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dans le Blekingie, province de Suede, on voit un chemin taillé dans le roc, où l’on trouve divers caracteres runiques qui ont été tracés par le roi Harald Hildetand, qui étoit payen, & qui régnoit au commencement du septieme siecle, c’est à-dire, longtems avant que l’Evangile fût porté dans ces contrées.

Les peuples grossiers du nord n’eurent pas de peine à se persuader qu’il y avoit quelque chose de surnaturel ou de magique dans l’écriture qui leur avoit été apportée ; peut-être même que Odin leur fit entendre qu’il opéroit des prodiges par son secours. On distinguoit donc plusieurs especes de runes ; il y en avoit de nuisibles, que l’on nommoit runes ameres ; on les employoit lorsqu’on vouloit faire du mal. Les runes secourables détournoient les accidens ; les runes victorieuses procuroient la victoire à ceux qui en faisoient usage ; les runes médicinales guérissoient des maladies ; on les gravoit sur des feuilles d’arbres. Enfin, il y avoit des runes pour éviter les naufrages, pour soulager les femmes en travail, pour préserver des empoisonnemens, pour se rendre une belle favorable ; mais une faute d’ortographe étoit de la derniere conséquence ; elle exposoit sa maîtresse à quelque maladie dangereuse, à laquelle on ne pouvoit remédier que par d’autres runes écrites avec la derniere exactitude. Ces runes ne différoient que par les cérémonies qu’on observoit en les écrivant, par la matiere sur laquelle on les traçoit, par l’endroit où on les exposoit, par la maniere dont on arrangeoit les lignes, soit en cercle, soit en serpentant, soit en triangle, &c. Sur quoi M. Mallet observe avec beaucoup de raison, que la magie opere des prodiges chez toutes les nations qui y croient.

Les caracteres runiques furent aussi employés à des usages plus raisonnables & moins superstitieux ; on s’en servoit pour écrire des lettres, & pour graver des inscriptions & des épitaphes ; on a remarqué que les plus anciennes sont les mieux gravées ; il est rare d’en trouver qui soient écrites de la droite à la gauche ; mais on en rencontre assez communément qui sont écrites de haut-en-bas sur une même ligne, à la maniere des Chinois.

De tous les monumens écrits en caracteres runiques, il n’y en a point qui se soient mieux conservés que ceux qui ont été gravés sur des rochers ; cependant on traçoit aussi ces caracteres sur des écorces de bouleau, sur des peaux préparées, sur des bâtons de bois poli, sur des planches. On a trouvé des bâtons chargés de caracteres runiques, qui n’étoient autre chose que des especes d’almanachs. L’usage de ces caracteres s’est maintenu dans le nord long-tems après que le Christianisme y eût été embrassé ; l’on assûre même que l’on s’en sert encore parmi les montagnards d’une province de Suede. Voyez l’introduction à l’histoire du Danemark, de M. l’abbé Mallet.

On a trouvé dans la Helsingie, province du nord de la Suede, plusieurs monumens chargés de caracteres qui different considérablement des runes ordinaires. Ces caracteres ont été déchiffrés par M. Magnus Celsius, professeur en Astronomie dans l’université d’Upsal, qui a trouvé que l’alphabet de ces runes de Helsingie étoit aussi composé de seize lettres ; ce sont des traits ou des lignes courbes qui, quoique d’ailleurs parfaitement semblables, ont des sons différens, suivant la maniere dont elles sont disposées, soit perpendiculairement, soit en diagonale. On ne peut décider si les runes ordinaires ont donné naissance aux caracteres de Helsingie, ou si ce sont ces derniers dont on a dérivé les runes ordinaires. M. Celsius croit que ces caracteres ont été dérivés des lettres grecques ou romaines, ce qui n’est guere probable ; vu que jamais les Grecs ni les Romains n’ont pénétré dans ces pays septentrionaux. Le même au-

teur remarque qu’il n’y a point de caracteres qui ressemblent

plus à ces runes, que ceux que l’on trouve encore dans les inscriptions qui accompagnent les ruines de Persepolis ou de Tchelminar en Perse. Voyez les Transactions philosophiques, n°. 445, où l’on trouvera l’alphabet des runes de Helsingie, donné par M. Celsius.

