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La douceur accomplit l’homme qui sait.

Fais le bien, si tu veux qu’il te soit fait.

Qu’as-tu, riche ? si la vie est nulle pour toi.

Celui qui t’entretient des défauts d’autrui, entretient les autres des tiens.

Les rois n’ont point de freres ; les envieux point de repos ; les menteurs point de crédit.

Le visage du mensonge est toujours hideux.

Dis la vérité, & que ton discours éclaire ta vie.

Que la haine même ne t’approche point du parjure.

L’avare qui a est plus indigent que le libéral qui manque.

La soif la plus ardente est celle de la richesse.

Il y a deux hommes qu’on ne rassasie point, celui qui court après la science, & celui qui court après la richesse.

La paresse & le sommeil éloignent de la vérité, & conduisent à l’indigence.

Le bienfait périt par le silence de l’ingrat.

Celui que tu vois marcher la tête panchée & les yeux baissés, est souvent un méchant.

Oublie l’envieux, il est assez puni par son vice.

C’est trop d’un crime.

Le malheureux, c’est l’homme coupable qui meurt avant le repentir.

Le repentir après la faute, ramene à l’état d’innocence.

La petitesse de la faute est ce qu’il y a de mieux dans le repentir.

Il est tems de se repentir tant que le soleil se leve.

Songe à toi, car il y a une recompense & un châtiment.

La recompense attend l’homme de bien dans l’éternité.

Outre cette sagesse dont l’expression est simple, ils en ont une parabolique. Les Sarrasins sont même plus riches en ce fond, que le reste des nations ; ils disent :

Ne nage point dans l’eau froide ; émousse l’épine avec l’épine ; ferme ta porte au voleur ; ne lâche point ton troupeau, sans parc ; chacun a son pié ; ne fais point de société avec le lion ; ne marche point nud dans les rues ; ne parle point où il y a des oiseaux de nuit ; ne te livre point aux singes ; mets le verrou à ta porte ; j’entens le bruit du moulin, mais je ne vois point de farine ; si tu crains de monter à l’échelle, tu n’arriveras point sur le toît ; celui qui a le poing serré, a le cœur étroit ; ne brise point la saliere de ton hôte ; ne crache point dans le puits d’où tu bois ; ne t’habille pas de blanc dans les ténebres ; ne bois point dans une coupe de chair ; si un ange passe, ferme ta fenêtre ; lave-toi avant le coucher ; allume ta lampe avant la nuit ; toute brebis sera suspendue par le pié.

Ils ont aussi des fables : en voici une. Au tems d’Isa, trois hommes voyageoient ensemble : chemin faisant, ils trouverent un trésor, ils étoient bien contens ; ils continuerent de marcher, mais ils sentirent la fatigue & la faim, & l’un d’eux dit aux autres, il faudroit avoir à manger, qui est-ce qui ira en chercher ? Moi, répondit l’un d’entr’eux ; il part, il achete des mets ; mais après les avoir achetés, il pensa que s’il les empoisonnoit, ses compagnons de voyage en mourroient, & que le trésor lui resteroit, & il les empoisonna. Cependant les deux autres avoient résolu, pendant son absence, de le tuer, & de partager le trésor entr’eux. Il arriva, ils le tuerent ; ils mangerent des mets qu’il avoit apportés, ils moururent tous les trois, & le trésor n’appartint à personne.

SARRASINE, s. f. (Hist. nat. Bot.) sarracena ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond, & soutenus par un calice

formé de plusieurs feuilles. Le pistil sort du milieu de cette fleur ; il est garni d’une espece de bouclier membraneux, & il devient dans la suite un fruit arrondi & divisé le plus souvent en cinq loges, qui renferment des semences oblongues. Tournefort, I. R. H. App. Voyez Plante.

Sarrasine, terme de Fortification, se dit d’une espece de porte, formée de plusieurs pieces de bois perpendiculaires les unes aux autres, ou qui font ensemble une sorte de treillage. Les pieces de bois dont la pointe est en-bas, sont armées de pointes de fer. La sarrasine se mettoit autrefois au-dessus des portes des villes, suspendue par une corde à un moulinet qui est au-dessus de la porte. Elles étoient destinées à boucher les portes dans le cas des surprises ; car lâchant le moulinet, la sarrasine s’abaissoit, & tomboit debout entre deux coulisses, pratiquées pour cet effet dans les deux côtés de la porte. Cette sorte de fermeture ne se pratique plus à-présent : on y a substitué les orgues. Voyez Orgues.

L’inconvénient de la sarrasine, qu’on appelle aussi herse, étoit la facilité d’en arrêter l’effet, en fichant quelques clous dans les coulisses, ou en mettant dessous la porte quelque chose de propre à l’arrêter, ou à la soutenir de maniere qu’on puisse passer aisément dessous, ou à côté. Voyez Herse. (Q)

SARRASINOIS, s. m. (Anc. nom des Tapissiers.) ce nom se disoit autrefois, & s’entend encore dans les statuts de divers artisans, particulierement dans ceux des Tapissiers de la ville de Paris, de toutes sortes d’ouvrages de tapisserie qui se font en Orient, comme les tapis de Turquie & de Perse. C’est, à ce qu’on croit, sur ces ouvrages ainsi nommés du nom des Sarrasins, contre lesquels les Chrétiens ont fait tant de croisades, que ces derniers ont pris le modele des hautes & basses lisses, qui ont continué depuis ce tems-là de se fabriquer en Europe. Les Tapissiers de Paris s’arrogent la qualité de maîtres tapissiers de haute-lisse sarrasinois, & de rentraiture, &c. (D. J.)

SARRÉAL, (Géogr. mod.) petite ville d’Espagne, dans la Catalogne, sur le Francoli, remarquable par ses carrieres d’albâtre, qui est si transparent étant coupé par feuilles, qu’on en fait des glaces de fenêtres. (D. J.)

SARRIETTE, s. f. (Hist. nat. Bot.) satureia ; genre de plante qui differe du thym en ce que ses fleurs naissent éparses dans les aiselles des feuilles, & non pas réunies en maniere de tête ; du calament, en ce que les pédidules des fleurs ne sont pas branchus ; & du tymbre, en ce que ses fleurs ne sont pas disposées par anneau. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Sarriette, (Diete & Mat. méd.) cette plante qui est de la classe des labiées de Tournefort, est aromatique, & contient de l’huile essentielle. Elle à un goût vif, âcre, piquant, brûlant presque comme du poivre, lequel dépend d’un principe mobile qui irrite sensiblement les yeux & le nez, lorsqu’on l’en approche de très-près ; ce qui n’empêche pas qu’elle n’ait une odeur très-douce, lorsqu’on la flaire d’un peu loin. Je ne doute point que ce principe volatil ne soit un acide spontané, analogue à celui que j’ai observé dans le masum. Voyez Masum.

La sarriette est employée à titre d’assaisonnement dans plusieurs mets, sur-tout chez les Allemans, qui la mêlent aussi parmi les choux dont ils préparent leur sauer kraut. Cet assaisonnement aromatique & piquant est très-utile pour les estomacs foibles & languissans ; & il corrige utilement certains alimens lourds, fades, visqueux, &c.

Quant à son usage pharmaceutique, on doit regarder la sarriette comme un remede échauffant, tonique, fortifiant, stomachique, aphrodisiaque, emménago-