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chées : elles ne font racine qu’au bout de deux ou trois ans ; & souvent il n’en réussit pas le tiers, si on n’a pas le plus grand soin de les arroser ; il souffre assez bien la transplantation.

Le bois de cet arbre est léger quoiqu’assez dur, d’une couleur un peu jaunâtre, d’une odeur qui approche de celle du fenouil, d’un goût piquant & aromatique. On l’employe en Médecine comme incisif, apéritif, & sudorifique. Article de M. d’Aubenton, le subdélégué.

SASSAFRAS, s. m. (Mat. med.) bois étranger nommé sassafras ou lignum pavanum par J. Bauhin. C’est un bois d’un roux blanchâtre, spongieux & léger ; son écorce est spongieuse, de couleur de cendre en-dehors, & de rouille de fer en-dedans, d’un goût âcre, douçâtre, aromatique, d’une odeur pénétrante qui approche de celle du fenouil ; on nous l’apporte de la Virginie, du Brésil, & d’autres provinces d’Amérique. On choisit le sassafras qui est récent & fort odorant. Quelques-uns préferent l’écorce à cause de son odeur qui est plus pénétrante que celle du bois.

On falsifie le sassafras en y mêlant du bois d’anis, appellé lignum anisatum, vel lignum anisi dans J. B. Mais l’on peut le distinguer facilement du sassafras par son odeur de graine d’anis, par sa pesanteur, & par sa substance qui est compacte & résineuse.

On coupe le bois du sassafras d’un grand arbre qui a la hauteur & la figure d’un pain ; cet arbre est appellé sassafras arbor ex Florida, ficulneo folio par C. B. P. Laurus foliis integris & trilobis par Linn. Hort. cliff. 54. cornus mas odorata, folio trifido, margine plano, sassafras dicta par Plukn. Alm. p. 120. tab. 222. fig. 6. Catesby Hist. tom. I. p. 55. anhuiba, sive sassafras major par Pison, hist. Brésil.

Les racines de cet arbre sont tantôt grosses, tantôt menues, selon leur âge. Elles s’étendent à fleur de terre, de sorte qu’il est facile de les arracher. Cet arbre est toujours verd ; il n’a qu’un tronc nud & fort droit ; les branches s’étendent à son sommet comme celle d’un pin qu’on a ébranché ; l’écorce est épaisse, fongueuse intérieurement, un peu molle, de couleur fauve, revêtue d’une peau mince, grise, ou d’un gris cendré tirant sur le noir. Son goût & son odeur sont âcres, aromatiques, approchant du fenouil. La substance du tronc & des branches est blanche, ou d’un blanc roussâtre, quelquefois tirant sur le gris en certains endroits, moins odorante que l’écorce ; du reste elle est molle, & d’un tissu assez semblable à celui du tilleul.

Les feuilles qui sont attachées aux branches sont à trois lobes, imitant celles du figuier, découpées & partagées en trois pointes, vertes en-dessus, blanchâtres en-dessous, odorantes ; lorsqu’elles sont encore jaunes, elles sont semblables aux feuilles du poirier, & ne montrent aucunes pointes.

Les fleurs appuyées sur de longs pédicules, sont en grappes, petites, partagées en cinq quartiers ; quand elles sont passées il leur succede des baies semblables aux feuilles du laurier, & ayant la partie inférieure renfermée dans un calice rouge.

Guillaume Pison décrit encore deux autres especes d’arbres sassafras : l’une nommée par les Brésiliens anhuypitanga, a les feuilles petites, étroites, minces ; son bois est blanchâtre & jaunâtre. L’autre espece s’appelle anhuiba-miri : elle a la feuille de laurier, mais elle est plus petite ; son fruit est noir & odoriférant, lorsqu’il est mûr, d’un goût fort chaud, aussi bien que les feuilles, le bois, l’écorce, & la racine.

Le sassafras excite la transpiration, la sueur & les urines. Il incise & résout les humeurs visqueuses & épaisses ; il leve les obstructions des visceres ; il est bon pour la cachexie, les pâles couleurs, & l’hydropisie. Il éloigne les attaques de la goutte. Il tend à remédier à la paralysie & aux fluxions froides. On

l’emploie utilement dans les maladies vénériennes. On le donne en infusion depuis demi-once jusqu’à deux onces ; on l’emploie souvent dans des décoctions sudorifiques & échauffantes.

