Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/609

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une expression usitée qui signifie examiner quelque chose avec la derniere équité ; parce que chez les juifs, les prêtres avoient des poids & des mesures de pierre qui servoient à régler toutes les autres. Voyez Poids du sanctuaire.

Sanctuaire, parmi les Catholiques, signifie la partie du chœur la plus voisine de l’autel, dans laquelle le célébrant & les ministres se tiennent pendant la messe ; elle est même ordinairement séparée du chœur par une balustrade, & les laïcs ne doivent jamais s’y placer.

Sanctuaire a été employé dans un sens particulier, sur-tout chez les Anglois, pour signifier les églises qui servoient d’asyles aux malfaiteurs, ainsi que cela s’est pratiqué jusqu’au regne d’Henri VIII. Les coupables étoient à l’abri de la recherche de leurs crimes, si retirés dans ces asyles, ils reconnoissoient leur faute dans l’espace de quarante jours, & se soumettoient eux-mêmes au bannissement. Si pendant ces quarante jours un laïc les chassoit de l’asyle, il étoit excommunié ; un ecclésiastique encouroit pour le même sait la peine d’irrégularité.

Du nombre de ces asyles ou sanctuaires, étoient les églises de saint Jean de Beverley, dans la province d’York ; celle de saint Martin le grand à Londres ; la cathédrale de Ripon aussi en Yorkshire, érigée en asyle par Withlafe roi de Mercie ; celle de saint Burien dans la Cornouaille, en vertu du privilége accordé par le roi Athelstan, en 936 ; & celle de Westminster, érigée en asyle par saint Edouard. Voyez Asyle & Franchises.

SANCTUS, SACER, (Lang. lat.) ce ne sont pas deux termes synonymes dans la langue latine ; & nous les traduisons ordinairement au rebours en françois. Proprie sancta dicimus, quæ sanctione quâdam confirmata, ut leges sanctæ sunt ; sanctione enim quâdam sunt subnixæ. Dig. leg. 9. §. 3. Le sens du mot sanctus, répond donc à ce que nous appellons sacré ou inviolable dans notre langue ; & saint au contraire, répond au sens du mot sacer ; quoique ces deux mots viennent visiblement du latin. (D. J.)

SANCUS, s. m. (Mythol.) nom du dieu que les Romains honoroient sous le nom de dius fidius, dieu de la foi, & qui étoit reconnu des Grecs pour Hercule, comme l’enseigne Varron. Castalion pense que ce n’étoit point un nom plus particulier d’Hercule, que des autres dieux. On a trouvé plusieurs inscriptions où on lit, Sancus, sanctus, deus fidius ; on cite entre autres une pierre qu’on voit à Tibur, sur laquelle ces paroles sont gravées, Sanco, sancto, deo fidio, sacrum.

Sancus est un mot sabin, le même que Sabus, pere de Sabinus, qui donna son nom aux Sabins. Ces peuples le reconnoissoient pour dieu ; quand ils furent admis dans Rome, ils y transporterent leur dieu Sancus, & les Romains lui bâtirent un temple auprès de celui de Quirinus. Outre ce nom, on l’appella Sangus, Sanctus, & Fidius. Tite-Live le nomme simplement Sancus, & le met au nombre des semones, c’est-à-dire, des demi-hommes. C’étoit ainsi que les Romains appelloient certains dieux, qu’ils ne croyoient pas dignes du ciel, mais qu’ils regardoient au-dessus des hommes ordinaires. C’est en ce sens qu’il faut entendre cet endroit de Tite-Live, bona Semoni Sanco censuerunt consecranda : Ovide dans ses fastes, fait mention de tous ces détails :

Quoerebam nonas Sanco Fidiove, referrem
An tibi Semo pater ; tunc mihi sanctus ait, &c.

(D. J.)

