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On persuada quelques-uns de ces Sauvages, de se laisser conduire à Moscow. Tout les y frappa d’admiration. Ils regarderent l’empereur comme leur dieu, & se soumirent à lui donner tous les ans une offrande de deux martres-zibelines par habitant. On établit bientôt quelques colonies au-delà de l’Oby, & de l’Irtis ; on y bâtit même des forteresses. Un cosaque fut envoyé dans le pays en 1595, & le conquit pour les czars avec quelques soldats & quelqu’artillerie, comme Cortez subjugua le Méxique ; mais il ne conquit que des deserts, Hist. de Russie par M. de Voltaire.

Les Samoyèdes s’étendent le long de la mer jusqu’en Sibérie. Ils s’établissent au nombre de sept ou huit hommes & femmes, en quatre ou cinq tentes différentes. Ils s’occupent à faire des chaises, des rames, des machines à vuider l’eau des bateaux, &c. Ils sont habillés de peaux de rennes, qui leur pendent depuis le col jusqu’aux genoux, le poil en-dehors. Leurs cheveux sont noirs, épais, comme ceux des Sauvages ; & ils les coupent de tems en tems par floccons. Les femmes en tressent une partie, & y ajoutent pour ornement, de petites pieces de cuivre, avec une bandelette de drap rouge ou bleu : elles portent par-dessus un bonnet fourré. Leur chaussure consiste en bottines. Leur fil est fait de nerfs d’animaux ; leurs mouchoirs sont de nervures de bouleau fort délié, cousues ensemble.

Leurs tentes sont formées d’écorces d’arbres, cousues par bandes, & soutenues avec des perches. Elles sont ouvertes par le haut, pour en laisser sortir la fumée ; l’entrée a environ quatre piés d’élévation, & est couverte d’une grande piece de la même écorce, qu’ils soulevent pour y entrer & pour en sortir ; leur foyer est au milieu de cette tente.

Leurs traineaux ont ordinairement huit piés de long, sur trois piés quatre pouces de large, s’élevant sur le devant comme des patins. Le conducteur est assis sur le derriere, les jambes croisées, en laissant pendre quelquefois une par-dehors. Il a devant lui une petite planche arrondie par le haut, & une semblable, mais un peu élevée par-derriere, & tient à la main un grand bâton garni d’un bouton par le bout, dont il se sert pour pousser, & faire avancer les rennes qui les tirent.

Ils ont chez eux des magiciens qui leur prédisent le bien & le mal qui leur peut arriver. Ils ont aussi des gens qui vendent les vents à ceux qui navigent. Pour cet effet, ils donnent à celui qui entreprend quelque voyage, une corde nouée de trois nœuds, en les avertissant qu’en dénouant le premier, ils auront un vent médiocre ; que s’ils dénouent le second, le vent sera fort ; & que s’ils délient le troisieme, il s’élevera une tempête qui les mettra en danger.

Les Samoyèdes prennent à la chasse les chiens marins, losqu’ils viennent s’accoupler sur la glace. Ils s’habillent de la peau, vivent de la chair, & emploient l’huile à différens usages. Lorsque leurs enfans meurent à la mamelle, ils les enveloppent d’un drap, & les pendent à un arbre dans le bois : mais ils enterrent les autres.

Ce peuple est répandu de différens côtés, jusqu’aux principales rivieres de la Sibérie, comme l’Oby, le Jénicéa, le Léna & l’Amur, qui vont toutes se décharger dans le grand Océan. En un mot, les Samoyèdes occupent une vaste étendue de pays, des deux côtés de l’Oby, au nord est de la Moscovie, depuis le tropique jusqu’à l’Océan septentrional. Ils parlent des langues différentes ; car ceux qui habitent la côte de la mer, & ceux qui demeurent aux environs d’Archangel, sur la Dwina, n’ont pas le même langage.

