Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/719

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par leur habileté & par leurs alliances. Le comte de Romond reçut de l’empereur Richard son neveu, le titre de Vicaire de l’empire, avec l’investiture des duchés de Chablais & d’Aoûte. En 1218 il acquit toute la seigneurie de Vaud, & la ville de Berne se mit sous sa protection l’an 1266.

Amé de Savoie qu’on surnomma le grand à cause de sa valeur, fut créé en 1310, lui & ses successeurs, princes de l’empire par Henri VII. il fut arbitre des différens des rois de France & d’Angleterre, & mourut en 1323.

Amé VI. si connu sous le nom de comte verd, acquit la baronnie de Vaud, & une partie du Bugey & du Valromey. L’empereur Charles IV. lui céda tous les droits de l’empire sur le marquisat de Saluces. La ville de Coni se donna à lui l’an 1382, & Clément VII. lui fit présent du château de Dian. Il institua l’ordre du collier, qui a depuis été nommé l’ordre de l’Annonciade, & il établit par son testament de l’an 1383 le droit de primogéniture dans sa maison.

Amé VII. son fils, fut un des plus sages & des plus vaillans princes de son siecle. Les habitans des comtés de Nice, de Vintimiglia, de Barcelonnete, & des vallées voisines, se soumirent à lui. Il se tua d’une chute de cheval en 1391 en poursuivant un sanglier aux environs de Ripaille.

Amé VIII. obtint du comte de Genève, moyennant quarante-cinq mille francs d’or, tous les droits que les comtes de Genève avoient dans le Dauphiné, le Viennois & le Graisivaudan. L’empereur Sigismond érigea pour lui en 1416 le comté de Savoie en duché. Dans la suite ayant renoncé à ses états sans qu’on en ait pû découvrir la raison, il se retira à Ripaille, fut élu pape par le concile de Bâle, prit le nom de Félix V. consentit ensuite à sa déposition, & mourut à Genève en 1451.

Louis de Savoie son fils déclara le domaine de Savoie inaliénable, & fut reconnu par les Fribourgeois pour leur souverain.

Amé IX. eut une longue maladie qui le rendit incapable du gouvernement. Le regne de son successeur Philibert I. fut déchiré par des guerres civiles qui faillirent à ruiner la Savoie. Il mourut en 1482, âgé seulement de 17 ans. Charles I. son frere, qui lui succéda, finit sa carriere en 1489, dans la 21 année de son âge, après avoir remporté de grands avantages sur ses ennemis. Charles II. son fils mourut en 1496.

Charles III. eut un regne long, pénible & malheureux, outre que son duché devint le théâtre de la guerre entre François I. & Charles-quint. Les Bernois s’emparerent en 1536 du pays de Vaud, du pays de Gex, du Génevois & du Chablais ; mais Emmanuel Philibert, fils de Charles III. ayant remporté sur le connétable de Montmorency la célebre victoire de S. Quentin, fut rétabli dans ses états par le traité de Cateau-Cambrésis, & il épousa Marguerite de France, sœur du roi Henri II.

Charles-Emmanuel né de ce mariage, lui succéda l’an 1580. Ce fut un des plus grands princes de son tems, habile dans le cabinet, savant dans le métier de la guerre, & profond en politique. Il mourut à Savillan en 1630.

Victor-Amédée hérita des vertus de son pere, & suivit les mêmes vues pour ses intérêts. Il entra dans la ligue du cardinal de Richelieu, & mourut à Verceil en 1637 dans la 7. année de son regne.

Charles-Emmanuel II. du nom, se maintint dans une grande harmonie avec la France, & mourut l’an 1675, laissant pour successeur Victor-Amédée II. né en 1666. Ce prince épousa en 1684, Anne, fille de Philippe de France, duc d’Orléans, dont il a eu un fils Charles-Emmanuel III. aujourd’hui roi de Sardaigne, né en 1701 ; il tient le sceptre avec gloire.