SAND, terme de Géographie ; ce mot veut dire sable en allemand, en flamand, en anglois, & dans les autres langues dérivées de la langue teutonique. Il entre très-souvent dans la composition des mots géo-

graphiques de ces langues, & toujours dans la signification

de sable. (D. J.)

SANDALARIUS-VICUS, (Géog. anc.) quartier & rue de l’ancienne ville de Rome ; cette rue s’appelloit aussi Sandaliaris-Vicus ; Galien en fait mention. Une ancienne inscription porte, D. M. M. Afrani, Heliodori, Magistri, Vici-Sandaliarii, M. Afranius, Itumol, patrono, Fec. Une autre inscription fait connoître que cette rue étoit dans le quatrieme quartier de la ville : Sext. Fonteius, O L. Rophinius, C N. Pompeius, C N. L. Nicephor. Mag. Vici-Sandaliari, Reg. IV. anni XVIII. D. D.

Cela est conforme à Publius Victor, qui met le temple d’Apollon surnommé Sandaliarius, dans le quatrieme quartier de Rome ; Apollon prenoit ce surnom de cette rue, & Suétone marque que le temple avoit été bâti par Auguste. Il acheta, dit-il, les plus précieuses statues des dieux, & les dédia par quartiers, comme l’Apollon Sandalarius, le Jupiter Fragédus, &c. Cette rue étoit le quartier des Libraires ; Aulugelle dit, l. XVIII. c. iv. in Sandalario apud Librarios fuimus. (D. J.)

SANDALE, s. f. (Hist. anc. & mod.) sorte de chaussure ou pantoufle fort riche, qui étoit faite d’or, de soie, ou d’autres étoffes précieuses, & que portoient autrefois les dames greques & romaines ; elle consistoit en une semelle, dont l’extrémité postérieure étoit creusée pour recevoir la cheville du pié, la partie supérieure du pié restant découverte.

Térence dit, en parlant de cette sorte de chaussure,

Utinam tibi commitigari videam sandalis caput.

plut-à-Dieu qu’elle vous cassât la tête avec sa sandale.

Apollon étoit quelquefois nommé sandaliarius, faiseur de sandale. Les critiques ont été fort embarrassés sur la raison pour laquelle on lui donnoit ce nom ; quelques auteurs le font venir d’une rue appellée vicus sandaliarius, qui étoit habitée principalement par des faiseurs de sandale, & où ce dieu avoit un temple ; mais d’autres font venir avec plus de vraissemblance le nom de la rue, de celui du dieu, & croient qu’Apollon avoit été appellé ainsi, à cause de sa parure efféminée, comme s’il portoit des sandales de femme.

M. Burette, dans ses dissertations sur la musique des anciens, dit qu’ils se servoient de sandales de bois ou de fer, pour battre la mesure, afin de rendre la percussion rythmique plus éclatante.

Sandale signifie aussi une espece de soulier ou de pantoufle que portent le pape & les autres prélats quand ils officient & qui, à ce qu’on croit, est semblable à la chaussure que portoit S. Barthelémi.

Alcuin dit qu’il y avoit quelque différence entre les sandales des évêques & celles des prêtres & des diacres.

Il n’étoit permis aux moines de porter des sandales que quand ils voyageoient, selon la remarque de du Cange, de Saumaize, &c.

Sandale est encore le nom d’une espece de pantoufle ou soulier découpe par dessus, que portent aujourd’hui les religieux reformés de différentes congrégations ; elle consiste en une simple semelle de cuir, liée avec des courroies ou des boucles par dessus le haut du pié, qui est presque entierement à nud, à-peu-près comme les peintres peignent le bas du brodequin des anciens. Les capucins portent des sandales, & les recolets des socles ; les sandales sont toutes de cuir, au lieu que la semele des socles n’est que de bois.

Sandale, s. f. terme de maître d’escrime ; ce mot se dit parmi les maîtres d’armes, d’un soulier qui n’a qu’une demi empeigne, & qui n’a point de talon. On le met ordinairement au pié droit. (D. J.)