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mieux construites qui soient dans le royaume.

Savonnerie, la, (Hist. des manufact. de France.) c’est ainsi qu’on appelle la manufacture royale d’ouvrages à la Turque & façon de Perse, qui est je crois, la seule qu’il y ait en Europe pour ces sortes d’ouvrages. Elle fut établie en 1604, en faveur de Pierre du Pont, tapissier ordinaire de Louis XIII. & de Simon Lourdet, son éleve. Henri IV. les avoit logés au Louvre ; mais Louis XIII. leur donna la maison de la savonnerie. Le tapis de pié qui devoit couvrir tout le parquet de la grande galerie du Louvre, & qui consiste en quatre-vingt-douze pieces, est un des plus grands & un des premiers ouvrages de la savonnerie.

La chaine du cannevas des ouvrages de cette fabrique, est posée perpendiculairement comme aux ouvrages de haute-lisse ; mais au lieu qu’à ces derniers l’ouvrier travaille derriere le beau côté, à la savonnerie au contraire, le beau côté est en face de l’ouvrier, comme dans les ouvrages de basse-lisse. (D. J.)

SAVONNETTE, s. f. (Comm. de Parfumeur.) boule de savon très-épuré & parfumé de différentes odeurs, qui sert principalement à faire la barbe. Les savonnettes sont de différens prix suivant leurs grosseurs, leurs qualités & leurs parfums.

Elles se font ordinairement avec du savon de Marseille ou de Toulon, de la meilleure sorte, & de la poudre à cheveux très-fine ; la proportion de ces matieres est de trois livres de poudre, sur cinq livres de savon. Le savon se hache en morceaux bien menas, & après qu’on l’a fait fondre seul dans un chauderon sur le feu, en y ajoutant un demi-septier d’eau pour empêcher qu’il ne brûle ; on y met d’abord les deux tiers de la poudre, prenant soin de bien mêler le tout, & de le remuer souvent pour qu’il ne s’attache point au chauderon.

Après que ce mélange est achevé, & que la matiere a été réduite en consistance de pâte, on la renverse sur une planche, où après y avoir mis l’autre tiers de la poudre, on la pêtrit long-tems & exactement de la maniere que les Boulangers ont coutume de pêtrir leur pâte. En cet état, on la tourne dans les mains, & l’on donne une forme ronde aux savonnettes, en les applatissant néanmoins un peu d’un côté pour y mettre la marque du marchand, qui s’imprime ordinairement avec une espece de poinçon de buis gravé en creux.

Il faut observer que pour bien tourner les savonnettes, il faut avoir près de soi de la poudre à cheveux la plus fine, pour y tremper de tems en tems les mains, crainte que cette pâte qui est très-tenace, ne s’y attache.

Ceux qui y veulent mêler des parfums, répandent quelques gouttes d’essences sur la pâte quand on est près de lui donner sa derniere façon. (D. J.)

SAVONNEUSE, pierre, (Hist. nat.) lapis saponaceus ; nom donné par quelques auteurs à la pierre de lard, parce qu’elle est douce au toucher comme du savon.

On appelle aussi terre savonneuse, une terre argilleuse très-fine, & douce au toucher comme la terre cimolée, ou comme celle que les Chinois appellent hoatché. Voyez ces articles.

On appelle encore terre savonneuse, une terre qui se trouve dans le voisinage de Smirne, & qui étant très-chargée de sel alkali naturel, sert à faire du savon. Voyez Smirne, terre de.

SAVONNIER, s. m. (Hist. nat Bot.) sapindus ; genre de plante à fleur en rose, composée le plus souvent de quatre pétales ; le pistil sort du calice qui est aussi composé de quatre feuilles, & il devient dans la suite un fruit sphérique, qui renferme un noyau de la même forme que le fruit, & dans lequel on trouve une amande sphérique aussi. Tournefort, I. R. H. App. Voyez Plante.