Ce souverain, outre la Sardaigne & la Savoie, pos-

sede encore le Piémont, le Mont-Ferrat, la partie

occidentale du Milanois, & d’autres états. La Sardaine ne lui vaut pas grand chose ; mais le Piémont lui rapporte seul plus de quinze millions. Charles-Emmanuel disoit à ce sujet qu’il tiroit de la Savoie ce qu’il pouvoit, & du Piémont ce qu’il vouloit.

Le roi de Sardaigne, c’est aujourd’hui son nom, gouverne ses états avec une autorité absolue, & entretient en tems de paix vingt mille hommes sur pié, outre dix mille hommes de milice, dont cinq mille sont habillés, & ont un sou par jour, & cinq mille autres qui sont désignés & à qui il ne donne rien.

La justice est administrée dans trois sénats, auxquels on appelle des tribunaux inférieurs. Le premier pour la Savoie est établi à Chamberi, capitale ; le second pour le Piémont, & le troisieme pour le comté de Nice & ses dépendances. Turin a encore un conseil qui connoît en dernier ressort des affaires des pays de-là les monts.

La religion catholique étoit autrefois la seule dont l’exercice fût permis dans les états de Savoie ; mais le roi de Sardaigne qui regne aujourd’hui connoît mieux ses avantages & ses intérêts. Le pays de Savoie est rempli de montagnes presque toujours couvertes de neige & de gibier. On recueille dans quelques endroits de ce duché du blé & du vin. Il est arrosé par l’Isere, l’Arve & l’Arche.

On divise tout ce pays en six petites provinces, qui sont la Savoie, le Génevois, le Chablais, le Foucigny, la Tarentaise, & la Maurienne.

La Savoie particuliere est entre le Génevois, la Tarentaise, la Maurienne, le Dauphiné & le Bugey : elle est partagée en neuf mandemens, qui sont ceux de Chamberi, Montmélian, Rumilly, Aiguebelle, Conflans, Aix, Beauges, Pont-Beauvoisin & les Echelles. (Le chevalier de Jaucourt.)

SAVOIR VIVRE, le, (Morale.) le savoir vivre, dans notre nation, consiste à saisir les usages reçus, à avoir pour les autres toutes les manieres convenables établies par la mode, être honnête & poli dans la société ; enfin faire avec aisance, avec grace mille petits riens qui n’ont point de nom. Selon la pure morale & les idées de la droite raison, le savoir vivre ne consiste que dans les grandes & bonnes choses ; car ce mot signifie remplir les devoirs de son état, en écarter toutes les futilités, & mener dignement la vie pour laquelle on est né. (D. J.)

SAVOLAX, (Géog. mod.) province méditerranée de Suéde, dans la Finlande. Elle est bornée au nord par la Bothnie orientale, à l’orient par la Carélie de Kexholm, au midi par la Carélie finoise, & à l’occident par la Tavastie. C’est un pays inhabité & qui n’est rempli que de lacs & de forêts. (D. J.)

SAVON, s. m. (Chimie.) On sait que le savon dans ce pays-ci n’est autre chose que de l’huile d’olives unie par la cuisson au sel de la soude ; & dans les pays froids où le sel de la soude & l’huile d’olives sont fort chers, l’on substitue à la place de l’un le sel lixiviel du bois de chêne, & à la place de l’autre le suif des animaux, qui produisent un savon aussi blanc, aussi dur & aussi bon pour le blanchissage que celui qui est fait avec l’huile d’olives. Dans la composition de notre savon, il paroît qu’une livre de savon peut contenir dix onces un gros cinquante-six grains d’huile, quatre onces trois gros quarante grains de sel alkali, & une once deux gros quarante-huit grains d’eau.

Le savon est donc composé d’huile & de sel alkali, unis de façon que ces deux substances peuvent se dissoudre en même tems dans l’eau, & former un mélange homogène, où il ne paroit aucune marque de l’une ni de l’autre. Or le savon a cette propriété, c’est que mêlé intimement avec des huiles, des corps huileux, des résines, des matieres rési-