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jus, ce qui rendit l’air de cette ville plus sain. Il imagina & travailla en 1558 au canal de Provence, appellé de son nom le canal Crapone ; c’est un canal de six lieues au-dessus de l’embouchure de la Durance dans le Rhône, & qui porte l’abondance dans des campagnes stériles. Il avoit entrepris de joindre les deux mers en France, & le roi Henri II. avoit même commencé à y faire travailler ; mais la grande capacité de Crapone lui fut fatale : car ayant été envoyé à Nantes en Bretagne pour y démolir les travaux d’une citadelle qu’on avoit exécutée sur un méchant terrain, il fut empoisonné dans la quarantieme année de son âge, par les premiers entrepreneurs de cette citadelle. (D. J.)

SALONA, (Géog. mod.) ville de Grece, dans la Livadie, près du golphe du même nom, sur une petite riviere, à dix-huit lieues au nord-est de Lépante. Elle est habitée en partie par les Turcs, qui y ont sept mosquées, & par les Grecs, qui y ont six églises, avec un évêque suffragant d’Athènes.

Salona n’est point l’ancienne Delphes, ville de la Phocide ; mais c’est Amphisa, comme M. Spon l’a prouvé par une belle & grande inscription latine, qu’il trouva dans une des églises de la ville ; cette inscription étoit un rescrit du proconsul romain Decimius Secundinus, qu’il adressoit aux habitans d’Amphisa. Long. 40. 35. latit. 38. 50. (D. J.)

SALONE, Salona, (Géogr. anc. & mod.) ancienne ville maritime de la Dalmatie. Elle est nommée Colonia-Martia, Julia Salona, dans une inscription rapportée par Gruter, p. 23. n°. 12.

Spon décrit ainsi les restes de cette ville. Salone étoit, dit-il, un ville fameuse dans l’antiquité, mais nous n’y trouvâmes que des masures, & il n’y a plus qu’une église avec quatre ou cinq moulins. Les villes périssent, aussi-bien que les hommes. Elle étoit dans une belle plaine à deux milles de la montagne Morlaque qu’elle avoit au nord, & s’étendoit jusqu’à un petit golfe qui étoit son port, dans lequel va tomber la petite riviere qui passe au milieu & où l’on pêche des truites. Elle est dans une égale distance de Glissa & de Spalatro, environ à 4 milles de l’un & de l’autre. Elle pouvoir avoir 8 à 9 milles de tour ; mais ceux du pays disent qu’elle en avoit davantage.

Le chemin qui va de Salone à Clissa portoit anciennement le nom de via Gabiniana, comme on l’apprend d’une inscription antique ; Clissa a succédé à l’Andetrium des anciens. Zonare rapporte que Dioclétien se retira à Salone, ἐν Σαλῶνι, ville de Dalmatie où il étoit né ; aussi un de nos poëtes fait-il dire à cet empereur dans la tragédie de Gabinie.

Salone m’a vu naître, & me verra mourir.

On nous représente communément Dioclétien comme un ennemi mortel des chrétiens. & son regne comme un saint Barthelemi continuelle. C’est néanmoins ce qui est entierement contraire à la vérité. Les fideles jouirent de la plus grande liberté pendant vingt ans sous cet empereur, & ne furent maltraités sous lui que pendant deux années. Encore Lactance, Eusebe & l’empereur Constantin imputent ces violences au seul Galerius, & non à Dioclétien. Il n’est pas en effet vraissemblable qu’un homme assez philosophe pour renoncer à l’empire l’ait été assez peu pour être un persécuteur fanatique. Concluons que l’ere des martyrs qui commence à l’avénement de Dioclétien, n’auroit dû être datée que deux ans avant son abdication, puisqu’il ne fit aucun martyr pendant vingt ans. C’est la réflexion de l’auteur de l’Essai sur l’Histoire universelle. (D. J.)

