, moines & religieuses, de se marier ; le douzieme défend les joûtes, tournois, &c. (qui étoient nés en France, & qui avoient été imités dans toute l’Europe) sous peine pour ceux qui y perdront la vie, d’être privés de la sépulture ecclésiastique, &c. Ce fut aussi dans ce concile que fut jugée l’affaire de Gilbert de la Porée, évêque de Poitiers, sur certaine question métaphysique au sujet de la Trinité.

Ce qui est principalement à remarquer, c’est que ce concile étant séparé, le pape forma une congrégation sur cette affaire, dans laquelle les cardinaux

prétendirent que les évêques de France n’étoient pas en droit de juger des dogmes, & que ce droit étoit reservé au pape seul, assisté des cardinaux. En effet, la profession de foi des évêques de France ne fut pas insérée dans les actes du concile qui se conservent dans la bibliotheque du Vatican ; mais les évêques de France ne manquerent pas de l’insérer dans les copies qu’ils tirerent pour eux de ce même concile. S. Bernard y joue un grand rôle. Pontificat d’Eugène III. par Dom Delannes, pag. 161. (D. J.)

RHEIN, le, (Géog. mod.) en latin Rhenus, grand fleuve d’Europe, qui sembleroit devoir être la borne naturelle, entre l’Allemagne & la France

Ce fleuve tire sa source, ou plutôt ses sources, du pays des Grisons, dans la partie qu’on nomme la ligue-haute. Le mont Adula qui occupa tout le pays nommé Reinwald, & qui s’étend fort avant dans tous les pays d’alentour, sous divers noms, forme trois petites rivieres, dont l’une qui est à l’occident & qui sort du mont Crispalt, est appellée par les Allemands Vorder-Rhein, c’est à-dire le Rhein de devant ; & par les François, le bas-Rhein. La seconde qui sort du mont Saint Barnabé, Luckmanierberg, s’appelle le Rhein du milieu ; & la troisieme qui sort du saint Bernardin, Volgelberg, est nommée par les Allemands Hinder-Rhein, c’est-à-dire le Rhein de derriere ; & par les François le haut-Rhein.

Tout près de-là, un peu à côté à l’ouest, on trouve les sources de quatre rivieres considérables ; savoir, celle du Rhône, dans le mont de la Fourche, qui court droit à l’ouest ; celle du Tésin, qui court au sud ; celle du Reuss, qui prend son cours vers le nord ; & celle de l’Aare, qui coule au nord-ouest.

Despreaux a peint poétiquement le fleuve du Rhein & son origine, dans les vers suivans :

Au pié du mont Adule entre mille roseaux,
Le Rhein, tranquille & fier du progrès de ses eaux,
Appuyé d’une main sur son urne penchante,
Dormoit au bruit flatteur de son onde naissante……

Epit. 4. vers. 39.

Ce fleuve est profond, rapide, & a son fond d’un gros gravier, mêre de cailloux. Il est fort bisarre dans ses débordemens, & sa navigation est difficile, tant à cause de sa rapidité, que des coupures qu’il fait dans son cours, où on voit un grand nombre d’îles, couvertes de broussailles, très-pénibles à pénétrer.

Il roule quelques paillettes d’or dans son sable, que les habitans des îles du Rhein vont chercher après ses débordemens. Les seigneurs limitrophes afferment ce droit, ainsi que celui de la pêche du poisson, qui est abondant dans ce fleuve.

Il donne son nom à deux cercles de l’empire, qui sont le cercle du haut-Rhein & le cercle du bas-Rhein. On appelle aussi simplement le haut-Rhein, & le bas-Rhein, les endroits de ce fleuve qui répondent à ces deux cercles.

Le cours du Rhein est aujourd’hui beaucoup mieux connu qu’il ne l’étoit du tems de César ; mais comme il seroit trop long d’en faire ici la description, attendu les différens territoires qui le baignent, je me contenterai de dire qu’il sépare la Suabe de l’Alsace, arrose le cercle du haut-Rhein, & celui de Westphalie. Il se partage ensuite en deux branches, dont la gauche s’appelle le Vahal, & la droite conserve le nom de Rhein. A huit lieues au-dessous d’Arnheim, il se sépare encore en deux branches ; la principale prend le nom de Leck, & se joint à la Meuse ; l’autre qui conserve son nom, mais qui n’est plus qu’un ruisseau, se perd dans l’Océan, au dessous de Leyde ; ainsi finit l’empire romain, réduit aux fauxbourgs de Constantinople !

Furius avoit décrit les sources du Rhein dans quel-