Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/620

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veut prendre à force ouverte de vieux sangliers mâles ; il faut du-moins être très-prompt à les secourir, & chercher à tuer le sanglier lorsqu’il tient. Ce secours ne se donne pas sans danger pour les hommes ; mais l’habitude & l’adresse à tirer diminuent beaucoup le péril, & ce péril même ajoute à l’intérêt, il rend la chasse du sanglier plus piquante qu’une autre. D’ailleurs il est toujours possible d’éviter ceux de ces animaux qui sont si dangereux pour une meute. On va en quête avec le limier, pour détourner le sanglier ; & il y a des connoissances par lesquelles les véneurs peuvent distinguer sûrement la bête qu’ils mettront devant leurs chiens. Premierement, nous avons dit que les sangliers se rembuchent seuls, lorsqu’ils ont atteint l’âge où ils deviennent dangereux ; & cette solitude est toujours une forte présomption, excepté dans le tems où les laies sont prêtes à mettre bas : alors elles se séparent aussi pour faire leurs marcassins, & on a besoin de marques distinctives pour les reconnoître. L’habitude fait appercevoir des différences sensibles entre la trace du sanglier & celle de la laie. Le sanglier a les pinces plus grosses, la sole, les gardes & le talon plus larges, les allures plus longues & plus assurées. On sait donc sûrement si la bête qu’on a détournée est une laie ou un sanglier ; & dans ce dernier cas, il est aisé d’aller, avec l’aide du limier, le tuer à la bauge.

Lorsque les chiens n’ont devant eux qu’une troupe de laies & de jeunes bêtes, il n’y a pas beaucoup de danger pour eux, & on tâche d’en séparer une, pour y faire tourner le gros de la meute. Cette chasse devient alors très-vive, parce que le sentiment de l’animal est fort, & qu’il ne multiplie pas les ruses ni les retours, comme font les animaux foibles. Si on chasse en pleine forêt, & sur-tout sous des futaies, on peut s’aider de mâtins vigoureux & exercés, qu’on place à portée des refuites du sanglier, & qui le coëffent. S’il y a des plaines à traverser, on joint à ces mâtins des lesses de levriers qui amusent l’animal, & donnent aux autres chiens le tems d’arriver. On peut attaquer de cette maniere les plus grands sangliers même, presque sans aucun danger.

Il y a une autre maniere de chasser ces animaux, mais qui exige trop d’appareil & de dépense pour être fort ordinaire. On environne de toiles une partie de la forêt où l’on s’est assuré qu’il y a des sangliers ; peu-à-peu on raccourcit l’enceinte, & on parvient enfin à resserrer assez étroitement les animaux qui s’y trouvent : alors on les attaque à coups de dards, d’épieu ou d’épée. En Allemagne, où cette chasse est plus commune, les Véneurs exercés se commettent ainsi avec les plus grands sangliers ; mais en France, lorsqu’on donne cette espece de fête, on a soin de ne laisser dans l’enceinte que ceux qui sont un peu plus traitables : sans cette précaution, la fête pourroit être tristement ensanglantée, parce qu’il faut que les chasseurs soient habitués de longue main à cette espece de combat, pour qu’ils puissent le risquer sans trop de desavantage. (M. le Roi.)

Sanglier, (Diete & Matiere médic.) la chair du sanglier, & sur-tout du sanglier fait, mais qui pourtant n’est pas vieux, & qui est gras, est assez tendre, quoique ferme, & il est facile, par une courte infusion dans le vinaigre, de la dépouiller absolument du goût qu’on appelle sauvage ou de venaison ; qu’elle ne differe à cet égard du bon bœuf ou du veau un peu fait, que parce qu’elle est un peu plus seche. Dans cet état elle n’est point difficile à digérer, elle convient aux hommes de tous les états, mais sur-tout à ceux qui menent une vie exercée, & il n’y a que les estomacs très-délicats qui s’en accommodent difficilement ; elle ne ressemble en rien à la chair du cochon domestique ; la graisse abondante dont cette derniere est pénétrée, & la fadeur de son suc, éta-

blissent manifestement cette différence.