Par la chimie on retire du bois de sassafras une huile essentielle, limpide, très-pénétrante, qui sent le fenouil ; & qui va au fond de l’eau. On fait macérer dans une grande quantité d’eau ce bois rapé avec son écorce, & on distille ensuite. La dose de cette huile est depuis dix gouttes jusqu’à vingt, pour exciter la sueur. Une partie de cette huile mêlée avec deux parties d’esprit de nitre bien rectifié, fermente aussi-tôt très-violemment ; elle s’enflamme, & lorsque la flamme est éteinte, il reste une substance résineuse. (D. J.)

SASSARI ou SACER, (Géogr. mod.) ville d’Italie, dans l’île de Sardaigne, au nord-ouest, sur la riviere de Torre, à 6 lieues au nord d’Algieri, & à 7 au sud ouest de Villa Aragonèse. Elle est la résidence de l’archevêque de Torre, autrefois Turris Libissonis, qui est une place ruinée. Long. 26. 15. lat. 40. 45.

SASSEBES ou MILLENBACH, (Géog. mod.) ville fortifiée de la Transylvanie, capitale du comté de même nom, au confluent de deux petites rivieres. Long. 42. 16. lat. 46. 14. (D. J.)

SASSENAGE, (Géog. mod.) baronie de France, dans le Dauphiné, élection de Grenoble. Le nom de ce lieu est celebre par ses fromages, & par ses deux cuves qui sont dans une caverne, & dont on a fait autrefois une des merveilles du Dauphiné ; l’on a dit que les deux cuves ne se remplissoient que le seul jour des Rois, ce qui s’est trouvé faux à la vérification du fait, mais les fromages conservent encore leur renommée. (D. J.)

Sassenage, pierre de, (Hist. nat.) c’est le nom que l’on donne quelquefois à la pierre d’hirondelle. Voyez Hirondelle, pierre d’, en latin lapis chelidonius.

SASSER, v. act. (Gram.) passer au sas. Voyez Sas.

SASSES, s. f. (Marine.) ce sont des pelles creuses dont on se sert sur les bâtimens, pour puiser l’eau.

SASSO-FERRATO, (Géogr. mod.) petite ville de la marche d’Ancone, ou pour mieux dire, bourgade d’Italie, dans l’état de l’Eglise, & dans la marche d’Ancone, près de la riviere Sentino, vers les confins du duché d’Urbin ; je parle de cette bourgade, parce qu’elle a produit d’illustres savans, entre autres barthole & Perroti.

Barthole, né l’an 1310, a été l’un des plus doctes jurisconsultes de son tems. Ses écrits se ressentent de la barbarie de son siecle ; cependant ils contiennent des choses assez singulieres pour le sujet. Il mourut en 1355, âgé de 46 ans.

Perroti (Nicolo), archevêque de Siponte, dans le royaume de Naples, parut avec honneur entre les savans personnages du quinzieme siecle. Il a mis au jour un ouvrage sur la versification latine, & des commentaires sur Stace & sur Martial. Il a le premier traduit en latin les cinq premiers livres de Polybe, qui est tout ce qu’on en avoit alors. Sa traduction n’est pas toujours fidelle, & est pleine de libertés inexcusables ; mais sa latinité pourroit être avouée des siecles où l’on écrivoit le plus purement. Le cardinal Bessarion l’aima, & le choisit pour son conclaviste après la mort de Paul II. & Perroti lui fit innocemment manquer le pontificat, en refusant, par l’ignorance des usages, l’entrée de la chambre de son maître à trois cardinaux qui venoient le saluer pape. Bessarion en ayant été instruit, ne s’en émut pas davantage, & dit tranquillement à Perroti : « Par votre soin à contre-tems vous m’avez ôté la tiare, & à vous le chapeau ». Perroti mourut en 1480. Son article est dans les mémoires du pere Nicéron, t. IX. & en effet il ne devoit pas oublier ce savant homme, un des habiles grammairiens de l’Italie. (D. J.)