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quent les ruines de Scardona près de la Scardonius, à la droite de l’embouchure du fleuve Titius, au lieu que Ptolomée place cette ville à la gauche de ce fleuve, nommé aujourd’hui Kerca.

Casimit Freschot, dans ses mémoires géographiques, dit en parlant de Scardona, pag. 289 : le ruine delle sue antiche forticazioni, e citadella si vedono poco longhi del lago, chiamato da Latini Scardonio ; in volgare Proclian, e a destra del fiume Kerca, ch’é l’anticho Titio, quale col suo corso mette li confini all’antica Liburnia e Dalmazia. Il faut donc dire, ou que la ville Scardona n’a pas toujours été à la gauche du Titius, ou qu’il y a une transposition dans Ptolomée, qui devoit placer Scardona avant l’embouchure du Titius.

On voit que la ville Scardona étoit considérable, puisqu’on l’avoit choisie pour le lieu de l’assemblée générale de la province, & qu’elle se trouvoit le siége de la justice pour les Japydes & pour quatorze villes de la Liburnie ; ce qu’on appelloit conventus Scardonitanus. Cette ville, selon Pline, l. III. c. xxij. étoit à douze mille pas de la mer, sur le bord du Titius, in amne eo (Titio).

Aujourd’hui Scardona n’est remarquable que par son siége épiscopal, sous la métropole de Spalatro. Cet évêché y fut transféré de Belgrade sur la mer en 1120 ; elle a été cependant ci-devant une place de force, & très-considérable. En 1322, durant les troubles de Hongrie, les habitans de Scardona s’étant ligués avec ceux d’Almissa, pour exercer la piraterie, diverses autres villes qui souffroient de ces pirateries, s’unirent avec les Vénitiens pour les arrêter ; & comme la partie ne se trouva pas égale, la ville de Scardona fut saccagée dans cette occasion.

En 1411 les Vénitiens acquirent Scardona du roi de Bosnie, qui la leur remit avec Ostrovizza pour cinq mille écus d’or, & ils la garderent jusqu’à l’arrivée des Turcs, qui la prirent en 1522. Mais bientôt après les Vénitiens la reprirent d’assaut, & la démantelerent en 1539. Les Turcs s’y étant établis depuis, en furent encore chassés par les Vénitiens, qui la réunirent à leur domaine en 1684. (D. J.)

Scardona, (Géogr. mod.) même nom des anciens ; ville ruinée de la Dalmatie vénitienne, à sept milles au nord-ouest de Sebenico, dans une presqu’île formée par une petite riviere. Les Vénitiens acquirent cette ville en 1411, du roi de Bosnie. Les Turcs la leur enleverent en 1522 ; mais elle est restée toute démantelée depuis l’an 1684, à la république de Venise, qui y entretient une garnison. Son évêché est suffragant de Spalatro. Long. 33. 50. lat. 44. 20. (D. J.)

SCARDUS Mons, (Géogr. anc.) Strabon, Excerpt. cx l. VII. c. xvij. & Ptolomée, l. II. c. xvij. donnent le nom de Scardus à la derniere des montagnes qui séparoient l’Illyrie de la Dalmatie & de la Maesie ; mais Tite-Live, l. XLIII. c. xx. écrit Scordus au lieu de Scardus. (D. J.)

SCARE, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) scarus ; Rondelet a décrit deux especes de scare ; ce sont des poissons de mer qui vivent sur les rochers. On a donné le nom de cantheno à la premiere espece dans certains pays, & dans d’autres celui de sargo ; mais mal-à-propos, parce qu’il y a deux autres poissons connus sous ces noms. La seconde espece a été décrite dans cet ouvrage sous le nom d’aiol. Voyez Aiol.

