Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viere de Gurck, avec une abbaye. Les environs sont fertiles en très-bons vins. Long. 33. 24. lat. 46. 2. (D. J.)

RUDOYER, v. act. (Gram.) c’est traiter rudement.

Rudoyer son cheval, (Maréchal.) c’est le maltraiter mal-à-propos, quand on est dessus.

RUDUSCULANE, porte, (Antiq. rom.) rudusculana porta ; ancienne porte de la ville de Rome, ainsi nommée parce qu’elle étoit d’un ouvrage rustique & grossier, ou comme dit Valere Maxime, parce qu’elle étoit garnie de bronze. (D. J.)

RUE, s. f. (Hist. nat. Bot.) ruta, genre de plante à fleur en rose, composée le plus souvent de quatre pétales concaves & disposés en rond. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit arrondi, tétragone pour l’ordinaire, & composé souvent de quatre capsules attachées à un axe. Ce fruit renferme des semences qui ont ordinairement la figure d’un rein, ou qui sont anguleuses. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Rue sauvage, harmala ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit arrondi & divisé en trois capsules, qui renferment des semences le plus souvent oblongues. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les feuilles sont alternes. Tournefort, institut. rei herbar. Voyez Plante.

Rue, (Jardinage.) ruta, petit arbrisseau toujours vert, qui vient naturellement dans les pays méridionaux de l’Europe. Il s’éleve à quatre ou cinq piés ; ses feuilles sont épaisses, charnues, découpées, & d’un verd bleuâtre. Ses fleurs qui paroissent au mois de Juin sont jaunes & de peu d’agrément, elles viennent en bouquets au bout des branches. Ses graines qui sont noires, petites & anguleuses, sont renfermées dans une capsule qui a quatre loges. Quoique le feuillage de cet arbrisseau soit d’une jolie apparence, il rend une odeur forte, si désagréable, qu’il n’y a guere moyen d’en faire usage pour l’agrément. Son accroissement est prompt, il est robuste, il réussit dans toutes sortes de terreins, & il se multiplie aisément de graines, de branches couchées & même de bouture : cette derniere méthode est la voie la plus courte.

La Médecine fait usage de la rue dans quantité de circonstances. Elle a surtout la vertu de préserver des venins. Les Maréchaux en tirent des secours pour la cure des maladies du cheval & autres bestiaux. En Angleterre, en Hollande & en Allemagne, on fait entrer la rue dans plusieurs ragoûts. En Italie on mange ses plus jeunes rejettons en salade. Mais on ne fait en France nul usage de cette plante dans les alimens. Les goûts varient chez les différentes nations, comme les mœurs & les opinions.

On connoit plusieurs especes de rue : voici les plus remarquables.

1. La rue domestique, c’est la plus commune, & celle dont on fait plus particulierement usage.

2. La rue domestique à petites feuilles, ses fleurs sont aussi plus petites. Cet arbrisseau n’a pas d’autres différences.

3. La rue domestique à petites feuilles panachées, ses feuilles sont joliment tachées de blanc, pendant l’hiver & dans le commencement du printems. Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans cet arbrisseau, c’est que les taches ne sont apparentes que dans le tems où la seve n’est plus en action. Elles disparoissent peu-à-peu, à mesure que l’arbrisseau végete au printems, & on les voit reparoitre en automne, dès que la seve n’agit plus. On peut regarder cette plante comme un barometre de végétation.

4. La rue d’Alep à larges feuilles, elle est plus déli-

cate que les précédentes, & elle répand une odeur encore plus forte & plus désagréable.

5. La rue d’Alep à petites feuilles, c’est tout ce qui en fait la différence.

6. La grande rue sauvage, elle a beaucoup de ressemblance avec la premiere espece, si ce n’est qu’elle s’éleve davantage, & que ses feuilles, ses fleurs & ses graines sont plus petites, & que sa verdure est plus blanchâtre. Mais elle est moins robuste & d’une odeur si forte & si insupportable, qu’elle porte à la tête. Il y a même dans cette plante une vertu si active & si pénétrante, qu’elle occasionne de l’inflammation à la peau, lorsqu’on touche ses feuilles.

7. La petite rue sauvage, sa feuille & sa fleur sont plus petites que celles de la précédente. Elle s’éleve beaucoup moins, & elle n’a pas de meilleures qualités. Cependant c’est l’espece de rue qui a le plus d’agrément par rapport à son feuillage qui est très-joli.

8. La rue d’Espagne, sa feuille ressemble à celle du lin, & elle est fort délicate.

Rue, (Mat. méd.) rue des jardins & grande rue sauvage. Ces deux plantes ont les mêmes propriétés, & peuvent se substituer l’une à l’autre. On doit observer seulement que la derniere a plus d’efficacité que la premiere, &c.

Les feuilles & les semences de la rue sont d’usage.

L’infusion des feuilles fraîches de cette plante, ou ces mêmes feuilles seches réduites en poudre, sont des remedes très-efficaces pour rétablir les regles, & pour calmer les accès de vapeurs histériques. Ces mêmes remedes sont de bons vermifuges. Les semences ont les mêmes vertus, & sont employées aux mêmes usages. Le suc dépuré des feuilles est encore plus puissant. On emploie avec succès l’eau distillée de rue dans les juleps & les potions hystériques, anti-spasmodiques & vermifuges. Cette eau est comptée aussi parmi les remedes ophtalmiques.

On prépare une conserve avec les sommités fleuries ; & on en retire une teinture qui a aussi les mêmes vertus. L’huile essentielle de rue est regardée comme possédant les mêmes propriétés, & à un petit degré très-supérieur ; mais il est vraissemblable que cette huile participe plus des qualités communes des huiles essentielles que des qualités particulieres de la rue.

Cette plante est d’ailleurs recommandée comme résistant très-puissamment au venin, corrigeant le mauvais air, & même chassant le diable. C’est surtout un vinaigre composé, dont la rue est un des principaux ingrédiens qu’on emploie dans ces dernieres vues.

On prépare avec la rue une huile par infusion qu’on emploie extérieurement comme résolutive & nervine, & qu’on croit surtout propre à tuer les vers des enfans, si on leur en frotte le nombril. C’est principalement cette derniere propriété qu’on attribue aussi à l’huile essentielle.

La rue doit être regardée comme un remede puissant, que son odeur forte & désagréable fait trop négliger parmi nous.

La rue entre dans un grand nombre de compositions officinales. Elle est un très-bon ingrédient d’un remede magistral externe très-usité sous le nom de vin aromatique. Voyez Vin aromatique. (b)

Rue, s. f. (Architect.) espace entre des maisons pour servir de passage au public, ou si vous l’aimez mieux, c’est un chemin libre bordé de maisons ou de murs, pavé & pratiqué dans les villes, pour communiquer d’une maison, d’une place, d’un quartier à un autre. Vitruve, Palladio, & ceux qui sont entrés dans le détail de la construction des villes, donnent les préceptes suivans, au sujet du compartiment des rues.

Dans l’alignement des rues des villes, il faut sur-