SALONIA, (Géog. anc.) ancienne ville de Bithynie, selon Etienne le Géographe. Elle est nommée simplement Salon, Σάλων, par Strabon, l. XII. p. 565, qui dit qu’aux environs il y avoit des pâtura-

ges excellens, où l’on nourrissoit des troupeaux de

vaches dont le lait servoit à faire un fromage renommé, que l’on appelloit fromage salonite. (D. J.)

SALONICKI ou SALONICHI, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, au fond d’un golfe de même nom, & capitale de la Macédoine, près de la riviere de Vardari, à 50 lieues au sud-ouest de Sophie.

Cette ville autrefois grande & magnifique, connue sous le nom de Thessalonique, est encore peuplée & marchande. Les Juifs font presque tout le commerce qui consiste en soie, saine, coton, cuirs, &c. ils y ont plusieurs synagogues ; les Grecs y ont aussi quelques églises, avec un archevêque. Longitude, suivant le P. Feuillée, Lieutaud, Desplaces & Cassini, 40. 39′. 30″. latit. 40. 41′. 10.

Le gouverneur de Salonicki porte le titre de moula, & sa charge le met en haute considération à la porte. Dans le tems qu’Andronic voulut s’emparer de l’empire, Salonicki fut prise par Guillaume, roi de Sicile. Elle revint ensuite sous la domination d’Andronic Paléologue, empereur de Constantinople, qui, pour s’unir à la république de Venise, lui céda les droits qu’il avoit sur Salonicki ; mais Venise en jouit à peine deux ans. Le sultan turc profita du mauvais état des affaires de l’Italie & de la foiblesse des habitans qui n’étoient pas en état de lui résister. Il envoya un de ses généraux s’emparer de cette ville, dont il est resté maître ; il accorda la tolérance de religion aux Grecs & aux Juifs, & Salonicki redevint florissante. (D. J.)

Salonicki, le golphe de, (Géogr. moderne.) golfe de la Macédoine dans l’Archipel ; c’est le golfe Therméen des anciens, en latin Thermeus ou Thermaïcus sinus. Il prend aujourd’hui son nom de la ville Salonicki, la seule qui soit sur ses bords. Le P. Coronelli donne 140 milles de longueur à ce golfe, qui par son exposition aux vents est périlleux pour ceux qui y naviguent. (D. J.)

SALONTA, s. f. (Hist. nat. Botan.) plante de l’île de Madagascar qui croît de la hauteur d’une toise. C’est une espece de tithimale qui n’a qu’une seule tige qui porte à sa cime douze ou quinze feuilles en bouquet semblables à celles du lauréole. Ses fleurs sont de couleur de chair.

SALOPIA, (Géog. anc.) 1°. nom latin de la ville de Shrewsburi. Quelques livres la nomment aussi Salop. 2°. Nom latin de Shropshire, que l’on appelle aussi la province de Salop. Ainsi ce nom latin sert également à cette province & à sa capitale. Voyez Shrewsburi. (D. J.)

SALORGE, s. f. (Commerce de sel.) amas de sel ou especes des meules de sel destinées pour en faire commerce. L’ordonnance des gabelles défend d’avoir des salorges plus près de cinq lieues des greniers de la ferme.

On nomme salorges à Nantes, & dans plusieurs autres lieux de la Bretagne, les magasins où les marchands qui font le commerce des sels ont coutume de mettre & conserver leurs sels. Il en est parlé dans la pancarte ou tarif de la prevôté de Nantes. Dictionn. du Comm. (D. J.)

SALPA, s. f. (Icthiolog.) c’est un poisson de mer gros, long, & ressemblant à la merluche : il vit d’algue & de mousse marine. On le fait sécher jusqu’à le rendre aussi dur que du bois, ensorte que pour l’attendrir & le pouvoir manger, il faut le battre quelque tems à coups de maillets. (D. J.)

SALPE, voyez Saupe.

SALPÊTRE, s. m. (Chimie.) voyez l’article Nitre. Le salpêtre est un sel moyen dont on tire par l’analyse un alkali fixe assez semblable au sel gemme, & un acide volatil qui en fait la principale partie, & d’où naissent les propriétés qui le distinguent d’un autre sel.