Le jeune sanglier ou marcassin qu’on trouve assez généralement plus délicat, peut être regardé avec raison comme moins salutaire que le sanglier dont nous venons de parler.

Les chasseurs ont coutume d’enlever les testicules au sanglier dès le moment qu’ils l’ont tué, sans cette précaution tout l’animal contracteroit une odeur de bouquin qui le rendroit insupportable au goût.

Les dents de sanglier ou défences de sangliers, sont mises au rang des absorbans, mais sans qu’on puisse assigner aucune raison valable de la préférence qu’on leur donne sur celle de plusieurs autres animaux ; on leur attribue aussi les vertus imaginaires d’exciter les urines & les sueurs.

Les testicules, la graisse, le fiel de sanglier, &c. (car cette énumération revient toujours), ont aussi grossi la liste des médicamens, mais sont aujourd’hui absolument hors d’usage. (b)

Sanglier des Indes orientales, babyroussa, Pl. III. fig. 3. cet animal ressemble au cerf par sa grandeur, & au cochon par sa figure ; il a le museau alongé, la tête oblongue & étroite, les oreilles petites & pointues, les yeux petits ; la queue longue, frisée, & terminée par un bouquet de poils, & les jambes longues & déliées. Les poils du corps sont courts & laineux, & doux, à l’exception de ceux du dos qui sont plus rudes & soyeux ; ils ont tous une couleur blanchâtre ou brune mêlée de gris. Les dents canines de la mâchoire du dessus sont dirigés en haut à leur origine ; elles se recourbent en arriere, de façon que dans le dernier âge de l’animal leur extrémité aboutit au-dessous des yeux & perce la peau. Les dents canines de la mâchoire du dessous ressemblent à celles des sangliers. Regn. animal. pag. 110.

Sanglier du Mexique. Voyez Tajacu.

SANGLONS, s. m. pl. (Charpent.) ce sont des pieces de bois comme de fausses-côtes, qu’on met aux bateaux pour les fortifier. (D. J.)

Sanglons, (Marine.) Voyez Fourcats.

SANGLOT, s. m. en Médecine, est un mouvement convulsif du diaphragme qu’on appelle communément hocquet. Voyez Hocquet.

Sanglot, (Sellerie.) petite courroie qu’on attache à la selle d’un cheval ou au bât des bêtes de somme, pour y attacher les sangles.

SANGRO, le, (Géogr. mod.) riviere d’Italie, au royaume de Naples. Elle tire sa source de l’Apennin, aux confins de la terre de Labour, & se perd dans le golfe de Venise, à 6 milles au-dessous de Lanicano ; son nom latin est Sagrus & Sarus. (D. J.)

SANGSUE, (Zoologie.) hirudo ou sanguisuga par les naturalistes ; petit animal oblong, noirâtre, sans piés, vivant dans les lieux aquatiques, marqueté sur le corps de taches & de raies, & ayant dans l’ouverture de la bouche un instrument à trois tranchans, avec lequel il entame la peau pour en sucer le sang.

Les eaux croupissantes fournissent deux especes de sangsues, une grande, & une petite. La grande, nommée sangsue de cheval, en latin bdella seu hirudo equina, croît jusqu’à 5 pouces de longueur ; elle est comme le ver de terre divisée par anneaux au nombre d’une centaine ; on la regarde comme venimeuse dans ses blessures ; la petite espece en differe, non-seulement par la taille, mais par la couleur de son ventre, qui est noirâtre, avec une teinte de verd.

C’est de cette petite espece dont il s’agira dans cet article ; mais pour abréger sa description, déja donnée fort au long par plusieurs naturalistes, comme par Loupart dans le journal des savans, année 1697, par