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ques-uns de ses poëmes, mais il en avoit donné une si laide peinture, qu’Horace dit que ce poëte avoit fait au dieu de ce fleuve, une tête de bouë, diffingit Rheni luteum caput, comme un potier qui s’aviseroit de former grossierement une tête d’homme avec de l’argile. Diffingere est la même chose que fingere, & convient fort bien avec luteum caput.

Le nom de ce fleuve dans la langue celtique, signifioit pur, & lui fut donné, à cause que les Celtes superstitieux employoient ses eaux pour faire des épreuves de la chasteté, comme il paroît par une ancienne épigramme grecque, & par un distique de S. Grégoire de Naziance.

La figure de ce fleuve se trouve souvent sur les médailles, comme dans celles de Julien, des deux Posthumes, tyrans des Gaules, avec l’inscription palus provinciarum. (Le chevalier de Jaucourt.)

RHEINAW ou RHINAW, (Géog. mod.) en latin Augia Rheni, petite ville de Suisse, dans le Turgaw, sur la gauche du Rhein, à 2 lieues au-dessous de Schassouze. C’étoit du tems des Romains une place importante, dont ils se servoient pour arrêter les courses des Germains. Il y a aujourd’hui une abbaye de bénédictins, fondée environ l’an 800, dont l’abbé est seigneur de la ville, sous la souveraineté des cantons ; une partie des habitans sont réformés, & les autres sont catholiques. Long. 26. 16. latit. 47. 47. (D. J.)

RHEINBERG, (Géog. mod.) ville fortifiée d’Allemagne, dans l’électorat de Cologne, à 8 milles au nord-ouest de cette ville, sur le Rhein, & près du comté de Mœurs. Le roi de Prusse s’en rendit maître en 1703, mais elle est revenue à l’électeur de Cologne, par le traité de paix de Rastad en 1714. Long. 24. 16. lat. 51. 28. (D. J.)

RHEINECK, (Géog. mod.) 1°. ou RHEINEGG ; ville de Suisse, capitale de Rheinthal, sur le Rhein, à l’endroit où ce fleuve entre dans le lac de Constance. Elle est munie d’un bon château, où réside le bailli que les Cantons y envoyent. Longit. 27. 30. lat. 47. 35.

2°. Rheineck ou Rhineck, est une petite ville d’Allemagne, dans l’archevêché de Cologne, entre Bisach & Andernach, sur le bord du Rhein. Long. 25. 15. lat. 49. 6. (D. J.)

RHEINFELDEN, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans le cercle de Suabe, & la plus importante des quatre villes forestieres, sur la gauche du Rhein, qu’on y passe sur un pont, à 9 lieues au sud-ouest de Fribourg, & à 3 au levant de Basle. En 1638, il y eut près de cette ville deux actions, dans une desquelles le duc de Rohan fut blessé à mort. En 1744, les François prirent Rochefelden, & ruinerent le fort qui la défendoit. Long. 25. 26. lat. 47. 43.

Eygs (Richard) jésuite, né à Rheinfelden en 1621, a donné quelques poésies latines, sacrées & profanes, dont les principales sont ses comica varii generis. Il mourut en 1659, à trente-huit ans. (D. J.)

RHEINFELS, (Géog. mod.) château d’Allemagne, dans le cercle du haut-Rhein, au comté de même nom, sur la droite du Rhein, entre Bingen au midi, & Coblentz au nord ; c’est la résidence ordinaire du landgrave de ce nom. Ce château fut bâti en 1245, & sert de citadelle à S. Gower, qui est à son voisinage. Long. 25. 20. lat. 50. 5. (D. J.)

RHEINGRAVE, s. m. (Hist. German.) ce mot signifie comte du Rhein ; c’est le nom qu’ont pris autrefois les gouverneurs que l’empereur envoyoit avec ce titre dans les villes ou les provinces, & qui par succession de tems, s’en sont rendus seigneurs & propriétaires. Voyez Burgrave, Landgrave, &c. (D. J.)