Les Botanistes le nomment sapindus, comme qui diroit sapo-Indus. On a déjà caractérisé, & trop tôt, cet arbre étranger des îles Antilles, & de la terre-ferme d’Amérique, sous le nom d’arbre à savonnettes ; il vaut la peine qu’on le décrive ici.

Son fruit qui est de la grosseur d’une noix verte, étant écrasé & passé sur le linge, y produit le même effet que le savon ; il fait une mousse blanche & épaisse, qui décrasse à merveille ; mais en nettoyant le linge, il l’use beaucoup & le brûle ; il est vrai que c’est sur-tout à décrasser les hardes des negres qu’on l’emploie.

Les feuilles du savonnier sont pour l’ordinaire longues de trois pouces, larges d’un pouce, vertes, brunes & luisantes ; elles sont placées deux à deux, dures & recourbées, de maniere à laisser un petit creux dans le milieu. Comme elles sont en grande quantité, & pressées le long des branches, elles procurent un ombrage frais.

Les fleurs naissent par bouquets, longs de plus d’un pié, s’élevant en pointe comme une pyramide. On remarque d’abord de petits boutons blanchâtres, qui venant à éclore, forment une fleur composée de quatre pétales, & soutenue par un calice fendu en quatre quartiers. A ces fleurs succedent des fruits ronds, de la grosseur des noix de gale, verds, revêtus de leur coque. La peau de l’enveloppe est assez lisse & forte ; elle est verte au commencement, jaunit ensuite, & brunit enfin quand le fruit est tout à fait mûr. Elle renferme une masse épaisse, mollasse, visqueuse, fort amere ; c’est une matiere qui décrasse les hardes & le linge, ce qui a valu le nom de savonnier à l’arbre qui la porte.

Le milieu de cette noix est occupé par un noyau presque rond, noir, rempli d’une substance blanche, ferme, & d’un goût approchant de celui des noisettes. On en tire de l’huile qui éclaire parfaitement bien.

Cet arbre est un des meilleurs qui croissent aux îles. Il est droit, rond, ayant près d’un pié de diametre, & quinze piés de tige ; son écorce est grise, mince, seche, & très-peu adhérente ; l’aubier est rougeâtre, pesant, compacte & fort dur. Il faut de bonnes haches pour l’abattre ; car par sa dureté il rompt aisément le fil du taillant ; & pour peu qu’on donne un coup à faux, on met la hache en deux pieces. On s’en sert à faire des rouleaux de moulins & des moyeux de roues. Il est difficile de trouver un meilleur bois pour cet usage, & quand les mortaises sont bien faites, un moyeu peut user deux ou trois rechanges de raies & de jantes. (D. J.)

SAVONNOIR, s. m. instrument de Cartier, c’est un outil composé de plusieurs feuilles de feutre, couchées les unes sur les autres, & cousues ensemble bien serré ; ces feutres sont coupés bien également en dessous, & ont en-dessus une manivelle ou courroie dans laquelle les ouvriers passent la main pour s’en servir. Voici comment on se sert du savonnoir. L’ouvrier passe le savonnoir par son plat sur la bille de savon, & le frotte dessus ; après quoi il frotte avec ce savonnoir la feuille de cartes qu’on veut lisser.

SAVOURER, v. act. (Gramm.) c’est goûter avec grand plaisir dans les organes de cette sensation. Je savoure la douceur de ce mets. Il se dit au figuré ; cet homme est heureusement né, la peine l’affecte peu, il savoure le plaisir.

SAVOUREUX, adj. (Gramm.) il se dit de tout corps qui a beaucoup de saveur.

SAVOYE, (Géog. mod.) Voyez Savoie.

SAUPE, s. f. (Hist. nat. Ichthiolog.) salpa ; poisson de mer qui est couvert d’écailles, & qui ressemble au bogue ; il a un pié de longueur. La tête est petite, & le museau a quelque ressemblance avec celui des muges. Il a sur les côtés du corps des traits de couleur