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cuns de ceux que je puis détourner, ne serons en aide à Charles contre Louis ».

On voit par cet exemple que la langue romane avoit déja autant de rapport avec le françois auquel il a donné naissance, qu’avec le latin dont il sortoit. Quoique les expressions en soient latines, la syntaxe ne l’est pas ; & l’on sait qu’une langue est aussi distinguée d’une autre par sa syntaxe que par son vocabulaire. Mém. de l’acad. des Insc. tom. XVII. & XXVI. in-4°. (D. J.)

ROMANESQUE, adj. (Gram.) qui tient du roman. Il se dit des choses & des personnes. Une passion romanesque ; des idées romanesques ; une tête romanesque ; un tour romanesque ; un ouvrage romanesque.

Romanesque, s. f. sorte de danse. Voyez Gaillarde.

ROMANIE, (Géog. mod.) ou Romélie, ou Rumélie, province de la Turquie européenne, bornée au nord par la Bulgarie, au midi par l’Archipel & la mer de Marmora, au levant par la mer Noire, & au couchant par la Macédoine.

Autrefois par la Romanie on entendoit généralement, comme l’a remarqué Selden, tout le pays que possédoient les empereurs grecs, soit dans l’Europe, soit dans l’Asie ou dans l’Afrique. Présentement le mot de Romanie désigne en général tout ce que les Turcs possedent en Europe, & particulierement la Thrace, la Bulgarie, la Macédoine, la Thessalie, la Grece & quelques autres contrées. Le mot Rumélie est composé de rum, & du mot grec ἕλλην, comme qui diroit la Romanie greque ; mais la Romanie est ordinairement restrainte au gouvernement du Beglerbeg de ce pays, gouvernement qui ne s’étend ni sur la Hongrie, ni sur les îles de l’Archipel, ni même sur la Morée, qui fait une partie du revenu de la valideh, c’est-à-dire de la sultane mere de l’empereur. Ce pays seroit fertile en blé & en pâturages, si les Turcs se donnoient la peine de le cultiver ; les Grecs y sont en grand nombre.

Le bacha de Rumélie ou Romanie, est le dix-huitieme entre les gouvernemens beglerbegs, & le plus considérable gouvernement des Turcs en Europe. Il fournit au bacha un million cent mille aspres de revenu. Ce bacha fait sa résidence à Sofie, & a sous lui vingt quatre sangiacs. (D. J.)

ROMANO, (Géog. mod.) ville d’Italie, dans la partie orientale du Bergamasque, sur une petite riviere qui coule entre le Serio & l’Oglio. Cette ville fait un bon commerce en blé. (D. J.)

ROMANOW, (Géog. mod.) ville de l’empire russien, dans le duché de Jéroslaw, sur la gauche du Volga, au-dessus de Jéroslaw. (D. J.)

ROMANS, (Géogr. mod.) petite ville de France, dans une belle plaine du Dauphiné, sur l’Isere, à 3 lieues du Rhône, à 10 au sud-ouest de Grenoble, & à 112 de Paris. Elle doit son origine à un monastere fondé dans le ix siecle, qui a été secularisé, & dont la manse abbatiale a été unie à l’archevêché de Vienne. Il y a dans cette ville une abbaye de filles, ordre de Cîteaux, fondée en 1532, & plusieurs couvens de religieux. Romans est un gouvernement particulier du gouvernement militaire de Dauphiné. Long. 22. 43. lat. 45. 7. (D. J.)

ROMARIN, s. m. (Hist. nat. Botan.) rosmarinus ; genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre supérieure est fendue en deux parties, & recourbée en arriere ; elle a des étamines crochues : la levre inférieure est divisée en trois parties dont celle du milieu est concave comme une cuillere. Le calice de cette fleur a deux ou trois pointes. Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semen-

ces arrondies, & renfermées dans une capsule qui a

servi de calice à la fleur. Tournefort, I. R. H. Voyez Plante.

Romarin, (Jardinage.) rosmarinus, arbrisseau toujours verd & odoriférent, qui vient en Espagne, en Italie, dans les provinces méridionales de ce royaume, & dans quelqu’autres pays chauds de l’Europe. Il fait de lui-même un buisson fort branchu qui s’étend en largeur & s’éleve peu ; cependant quand on le dirige par des soins de culture, on peut lui faire prendre 8 à 10 piés de hauteur. Ses feuilles sont fermes, longues, étroites, d’un verd foncé en-dessus, & blanchâtre en-dessous. Ses fleurs qui sont petites & d’un bleu pâle, paroissent au mois d’Avril. Elles durent long-tems, & se renouvellent encore en automne. Cet arbrisseau porte très-rarement des graines ; elles sont à-peu-près de la forme & de la grosseur de celle du mûrier : le mois d’Août est le tems de leur maturité dans les pays chauds.

Le romarin se multiplie très-aisément de branches couchées & de boutures. Les premieres se font au printems ; mais le commencement de Juillet est le tems le plus favorable pour faire les boutures d’arbres toujours verds. Quoiqu’on puisse faire prendre différentes formes à cet arbrisseau, il convient surtout à faire des haies qu’on peut tenir à six pés de hauteur, & en les taillant régulierement dans le commencement des mois de Juillet & de Septembre. Elles se garnissent bien & font un bon abri pour des parties de jardin que l’on veut tenir chaudement. Cet arbrisseau est un peu délicat pour plusieurs provinces de l’intérieur de ce royaume, où les hivers rigoureux le font souvent périr. Mais on attribue quelquefois au froid un dépérissement qui n’est venu que de caducité. Le romarin veut être renouvellé au bout de 10 ou 12 ans qui sont à-peu-près le terme de sa durée. On la prolongera considérablement en mettant l’arbrisseau dans un terrein sec & léger, sabloneux & très-pauvre ; il s’y plaira, il y sera moins sujet à être mutilé par le froid, & il y fera des progrès plus rapides que s’il étoit dans une meilleure terre. D’ailleurs, plus il est jeune, moins il résiste aux gelées. Il est un moyen de l’en garantir sûrement, c’est de lui faire prendre racine dans un vieux mur où il résistera à toutes les intempéries du plein air. Il n’exige aucuns soins de culture, que d’être arrosé largement si l’on veut accélérer son accroissement.

Cet arbrisseau peut servir à un objet utile. On assure que les abeilles recherchent ses fleurs de préférence, parce qu’elles sont printanieres, abondantes, de longue durée, & très-odorantes.

On fait entrer aussi ces fleurs dans les sachets de senteur, dans les pots-pourris, & elles font la base de l’eau de la reine d’Hongrie. La Médecine en fait usage à quantité d’égards. On prétend que l’eau où l’on a fait infuser pendant douze heures des feuilles & des fleurs de cet arbrisseau, prise intérieurement, fortifie la mémoire & la vue. La fumée de cette plante desséchée est des plus propres à purifier l’air, & à chasser les mauvaises odeurs.

On ne regarde à présent le romarin ordinaire que comme un arbrisseau trivial & ignoble. Son odeur quoique aromatique n’est supportable qu’aux gens du commun. Cependant il y a des variétés de cet arbrisseau assez belles pour être admises dans les collections les plus riches. Voici les différentes especes de romarin que l’on connoît à présent.

1. Le romarin ordinaire à feuilles étroites ; c’est à cette espece qu’on peut appliquer plus particulierement ce qui a été dit ci-dessus.

2. Le romarin ordinaire à feuilles étroites panachées de jaune ; cette variété a une apparence agréable ; ses feuilles sont parsemées accidentellement de taches d’un jaune vif, qui font le même aspect que si l’on