Le scare a de grandes écailles minces, & d’un bleu noirâtre ; il ressemble au sargo par la forme du corps, par les aiguillons, par le nombre & la position des nageoires. Voyez Sargo. Mais il en differe en ce qu’il n’a point de tache noire sur la queue, ni de traits de cette même couleur qui s’étendent sur les côtés du corps depuis le dos jusqu’au ventre. Le scare a les dents larges & plusieurs protubérances aux machoires, qui sont dures comme des os ; la nageoire de la

queue est large, & se divise en deux parties ; les yeux sont noirs, & l’espace qui est au-dessus est bleu ; le ventre a une couleur blanche. Ce poisson se nourrit d’herbes, & principalement d’algue ; sa chair est légere, & très-bonne à manger ; ses boyaux ont une odeur de violette. Rondelet, hist. nat. des poissons, I. part. liv. VI. c. xj. Voyez Poisson.

SCARIFICATEUR, s. m. instrument de Chirurgie qui sert à scarifier. Voyez Scarification.

Le scarificateur est une espece de boîte dans laquelle sont douze, quinze, ou dix-huit lancettes, qu’on bande avec un ressort, & qui se débandent avec un autre, & font toutes à la fois leur incision dans la peau. Jusqu’à l’invention de cette espece de scarificateur, qui est moderne, on se servoit au lieu de lancettes, de petites roues tranchantes.

L’usage du scarificateur est d’évacuer le sang & les autres humeurs qui séjournent sous la peau, en y faisant un grand nombre d’ouvertures, lesquelles étant faites toutes à la fois, causent une douleur bien plus supportable que s’il falloit les souffrir l’une après l’autre.

Cet instrument n’est en usage qu’après l’application des ventouses. Voyez Ventouse. On peut se servir d’une lancette ordinaire avec autant d’avantage, parce que la stupeur qu’occasionne à la peau l’application des ventouses, permet qu’on fasse les scarifications sans presque causer de douleur. La fig. 13. Pl. XXVI. représente l’extérieur de cette machine ; l’intérieur est trop composé pour être représenté sans y employer beaucoup de figures & une longue description, ce qui est assez hors d’œuvre pour un instrument aussi peu utile que celui-là. Il suffit de dire que la queue des lancettes est mousse, & qu’elles tiennent à trois traverses paralleles, & qu’elles sont garnies chacunes à leur extrémité d’un pignon dont les dents s’engagent dans une roue dentée. Chaque traverse est mobile, & tourne en pivot sur son axe par le moyen de cette roue, qui se bande comme la noix d’une platine à fusil, & se débande par un autre. Cette roue en se débandant fait agir les traverses & les lancettes, & les fait mouvoir très-rapidement de droite à gauche sur la peau. Cette machine a un surtout avec des fentes par lesquelles passent les lancettes ; ce surtout s’éloigne ou s’approche à volonté, de l’axe de l’instrument par une vis ; par ce moyen les lancettes incisent plus ou moins profondément, selon qu’on le désire. Cet instrument vient d’Allemagne. Il differe peu du scarificateur représenté dans Ambroise Paré, l. XII. c. v. Cet auteur en recommande l’usage pour prévenir la gangrene, qui peut suivre les contusions ; au lieu de lancettes il a trois rangs de roues tranchantes ; ce qui revient au même quant à l’effet. Heister loue beaucoup le scarificateur allemand ; seroit-ce parce que M. de Garangeot l’a desapprouvé ? (Y)

SCARIFICATION, s. f. opération de Chirurgie par laquelle on fait plusieurs incisions à la peau avec une lancette, ou avec un instrument propre à cet usage. Voyez Scarificateur.

Saumaise voudroit qu’on écrivît scarisation, & non pas scarification, parce que ce mot est dérivé du grec σκάριφος. Voyez ses notes sur Solimus, pag. 519, où il corrige Pline à ce sujet. Lib. XVII. Le P. Hardouin tient pour scarification, quoiqu’il convienne que les manuscrits portent scariphatio. Mais il ajoute que Théodore Priscien écrit scarification.

La scarification est d’usage principalement dans l’opération des ventouses ; son effet est d’évacuer le sang. Voyez Ventouse.

La méthode de scarifier dans ce cas est de faire trois rangs d’incisions ; celui du milieu en aura six, & les deux autres chacun cinq. On doit commencer par le rang d’en bas, pour n’être point incommodé par le sang, lors qu’on scarifiera supérieurement. Les