RUPELMONDE, (Géog. mod.) ville des Pays-bas dans la Flandre sur la gauche de l’Escaut, à l’embouchure de la Rupel dont elle tire son nom, à 3 lieues au-dessus d’Anvers, avec titre de comté depuis 1650. Ses fortifications ont été ruinées pendant les guerres. Long. 21. 50. lat. 51. 10. (D. J.)

RUPIN, ou RUPPIN, (Géog. mod.) ville d’Allemagne dans l’électorat de Brandebourg, chef-lieu d’un comté de même nom, à 9 milles au nord-ouest de Berlin. Elle est divisée en deux parties par un étang poissonneux. Long. 30. 56. lat. 53. (D. J.)

RUPPIA, s. f. (Hist. nat. Bot.) nom donné par Linnæus à un genre de plante que Micheli avoit appellée bucca ferrea : en voici les caracteres. Le calice est composé d’un étui droit, pointu, qui se panche un peu quand le fruit est mûr, & qui contient doublement la fructification. Il n’y a ni pétale ni étamine, mais un nombre de bossettes faites en forme de reins, & placées de chaque côté. Les pistils sont plusieurs stiles déliés, chevelus, portant chacun un germe ovale avec un simple stigma. Le fruit est une capsule ovale, pointue, placée sur le style, qui devient plus alongée. Il y a tout-autant de fruits qu’il y avoit de pistils sur la plante, & chacun contient une graine arrondie. Micheli xxxv. Linnæi gen. plantar. 432. (D. J.)

RUPTOIRE, s. m. terme de Chirurgie concernant la mat. méd. externe, médicament qui a la vertu de brûler & de faire une escarre aux parties sur lesquelles on l’applique : c’est la même chose que cautere potentiel. On prépare les médicamens ruptoires avec la chaux-vive, les cendres gravellées, &c. Hildanus en faisoit grand usage dans les parties gangrenées, pour séparer le mort du vif. Ambroise Paré les recommande fort dans les charbons pestilentiels & autres tumeurs critiques, pourvu que l’inflammation ne soit pas excessive. Quand l’escarre est faite, on en procure la chute par les remedes maturatifs & suppurans.

Le sujet du premier prix que l’académie royale de Chirurgie a proposé en 1732 à sa naissance, étoit de déterminer pourquoi certaines tumeurs doivent être extirpées, & d’autres simplement ouvertes, dans l’une & l’autre de ces opérations, quels sont les cas où le cautere est préférable à l’instrument tranchant, & les raisons de préférence. Les mémoires qui sont imprimés sur cette question, contiennent d’excellens principes sur l’usage des cauteres potentiels. L’académie a depuis donné la question de l’usage des remedes caustiques en général ; & tout ce qui regarde ces médicamens, a été traité d’une maniere satisfaisante. On peut avoir recours aux dissertations imprimées dans le recueil des pieces qui ont concouru pour le prix de l’académie royale de Chirurgie. (Y)

RUPTURE, terme de Chirurgie, déchirement d’une partie à l’occasion d’une extension violente à laquelle elle n’a pu prêter. Les tendons trop tendus peuvent se casser ; on donne le nom de rupture à cet accident. M. Petit a donné à ce sujet plusieurs observations à l’académie royale des Sciences, année 1722 & suiv. & a traité cette matiere dans son livre des maladies des os.

La rupture du tendon d’Achille est celle qui arrive le plus fréquemment ; c’est aussi cet accident qui fait le principal sujet des mémoires de M. Petit. Cette rupture est complette ou incomplette. La possibilité