Rheingrave, s. f. (Hist. des modes.) on nommoit rheingrave dans le dernier siecle, une culotte ou haut-

de-chausse fort ample, attachée au bas avec des ru ;

bans, & ayant à la ceinture des aiguillettes qui surpassoient dans des œillets. (D. J.)

RHEINLAND, (Géog. mod.) en latin Rhenolandia. On nomme ainsi cette partie de la sud-Hollande qui se porte assez loin des deux côtés du Rhein, surtout du côté du nord, & dont Leyde est la ville capitale. On y trouve encore une autre ville considérable qui est Harlem. Ce pays s’étend en longueur du nord au sud, depuis le Kennemerland & l’Ye jusqu’au Delfeland & au Schieland ; & sa largeur se prend depuis l’Océan germanique, ou la mer du nord qui le baigne à l’occident, jusqu’à l’Amsteland, & jusqu’aux terres de la seigneurie d’Utrecht, qui le bornent à l’orient. Wisher a donné la meilleure carte que l’on ait du Rheinland. (D. J.)

RHEINTHAL le, (Géog. mod.) c’est-à-dire, le val du Rhein, vallée de la Suisse longue d’environ six lieues, le long du Rhein, mais étroite, & qui s’étend depuis la baronnie d’Alt-Sax jusqu’au lac de Constance, étant bornée à l’ouest par le canton d’Appenzel. On divise cette vallée en haute & basse ; elle contient plusieurs villages & les deux petites villes d’Altstetten & de Rheineck. On y recueille de bons vins, & on y commerce encore en toiles & en lins. Le Rheinthal dépend des huit anciens cantons, & de celui d’Appenzel. Les droits seigneuriaux se partagent entre ces cantons & l’abbé de S. Gal. Les neuf cantons y envoyent tour-à-tour un bailli qui réside à Rheineck, & qui n’est en office que pendant deux ans. Quoique le Rheintal soit, pour la plus grande partie, de la religion réformée, l’abbé en a cependant le patronat, c’est-à-dire, que les églises élisent deux pasteurs qu’elles présentent à l’abbé, & il choisit celui des deux qu’il lui plait. (D. J.)

RHEINWALD, (Géog. mod.) en latin rhenana vallis, grande vallée au pays des Grisons, dans la ligne haute. Cette vallée s’étend depuis celle de Schams au nord, jusqu’à la source du haut-Rhein. C’est là que le mont de l’Oiseau, Vogelberg, en italien Colme dell’Ucello, autrement dit S. Bernardin, est couverte de glaces éternelles, ou glaciers de 2 lieues de longueur, d’où sortent divers ruisseaux qui se jettent dans un lit profond.

Les montagnes qui s’élevent au-dessus du Rheinwald, sont si rudes qu’elles ne servent qu’au pâturage de quantité de troupeaux dans les Grisons, & des brebis qu’on y mene d’Italie, à la fin des grandes chaleurs de l’été, ce qui vaut aux peuples de la ligne haute environ deux cens mille écus par an.

Les bergers bergamasques qui paissent ces brebis, menent une vie dure & fort grossiere. Leur nourriture est de la farine de mil, cuite à l’eau sans sel & sans beurre. Leurs cabanes sont quelques rochers unis, couverts d’un toit transparent. Leur matelat est du vieux foin ; leur oreiller un morceau de bois, & leur couverture une mauvaise housse de cheval. Mais vous qui êtes rongés de soucis dans vos palais dorés, vous, qui faites consister le bonheur dans la molesse, vous,

Qui confondez avec la brute
Ce berger couché dans sa hute,
Au seul instinct presque réduit,
Parlez : quel est le moins barbare
D’une raison qui vous égare,
Ou de l’instinct qui le conduit ?

(D. J.)

RHEMI, (Géog. anc.) peuple de la Gaule belgique, sous Auguste. Ce peuple renfermoit les dioceses de Rheims, de Châlons & de Laon. Leurs villes principales étoient 1°. Durocortorum ou Durocortum ou Duricortora, aujourd’hui Rheims ; 2°. la Bibrax de