Quoique leur maniere de vivre paroisse triste aux

Moscovites, ils la goûtent par préférence à toute autre ; & leur députés dirent au czar, que si sa majesté impériale connoissoit les charmes de leur climat, il viendroit sans doute l’habiter par préférence à Moscow.

C’est en vain que les czars ont établi la religion chrétienne chez les Samoyèdes qui leur sont soumis, ils n’ont pu détruire les superstitions de ces peuples qui mêlent toujours dans leurs enchantemens, les noms de leurs idoles, avec ce que le Christianisme a de plus respectable. (Le chevalier de Jaucourt.)

SAMPIT, s. m. (Hist. mod.) arme dont se servent les habitans de l’île de Borneo ; il leur sert tantôt comme d’un arc pour tirer des fleches empoisonnées, tantôt comme d’un javelot, & quelquefois comme d’une bayonnette qu’ils mettent au bout de leurs fusils.

SAMPSÉENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) anciens hérétiques que S. Epiphane croit être les mêmes que les Elcésaïtes. Voyez Elcésaïtes.

On ne peut pas mettre absolument les Sampséens au rang des Juifs, des chrétiens ou des païens. Leurs dogmes paroissent avoir été un mélange de toutes ces religions. Leur nom vient de l’hébreu semes, soleil, parce qu’on prétend qu’ils adoroient cet astre.

D’un autre côté, ils admettoient l’unité de Dieu, ils usoient d’ablutions, & pratiquoient beaucoup d’autres points de la religion judaïque. Plusieurs d’entr’eux ne mangoient point de chair.

Scaliger, après S. Epiphane, croit que les Sampséens étoient les mêmes que les Esséniens. En effet ces mots Elcésaïtes, Sampséens, Massaliens, Esséniens, semblent être différens noms attribues à une même secte, à moins que l’on n’entende par Elcésaïtes, Sampséens & Massaliens, des hérétiques qui ajouterent diverses erreurs aux opinions des Esséniens. Voyez Esséniens.

SAMPSUCHUM, s. m. (Botan. anc.) Ζάμψουχον, cette plante des Grecs que l’on prend ordinairement pour notre marjolaine, étoit appellée, selon plusieurs savans, amaracum par les Cizicéniens & les Siciliens, chez qui elle croissoit en abondance, & d’où on tiroit la meilleure & la plus estimée. En d’autres endroits de la Grece ce nom amaracum se donnoit à une plante fort différente de la marjolaine, savoir, à la matricaire ; il se donnoit aussi à la pariétaire. Saumaise croit que le véritable sampsuchum venoit d’Egypte, & que c’est un nom égyptien ; enfin il estime que l’amaracum des Grecs ne différoit du sampsuchum des Egyptiens qu’à l’égard du plus ou du moins de force, en quoi ce dernier l’emportoit. Mais ce qui est plus certain, c’est que dans Dioscoride & d’autres anciens auteurs, amaracum & sampsuchum sont des noms de différentes plantes. Dioscoride, en parlant des huiles, distingue oleum sampsuchinum & oleum amaracinum. Méléagre, dans un de ses poëmes où il passe en revue différens poëtes anciens & modernes, compare l’un à la plante qu’on nommoit amaracum, & un autre au sampsuchum. (D. J.)

SAMSCHE, (Géog. mod.) province de la Géorgie, dans les terres, & la plus avancée, au midi vers l’Arménie qui la borne de ce côté là, ainsi que le Guriel à l’occident, l’Immirete au nord, & le Caket à l’orient. Elle a son prince particulier qui est tributaire des Turcs. (D. J.)

SAMSOE, (Géog. mod.) petite île de Danemark, sur la mer Baltique, entre l’île de Funen au midi, & le nord-Jutland au septentrion. Sa longueur du nord au sud n’est que d’environ dix mille pas, & cependant il y a cinq paroisses. (D. J.)

SAMUEL livres de, (Critiq. sacrée.) le plus grand nombre des critiques donne à Samuel le livre des juges, celui de Ruth, & le premier livre des Rois ; cependant ce ne sont que des conjectures fort